The Others (+ vidéo)
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SwatSh: 8,5 /10
Après l’excellente seconde édition des Demeures de l’épouvante, Edge & Asmodée continuent de nous faire découvrir le meilleur de l’Améritrash. Il faut dire qu’avec The Others, on pouvait à s’attendre à la crème de la crème avec une touche Européanisée puisque son auteur, n’est rien de moins qu’Eric M. Lang, l’auteur des excellents Blood Rage & Chaos dans le vieux monde entre autre.
L’Améritrash
Une joueuse contrôle le Péché et ses monstres et joue contre tous les autres joueuses qui vont chacune endosser le rôle d’un ou plusieurs Héros. Les conditions de victoire des héros diffèrent à chaque partie en fonction du scénario joué tandis que celles du joueur péché sont toujours les mêmes : tuer 4 ou 5 héros en fonction du nombre de héros (et évidemment, empêcher les héros d’atteindre leurs objectifs).
Pour cela, on dispose de magnifiques figurines héros et monstres qu’on va déplacer sur un plateau modulaire représentant la ville de Haven dans le Sud de l’Angleterre. Et on va bien évidemment se taper dessus à grands coups de lancers de dés.
Le thème
Le thème séduit par son originalité. On sort ici des sempiternelles jeux de Zombies, Orcs, Magiciens ou Dragons, pour s’imprégner d’un thème inédit (bien qu’assez proche de Cthulhu): les 7 péchés capitaux. La joueuse qui joue les méchants remplit donc le rôle d’un des 7 péchés capitaux. La boite de base en comprend 2 : l’orgueil et la paresse. Chacun est accompagné de ses propres cartes, de ses propres règles et de ses propres monstres. Encore plus amusant, les règles associées aux péchés ont un lien avec eux : l’orgueil donne un malus au héros qui a la prétention de pouvoir combattre un monstre sans l’aide de ses camarades et la paresse va ralentir les héros qui osent s’affronter à elle en les rendant paresseux lors de leurs déplacements 🙂
La rejouabilité & la variété
C’est là un des tous grands points fort de The Others. Le jeu présente une rejouabilité exceptionnelle. Rien qu’avec la boite de base, on peut choisir 2 péchés. Chaque péché est accompagné d’un acolyte (des monstres additionnels au pouvoir unique) à choisir parmi 3 disponibles. On peut ensuite choisir un des 6 scénarios proposés. Chaque scénario permet de choisir entre 2 dispositions du plateau différentes. Faites le calcul : 2 x 3 x 6 x 2 = 72 jeux différents rien qu’avec la boite de base et chacun rejouable à souhait ! Trop fort Eric ! 🙂
Les scénarios
Quelle idée de génie a eu Eric en créant ces scénarios ! Un scénario (voir photo) est une fiche où sont écris divers objectifs. Les héros doivent les réaliser les uns après les autres en suivant leur ordre. Il y a même des embranchements qui vont permettre aux héros de choisir l’objectif suivant. Dès que les héros ont réussi tous leurs objectifs, ils remportent la partie.
La simplicité des actions
Le jeu se joue en round. Chaque héros dispose de 2 jetons action par Round alors que le Péché n’en dispose que d’un par Héros. Les Héros commencent en désignant le Héros premier joueur puis en jouant dans le sens horlogique. A son tour, un Héros commence par retourner un de ses 2 jetons action face cachée (chaque Héros a donc droit à 2 phases d’action par tour).
Les actions des héros sont assez simples puisque les héros peuvent soit :
– se déplacer et/ou faire une action
– faire une action et/ou se déplacer
Et un héros n’a le choix qu’entre 2 actions :
– taper sur les monstres à grands coups de dés
– enlever des jetons péchés à grands coups de dés. Le Péché va, à chaque tour, placer différents jetons sur le plateau qui vont ennuyer les héros en infligeant des blessures ou de la corruption aux héros qui passent par ces jetons. Les enlever est donc une bonne idée bien qu’il est préférable de plus se concentrer sur ses objectifs que sur ces petits jetons « pic-pic » 😉
Le Péché quant à lui peut jouer quand il veut entre le tour de 2 héros. Il choisit quand les utiliser. Il n’a que la moitié des jetons action des héros et devra les utiliser aux bons moments. Dans une partie avec 3 héros par exemple, les héros disposent de 6 jetons action alors que le Péché n’en dispose que de 3.
L’Améritrash Européanisé
Là où the Others explose, c’est dans les multiples gestions « à l’Européenne » qu’il propose. Commençons par le plus fort :
– Les actions urbaines
Un peu à l’image de l’excellent Ghost Stories, The Others propose des actions liées au plateau. Il y a 2 endroits où les héros et les monstres peuvent se déplacer sur le plateau : la rue et les bâtiments. Chaque bâtiment permet aux héros de réaliser des actions urbaines spécifiques. Ces actions urbaines sont toujours très bénéfiques pour les héros : se soigner, diminuer sa corruption, gagner une carte amélioration, tuer un monstre avec le laser orbital (si si 😀 ),… Pour en bénéficier, les héros n’ont pas à dépenser une action. C’est une action gratuite et il suffit de passer par le bâtiment en question pour y déposer son jeton action urbaine et bénéficier de son effet. Evidemment, chaque héros n’a qu’un seul jeton action urbaine disponible par round et chaque emplacement action urbaine ne peut contenir qu’un seul jeton. Les héros vont donc devoir s’entendre et se coordonner pour se répartir les différentes actions urbaines disponibles et optimiser leurs gains au mieux. Génial !
– Les Héros non joueur
Certains scénarios permettent aux héros de demander de l’aide à certains autres héros non contrôlés par les joueuses. Là aussi, une bonne coordination sera nécessaire pour pouvoir bénéficier de leur aide au maximum en échangeant ces héros entre les joueuses.
– La piste de corruption
Là aussi, Eric nous montre tout son génie par un système extraordinaire. Chaque héros dispose d’une piste de corruption. Le péché va leur faire gagner des points de corruption. En soi, ce n’est pas très bon car quand un héros subit de la corruption et que son niveau de corruption est au maximum, la corruption excédentaire est transformée en blessure. « La corruption va vous dévorer mais ce sont les blessures qui vous tueront » indiquent les règles 🙂
Mais les héros peuvent prendre volontairement de la corruption. Un peu comme quand Bilbo utilisait l’anneau 😉 Car la corruption apporte des pouvoirs considérables. A chaque point de corruption correspond un bonus de combat : gagner 1 touche, 1 bouclier, 1 dé supplémentaire,… En début de combat, un héros peut augmenter sa corruption de 1 niveau pour gagner tous les bonus de corruption de ce niveau et des niveaux inférieurs. Au plus la corruption est grande, au plus grands seront vos avantages.
Les blessures
Et là où ce système est incroyable, c’est quand un héros est blessé. Quand un héros prend une blessure, il reçoit un jeton blessure qu’il doit placer sur un des bonus de corruption. Dorénavant, quand ce héros prend de la corruption volontaire pour pouvoir bénéficier de ses pouvoirs, il devra se passer des bonus recouverts par des blessures. Autant choisir judicieusement les bonus à sacrifier…
La mort
Quand un héros reçoit sa 5ème blessure, il meurt. La joueuse contrôlant ce héros va alors pouvoir le remplacer par un des héros en réserve. S’il n’y a plus de héros en réserve, le Péché remporte la partie. La boite de base comporte 7 héros. Les joueurs héros vont en contrôler entre 3 et 4 à chaque partie mais quand un meurt, ils pourront aller rechercher un de ceux de la boite non choisis jusqu’à présent dans la partie. L’aspect encore génial de ce système est qu’avec les extensions apportant plus de héros, les joueurs héros vont pouvoir constituer leur propre équipe de départ de 7 héros. Miam miam 🙂 Et évidemment, The Others est un appel criant aux extensions. La boite de base ne comprenant que 2 des 7 péchés capitaux, on attend les 5 autres avec impatience.
Le Péché
C’est l’aspect qui me chagrine le plus dans The Others. Autant le jeu des héros est passionnant, autant les choix du joueur Péché sont simples et évidents. N’ayons pas peur des mots, le Péché s’ennuie un peu dans la partie. Quand c’est à lui à jouer, ses actions sont simples : il déplace ses monstres, joue ses cartes et tape sur les héros. Ses tours vont d’ailleurs passer assez vite alors que les héros vont bien prendre leur temps pour se mettre d’accord et optimiser leurs actions. On aurait largement préféré un système plus stratégique pour le Péché ou complètement automatisé grâce à des cartes, des dés ou une app comme dans l’excellent des Demeures de l’Epouvante.
L’Envie
Au lieu de marquer « conclusion » au titre de ce paragraphe, j’avais envie de marquer envie 😉 Peut-être parce que vous aussi, vous avez envie de conclure 🙂
Dommage donc que le jeu de la joueuse incarnant le Péché soit si pauvre qui en fait un peu une punition quand on joue une partie de The Others car pour les Héros, c’est le bonheur complet. Immergés dans un thème original, ils vont optimiser leurs actions pour atteindre les différents objectifs fixés dans le scénario. Chacun de leurs choix sera difficile et crucial : Quel Héros commence ? Qui va faire quelle action urbaine et quand ? Quelle carte amélioration prendre parmi les 5 face visible ? Que faire en priorité ? Comment sauver ma peau ? 😉 Tout cela agrémenté d’une gestion des points de corruption et des héros intéressante, d’une rejouabilité et d’une variabilité des parties énormes ainsi qu’un matériel et des figurines de ouf, donne un jeu Améritrash Européannisé excellent qui sort franchement du lot.
Avec sa pléthore de matériel, c’est un Luxe de posséder The Others. N’ayez pas l’Orgueil de ne le garder que pour vous et laissez faire votre Envie d’y jouer avec d’autres, sans Avarice tout en évitant la Gourmandise du chocolat car la Colère vous envahira contre la Paresse des buveurs de vin 😀
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