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It’s a Wonderful World

SwatSh: 7,5/10

Après Outlive et Neta Tanka, La Boite de Jeu monte tout doucement en puissance en proposant des jeux de qualité croissante. It’s a Wonderful World se situe bien dans cette courbe de croissance.

Et ça tombe bien car le jeu propose, lui aussi, une belle courbe de croissance. A l’image d’un Splendor ou d’un Century, Its a Wonderful World est un jeu de gestion de ressources proposant une construction de moteur intéressante.

Le jeu se joue en 4 tours et chaque tour commence par une phase de draft classique où les joueuses vont progressivement choisir 7 cartes pour ensuite décider lesquelles elles gardent (et posent en zone de construction) et lesquelles elles défaussent. Les cartes défaussées vont néanmoins apporter une ressource et ce sera ce jeu subtil entre cartes défaussées et cartes gardées qui va faire une bonne partie du sel du jeu.

En effet, suite à cette phase de draft a lieu la phase de production. Chaque carte construite va produire des ressources que vous allez pouvoir placer sur les cartes en zone de construction qui une fois complétées pourront, à leur tour, produire d’autres ressources. Les cartes défaussées vont donc apporter plus rapidement des ressources pour vos cartes à construire qui pourront alors être construites plus rapidement et produire plus tôt. De plus, un peu comme dans Century (décidément), les ressources sont un peu classées par « valeur ». Certaines ressources vont être produites avant d’autres et pourront aider à construire des cartes qui produiront les ressources non encore produite ce tour. Il vous faudra bien gérer ce timing et c’est assez délicieux.

L’intérieur de la boite est magnifique

Le reste du jeu est plus classique avec des cartes qui vont vous donner des PVs supplémentaires en fonction de certaines conditions et des départs asymétriques qui vont bien guider vos choix stratégiques (si vous avez des PVs bonus en fonction du nombre de cartes bleues que vous contruisez, vous allez construire des cartes bleues 😉 ). Outre sa froideur et sa faible interactivité, c’est le plus grand reproche que je ferais à It’s a Wonderful World: ce côté trop dirigiste des cartes qui vont vous limiter à une stratégie bien précise. Le reste du jeu est très sympa surtout lors des choix des cartes à garder et à défausser afin d’optimiser le jeu des enchainements de production et construction en fonction du rythme imposé par le timing de production des ressources. La boite Deluxe comprend également un mode campagne legacy (sans destruction) qui donne tout le sel au jeu. Avec les extensions legacy, c’est sûr, It’s a Wonderful World 🙂


Ren
Ren: 9,5/10

Blasé jamais tu ne seras !

Nous vivons dans un monde merveilleux. Comme déjà écrit précédemment, nous vivons un âge d’or du monde du jeu de société. Nous nous prélassons dans une abondance de bonheurs ludiques, et la qualité moyenne des sorties d’aujourd’hui n’a jamais été aussi élevée. Et parfois cette abondance (orgie devrais-je dire) nous rend un peu blasés, nous rend plus exigeants, ou plus indifférents face à un excellent jeu, alors qu’on attend un jeu extraordinairement génial à chaque sortie. Et du coup on se dit « mouais pas mal » alors qu’il y a 5 ans on se serait dit : « Waouuuuuuw miaaaaaaaaaaaaam !!! ». C’est un peu l’histoire de l’édition d’Essen 2019, où on pense qu’il n’y a pas 10 bombes de la mort qui tue qui sont sorties. Et un très bon exemple nous est fourni aujourd’hui avec It’s a Wonderful World.

The pitch

Dans IaWW chaque joueuse va développer sa civilisation le mieux possible pour scorer le maximum de points de victoire à la fin. Mais point de 4x ici. Nous sommes plutôt en présence d’un deckbuilding mâtiné de draft avec un soupçon d’optimisation de sa main, le tout agrémenté d’une bonne dose de gestion de timing, et d’un zeste de combo. Le jeu se joue en 4 tours, et il y a 3 phases dans chaque tour. Voyons ça plus en détail.

Phase de draft

Au début de chaque tour chaque joueuse va recevoir 7 cartes (10 à 2, ce qui permet au passage de signaler que le jeu tourne nickel à 2, ce qui est très appréciable). Les cartes représentent les différents développements qu’on va pouvoir construire pour développer sa civilisation: des bâtiments, des véhicules, des technologies, des projets ou des découvertes… bref rien que du très classique jusqu’ici. A chaque main chaque joueuse va choisir une carte, puis passer le paquet à sa voisine. Ensuite toutes les joueuses révèlent leur carte en même temps, et la posent dans leur zone de draft. On répète cela 7 fois.

Phase de planification

Une fois les 7 cartes draftées, chaque joueuse va décider pour chaque carte de la placer soit dans sa zone de construction, soit de la défausser. Si elle la place dans sa zone de construction cela signifie évidemment qu’elle a l’intention de la… construire (très bien, il y a un qui suit là-bas au fond). Si elle la défausse elle recevra un bonus de recyclage. Ce bonus sera une des 5 matières premières qu’on pourra produire dans le jeu (chaque carte indique quelle matière précisément). Ce bonus doit être immédiatement placé soit sur une des cartes en construction, soit sur sa carte empire (carte de civilisation de départ). On ne peut jamais stocker une matière première pour plus tard.

Phase de production

Ensuite on va passer à la phase de production. Chaque carte construite dans sa civilisation va produire des matières (en tout cas celles qui génèrent des matières, certaines ne génèrent que des points de victoire). Au départ seule sa carte civilisation génèrera des matières. Mais au fur et à mesure des tours vous allez évidemment construire de nouveaux développements, et augmenter ainsi votre production. Toute l’astuce de cette phase étant que les matières sont produites dans un ordre donné, une par une. C’est-à-dire qu’on produit d’abord les matériaux, puis l’énergie, puis… Or dès qu’une carte est construite elle est immédiatement ajoutée à votre civilisation. Donc si après la première phase de production vous terminez une carte, et que cette carte vous permet de produire de l’énergie, et bien hop durant la 2ème phase de production juste après vous produirez de l’énergie. Et ceci vaut même avant la toute première phase de production du premier tour, puisque vous avez pu défausser des cartes lors de la phase de planification, et ainsi éventuellement terminer une carte. Cette gestion du timing est tout à fait délicieuse! A noter en passant que certaines cartes donnent un bonus immédiat et unique: soit 1 ou 2 Krystalliums, qui est une ressource joker qui peut remplacer n’importe quelle ressource, mais qui est aussi requise pour construire certaines cartes (le Krystallium peut aussi être produit en échangeant 5 ressources qu’on a placées sur sa carte empire). Soit 1 ou 2 jetons de générale ou de financier – voir juste ci-dessous pour ces 2 concepts.

Après chaque phase de production on va regarder si une joueuse produit le plus de cette matière. Le cas échéant elle recevra un bonus de majorité, i.e. soit un financier, soit une générale (représentés par des jetons). Ils vaudront 1 point de victoire à la fin de la partie, voire plus dans certains cas. A noter qu’en cas d’égalité entre 2 (ou plus) joueuses aucun jeton n’est attribué.

Keep it simple pardi!!!

Et? Et c’est tout! Ou à peu près. A la fin des 4 tours on va regarder celle qui a le plus de points pour désigner celle qui aura le mieux développé son empire. On marque des points via les points directs sur certaines cartes, les points conditionnels (e.g. x points pour chaque carte de tel type dans son empire) et les jetons générales et financiers (1 par jeton, plus éventuellement X par jeton de tel type, sur certaines cartes).

C’est tout? Mais oui c’est tout, et c’est top! Le jeu s’explique en moins de 15 minutes, il se comprend tout de suite, mais il demande quelques parties avant d’être « maitrisé ». Il est hyper fluide, les parties sont courtes (avec peu d’influence en fonction du nombre de joueuses puisque tout le monde joue en même temps), très tendues puisque vous avez peu de temps pour développer votre empire, et la moindre erreur de timing vous plombera irrémédiablement pour le reste de la partie.

Cerise sur le gateau, vous avez 5 cartes empire de départ différentes, avec 4 faces. « Purée ça c’est de l’innovation, une carte avec 4 faces! ». Non en fait vous avez 2 exemplaires de chaque empire, avec les faces a, b, c et d. Et si la face a (recommandée aux débutants) génère des points de victoire à la fin en fonction de certaines conditions, ce qui va clairement orienter votre jeu, les autres faces ne génèrent aucun point de victoire, ce qui garantit donc une ouverture totale au niveau de chaque partie, en fonction des cartes draftées et de l’évolution de votre empire. Et certaines faces sont asymétriques, miam.

Cerise sur la cerise, avec l’extension Heritage vous allez pouvoir jouer à 2 campagnes legacy (sans destruction de matériel, donc complètement rejouables si vous le souhaitez!!!). Elles consistent en 5 parties, qui vont ajouter des cartes, des objectifs communs… avec chaque partie qui aura une influence sur le reste de la campagne. Cela devrait donc donner une rejouabilité plus qu’appréciable!

Blasé jamais tu ne seras!

Je n’ai pas encore testé ces 2 campagnes (vous devinez que ça ne va pas tarder…), mais le jeu de base me suffit amplement pour avoir un énorme coup de cœur pour It’s a Wonderful World. Alors non bien sûr vous n’allez pas vous extasier devant le mécanisme ludique révolutionnaire que personne n’a jamais vu. Tout est « connu », classique. Et vous n’allez pas non plus être submergé par l’interaction avec vos camarades de jeu (bien qu’il faille quand même regarder ce que les autres font, pour rappel c’est du draft…) Mais par contre vous allez avoir un jeu expliqué en 15 minutes, qui dure moins d’1 heure, qui donne du grain à moudre aux gamers, qui mélange 7W (draft, 4 tours – ok normalement c’est 3 😉 -, construction de civilisation), un zeste de RFTG (recyclage des cartes) et un thème sympa (même si on ne sent pas immergé dans son empire, soyons clairs…), qui a un matos impeccable et des extensions alléchantes qui vont varier les parties, qui tourne comme une horloge et qui est « une évidence » dès la première partie (en tout cas pour moi). En bref un carton dans la catégorie poids moyens. Qu’est-ce qu’il vous faut de plus pour être heureux? Moi, rien!


Tapimoket : 8.5/10

Je ne vais pas décrire le jeu puisque tout est déjà expliqué ci-dessus, mais je vais me focaliser directement sur mes impressions. Et comme d’habitude, il s’agit d’un avis strictement personnel.

Pour commencer, parlons du matériel. Une belle boite bien solide avec les compartiments, un intérieur illustré et, petit détail, des jetons financiers et généraux en blackboard (tranche noire) qui ajoutent cette petite touche de qualité pour durer face aux manipulations. Je regrette quand même qu’il manque des petits bols pour y mettre les ressources comme dans Century en version non KS,  Quel dommage.

La règle est d’une clarté absolue, bien rédigée, avec les exemples qu’il faut. De ce côté, rien à dire. Et qui plus est, elle est relativement simple, donc facile à retenir et à expliquer.

Mais malgré, cette règle simple, le jeu est très profond. Sa plus grande subtilité viendra de la synchronisation qu’il faudra avoir entre production et consommation pour construire. Une synchronisation du fait de l’ordre des couleurs. D’ailleurs, on sent bien que les cartes ont été largement pensées en fonction de cela. Oui, les calculs seront à faire pour optimiser tout cela avec l’éternel question de savoir si on aura assez de retours de production et de temps pour construire, au vu du nombre de tours restants à jouer. Cette gymnastique mathématique m’a vraiment captivé et la durée du jeu apporte un flux tendu qui nous oblige à optimiser à fond.

Enfin, au fil des tours, non seulement j’ai bien ressenti la progression du jeu, mais j’ai fait aussi de plus en plus attention à ne pas laisser des cartes qui risquaient de trop avantager mes voisins à la phase de draft. Enfin, la course aux bonus de majorité peut vraiment jouer sur certaines stratégies, et mes adversaires ont fini par comprendre qu’il ne fallait pas me les laisser !

Bref, It’s a wonderful world est vraiment bien ficelé. Oui, c’est le bon terme « ficelé », car les enchaînements de combos sont bien là.

Même s’il reste dans le classique avec draft/production/accomplissement d’objectifs (constructions), il représente, pour moi un sérieux concurrent à 7 wonders et un jeu à jouer et rejouer.



Ren qui découvre le matériel de ouf de la boite Deluxe achetée à Essen. Il est chaud chaud 🙂

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