Shackleton Base: A Journey to the Moon
Auteur(s): Fabio Lopiano, Nestore Mangone
Illustrateur(s): David Sitbon
Editeur(s): Sorry we are french
Mécanisme(s): Choix d'action, Placement d'ouvriers
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SwatSh : 9,5/10
Ils se sont fait la main en mettant magistralement au goût du jour les somptueux Iki (Vin d’jeu d’coup d’cœur 2022) et Zhanguo The First Empire, avec Shackleton Base A Journey to the Moon, Sorry We Are French démontre tout son savoir faire en délivrant un jeu expert incroyable. Il faut dire aussi qu’il a été réalisé par deux maitres du genre : Fabio Lopiano qui a réalisé Merv (nominé au Vin d’jeu d’l’année 2021) et Nestore Mangone, co-auteur des mythiques Darwin’s Journey (Vin d’jeu d’l’année 2023) et Newton (Vin d’jeu d’coup d’cœur 2019). Et ils n’en sont pas à leur première collaboration, puisque, ensemble, ils ont déjà réalisé le très chouette Autobahn.
Un jeu asymétrique
Après la révolution Root, Shackleton Base marque un nouveau tournant dans l’asymétrie. Ici, l’asymétrie ne se fait pas uniquement au niveau des joueurs, mais également au niveau du jeu !!! Le jeu comprend 7 modules et une partie se joue avec 3 d’entre eux. Chacun propose des actions différentes que les joueurs pourront réaliser. Chaque module a ses propres ressources qui seront disponibles sur la carte centrale. A l’aide de ces ressources, vous allez pouvoir réaliser les actions de chacun de ces modules qui vous proposeront généralement d’actionner ou d’acquérir des tuiles vous apportant PVs, bonus immédiats ou, plus rarement, revenus réguliers. C’est hyper bien fait même si j’aurais aimé plus d’imbrication entre ces modules. Dommage, par exemple, que les ressources de l’un ne puissent pas servir à un autre ou qu’un effet sur l’un n’ait pas une incidence sur un autre,… mais j’avoue que ça aurait été encore plus difficile à réaliser conceptuellement parlant.
Des cartes asymétriques
A chaque module est associé un paquet de cartes que les joueuses pourront acquérir. Ces cartes apporteront des pouvoirs asymétriques aux joueuses sous forme de capacités permanentes, de cartes à actionner ou de PVs à gagner. C’est là où Shackleton Base est très amusant car les joueuses n’auront pas les moyens d’en acquérir beaucoup (environ 5 par partie). Elles vont devoir donc optimiser les bénéfices apportés par chacune de ces cartes et par leurs pouvoirs asymétriques de départ.
Des actions asymétriques
Le système d’action est assez bien fait également. Au début de chacune des 3 manches, les joueurs vont drafter 1 tuile ordre du tour qui vont leur apporter quelques ressources ainsi que leurs 6 ouvriers pour le tour. Ces 6 ouvriers serviront pour réaliser leurs 6 actions de la manche. Ils peuvent être de 3 couleurs différentes et peuvent servir à réaliser une des 2 catégories principales d’action. La première consiste à placer un ouvrier autour du plateau central et, en fonction de sa couleur et des éléments construits sur la ligne où on le place, le joueur récupérera un certain type de ressources. A noter que l’interaction est assez bien présente ici puisque le joueur devra payer le joueur majoritaire en construction de chaque zone qu’il utilise sans y être présent. De plus, à la fin de chaque manche, les joueurs vont récupérer les ouvriers placés sur les lignes où ils ont réussi à construire plus que leurs adversaires.
La seconde catégorie d’action consiste à activer les modules de la partie, construire des structures sur le cratère de Shackleton (situé au pole sud de la lune) ou acquérir des cartes des différents modules. Ici, la couleur de l’ouvrier va permettre de recevoir un petit bonus sur on le place sur le type d’action qui lui correspond sans l’empêcher de réaliser l’action s’il ne correspond pas. Heureusement que le jeu propose un peu de souplesse au niveau des couleurs car autrement, les joueurs pourraient être trop souvent bloqués. Mais une bonne gestion des couleurs est primordiale sous peine de se retrouver avec des ouvriers de couleur ne permettant pas de réaliser l’action désirée autour du cratère de Shackleton. Ce système d’action, sans être révolutionnaire, tourne très bien et ses choix ne sont pas évidents car la couleur des ouvriers est très importante et elle pèsera dans le choix de la tuile ordre du tour.
Matériel
A l’exception de quelques éléments en bois du plus bel effet, la majorité du matériel est en carton et c’est un peu dommage. On aurait aimé pouvoir construire des structures en bois ou manipuler des ressources en bois. C’est dommage mais l’avantage est qu’on a un jeu à moins de 70 Eur. Espérons que le succès du jeu encourage Sorry We Are French à sortir une extension deluxe 😊
Base lunaire
Même si on aurait préféré voir plus d’imbrication entre les modules proposés, Shackleton Base A Journey to the Moon est une grande réussite. C’est le premier jeu à proposer autant d’asymétrie dans le jeu lui-même permettant de jouer à de nombreux jeux différents au sein d’un même jeu. Et chacun de ses 7 modules propose quelque chose de différent et d’intéressant à jouer. Et même sans cette modularité extraordinaire, le jeu tient très bien la route en proposant une asymétrie de départ ainsi que de nombreuses cartes capacité à acquérir et un module de draft d’action offrant pas mal de choix difficiles. L’interaction est bien présente grâce à la lutte des majorités sur la carte et à la course aux emplacements d’action. Shackleton Base propose autant d’axes stratégiques qu’il y a de modules sans négliger les possibles mixages de stratégies différentes.
Chaps: 8,5/10
Ah de la SF construire une base dans un cratère lunaire ! Et exploiter commercialement la lune. Bon il faut avouer que malheureusement le thème de construction de base n’est pas très présent. Pour moi un marqueur classique c’est quand je ne parle pas d’ingénieur, de technicien ou de scientifiques mais de jaune rouge ou bleu, je ne parle pas de dôme, d’atelier, de laboratoire mais que je regarde juste les effets mécaniques de construction des différentes tuiles . Cela vient naturellement parce que l’on n’est pas dans le thème, mais purement dans la mécanique. Bon ceci dit toujours pour parler du thème là où on le ressent tout de même c’est sur les entreprises, les « corporation ». Envoyer des touristes au musée pour gagner de l’argent par exemple ça fait sens.
Mais bon il ne faut pas s’arrêter là. Nous sommes dans un vrai euroGame qui marche très bien. N’ayant plus beaucoup de place aujourd’hui je garde très peu de jeux que j’essaie et je vais garder schakleton base.
Le Jeu a beaucoup de qualités. Il y a une forte interaction. Méfiez-vous. Vous pourrez vous faire piquer pas mal de choses, les majorités sur les lignes pour récupérer les astronautes en fin de manche, les cartes que vous convoitez… Ceci est une bonne chose, on ne joue pas dans son coin.
Ensuite Les corpo sont une excellente idée. Elles sont nombreuses, on ne joue qu’avec trois à chaque partie bien différentes et thématiques ! Renouvellement assuré et possibilités stratégiques variées. J’avais une inquiétude c’était de devoir retenir le fonctionnement de chaque corpo différente ce qui aurait pu être un peu lourd. Mais pas du tout, car elles ne sont pas complexes à comprendre et on les a parfaitement en tête. Je pense que l’on peut rester sur une seule corpo pour les actions, mais comme on ne réalise qu’un seul objectif par corpo il faudra faire un minimum les autres, au moins une autre, mais en surveillant les autres joueurs.
Oui on ne joue pas du tout dans son coin, il faut viser les objectifs de corpo que l’on va pouvoir faire. Voir quel autre joueur est en avance sur nous, à priori quel objectif il va viser, voire en choisir un moins rémunérateur parce-que l’on voit que l’on perd la course pour un objectif meilleur. L’interaction est vraiment présente.
Dans ma partie j’ai surtout utilisé les actions de la corpo Mining, des contrats. J’ai fini deuxième le premier a beaucoup joué les cartes et les touristes, mais les deux stratégies très différentes étaient valables. J’ai simplement pas assez optimisé cette corpo, surtout pas assez joué avec les cartes. Donc le chemin vers la victoire n’est pas tracé, à chacun de le choisir et de tenir compte des actions des autres et de l’ordre du tour. Que du bon.
Donc pour moi au bilan c’est une très bonne pioche, la mécanique des Meeple astronautes de différentes couleurs qui jouent à tous les niveaux sur toutes les actions sur notre plateau personnel et sur le plateau principal, les nombreuses manières de faire des points, de se développer des bonus, la possibilité si on s’y prend bien d’avoir des tours très efficaces, où l’on fait plein de choses, surtout en jouant avec les cartes et donc bien évidemment comme je le disais, les corpo qui sont une excellente idée qui apporte du thème, de la variabilité, qui ouvre les possibilités et vu leur nombre la rejouabilité est assurée.
Je n’ai pas très bien joué, mais j’ai fini tout de même deuxième car le Jeu offre justement beaucoup de possibilité. Comme je n’ai pas été vigilant et qu’il y a une forte interaction j’ai pâti du jeu d’un autre joueur à ma gauche. Mais cela ne m’a pas empêché de réadapter ma stratégie pour continuer à être dans la course. Cela reflète la qualité du jeu.
Enfin au final on a joué assez lentement, beaucoup réfléchi, étant donné les possibilités que l’on a à chaque fois, et l’optimisation qu’il faut faire, mais à quatre joueurs la partie a duré environ trois heures, tout à fait raisonnable.
J’aurais pu mettre une meilleure note, mais sorti des corpo je n’ai pas la sensation de faire une base lunaire comme dans On Mars par exemple donc j’ai manqué d’ambiance. Néanmoins, j’ai tout à fait hâte d’y rejouer, même avec les mêmes corpo, afin de beaucoup plus optimiser ma partie étant donné les possibilités offertes.
Clem: 8/10
J’attendais avec impatience de pouvoir tester ce titre prometteur affichant un thème très en vogue mais que j’affectionne particulièrement, la conquête spatiale avec des jeux phares comme On Mars, Terraforming mars ou encore Pulsar 2849.
Malheureusement, après ma première partie de Shackleton Base, ce qui m’a le plus frappé et le plus déçu, c’est la très faible présence du thème… A aucun moment je n’ai eu l’impression de jouer le rôle d’un dirigeant d’une firme voulant s’implanter sur la lune. Ce sentiment a été renforcé par le plateau principal, que je n’ai pas trop aimé, et qui se résume à des cases hexagonales en lignes dans lesquels il va falloir avoir la majorité en plaçant des tuiles censées représenter des habitats lunaires. J’ai trouvé cela très abstrait…
Les mécaniques de jeu fonctionnent bien mais ne sont pas révolutionnaires, c’est du classique! On sait dès le début que l’on va faire 18 actions (6 actions x 3 manches) dans la partie. Cependant comme souvent on a possibilité de grosses combo à l’aide d’actions bonus. Ainsi quand on ne peut faire que l’action de base choisie on à l’impression d’avoir un peu raté son tour tellement certains tours peuvent être très prolifiques. Après, comme souvent avec ces auteurs, le jeu peut être punitif et on se rend vite compte que la partie ne peut plus être remportée. La fin de partie est alors un peu longue et frustrante avec des actions qui peuvent sembler contraintes. En revanche, quand on enchaîne les tours prolifiques, le jeu est très plaisant et grisant.
Shackleton Base propose une bonne interaction avec les majorités à obtenir sur les lignes du plateau central, ainsi que le choix des cartes et des objectifs de chaque module complémentaire dont 3 sont choisis en début de partie.
Le temps de jeu est également raisonnable pour ce genre d’euro (3h à 4 joueurs pour 1 première partie) et même si on cherche toujours à optimiser ses actions, car c’est uniquement de cette manière que l’on peut exister et espérer gagner, l’analysis paralysis reste modéré… Il y a seulement 3 actions possibles, dont 2 principales, qui contribuent à cette relative fluidité.
La rejouabilité est évidemment boostée par le nombre important de modules complémentaires différents dont 3 sont choisis à chaque partie. C’est la grande originalité de Shackelton Base.
Malgré cela, comme vous l’avez sans doute compris, Shackleton ne m’a pas complètement séduit… Pas de coup de coeur de mon côté. La magie n’a pas opéré avec moi. J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans le jeu et le fait d’un thème plaqué, relativement absent pendant la partie a certainement contribué à cela. Il n’en reste pas moins que c’est un euro de bonne facture qui j’en suis sûr saura trouver son public et faire parler de lui dans les différents festivals et prix ludiques.
Vin d’jeu d’vidéo
L’explication des règles dégustées par Chaps
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