Resafa
Auteur(s): Vladimír Suchy
Illustrateur(s): Michal Peichl
Editeur(s): Delicious Games
Mécanisme(s): Asymétrie construite, Pick-up and Delivery, Réseau
Contient du plastique
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SwatSh: 7,5/10
Avec des jeux comme Underwater City (Vin d’jeu d’l’annee expert 2019), Praga Caput Regni (Vin d’jeu d’coup d’coeur 2021) ou Woodcraft, Vladimir Suchi est un auteur qu’on apprécie beaucoup chez Vin d’jeu. Alors, pour rien au monde on manquerait sa sortie annuelle et traditionnelle au salon d’Essen.
Avec Resafa, il nous emmène en Syrie, aux portes du désert où les joueurs vont construire des comptoirs commerciaux et des canalisations pour contrer la progression du désert.
Pour cela, les joueuses disposent de 6 cartes action orientables dans 2 sens, chaque carte présentant 2 actions possibles. Resafa se joue en 6 manches durant chacune desquelles les joueuses vont jouer 3 cartes action. Elles auront alors joué leurs 6 cartes à la fin des manches 2, 4 et 6. Pouvant alors mélanger leurs 6 cartes et en piocher 3 à la fin des manches 2 et 4.
Pour réaliser une action, on place une carte action devant son plateau avec le symbole de l’action à réaliser bien orienté. De plus, au-dessus du symbole de l’action, une couleur est indiquée. Elle va permettre à la joueuse de réaliser une action secondaire de la couleur correspondante: soit progresser sur une des 4 échelles colorées et déclencher des effets à certains échelons soit prendre une des 3 cartes de la couleur correspondante sur le présentoir et réaliser son effet immédiat.

Les actions
Les actions vont principalement permettre de construire des bâtiments et de les activer pour en récolter les ressources et autres effets de transformation. Ces ressources vont vous permettre de voyager au moyen orient pour réaliser du commerce local (échange de ressources) et gagner des PVs. Elles vont également permettre de construire des canaux qui vont irriguer Resafa et permettre, eux aussi, de gagner de nombreux PVs. Il y a une sorte de dualité entre ces 2 actions principales: voyager ou irriguer. Ces 2 actions rapportent chacune beaucoup de PVs et sont assez distinctes. Le manque de connexion entre ces 2 actions est ce qui me chagrine le plus dans Resafa. On va voir souvent, dans de nombreuses parties, les joueurs se spécialiser dans l’une des 2 actions. Il est, par exemple, très fréquent que, dans une partie à 2, les 2 joueurs jouent chacun dans leur coin, l’un voyageant et l’autre irrigant. Idem à 4 ou les joueurs vont se répartir 2 à 2 dans ces 2 stratégies. C’est un peu dommage de n’avoir que 2 stratégies et que ces 2 soient si différentes ne permettant pas un mélange des 2.

Les échelles colorées
Pour le reste, heureusement, Resafa, coche toutes les cases des bons eurogames principalement grâce aux 4 échelles colorées. L’une permet de gagner des cartes action qui remplacent vos cartes action en les rendant plus puissantes, l’autre apporte des capacités permanentes, la troisième de gros bonus occasionnels (souvent le droit de réaliser une ou deux actions) et la dernière des PVs bonus en fin de partie. Enfin, à la place de grimper sur une échelle, les joueurs peuvent toujours gagner le bénéfice immédiat d’une des cartes du présentoir qui offre des opportunités tactiques souvent intéressantes.
Aux portes du désert
Vladimir Suchy est un auteur de génie et il nous le prouve encore une fois avec Resafa. Même si on aurait préféré plus de connectivité entre les 2 actions principales et donc cette absence de dualité dans les stratégies, Resafa propose tout ce qu’on aime dans les eurogames modernes: de nombreux choix, des combos, des opportunités tactiques, des choix stratégiques, une belle montée en puissance, une construction asymétrique que ce soit en action privée, en capacité permanente, en PVs à gagner en fin de partie ou en type et quantité de ressources produites. De plus, tout est modulable dans le jeu et vous ne ferez jamais deux parties de Resafa les même. Ca donne presqu’envie d’y aller, si seulement ils optaient pour la paix dans la région…

Clem: 9/10
J’ai pu tester la version française de Resafa éditée chez Intrafin Games. Resafa est le dernier opus de maître Suchy, un auteur très apprécié chez Vin d’Jeu et à titre perso un de mes auteurs préférés. On peut citer à son actif plusieurs bombes ludiques comme Evacuation, Woodcraft, Messina 1347, Praga Caput Regni, Underwater Cities ou encore Pulsar 2849 !!
Autant dire que j’attendais avec impatience de pouvoir tester Resafa et je n’ai pas été déçu bien au contraire.

Resafa ce joue en 3 x 2 manches. Je dis 3 x 2 car même si elles sont distinctes les manches se combinent 2 à 2. En effet, on a 6 cartes actions et on va jouer ces 6 cartes sur 2 manches (3 actions à chaque fois). De plus, toutes les 2 manches on réalise un décompte de points.
Resafa est une ville antique se situant au Moyen-Orient (en Syrie actuelle plus précisément). Cette ville constitue le point de départ des caravanes de marchands jouées par les joueuses/joueurs qui vont sillonner les villes antiques du Moyen-Orient de l’Égypte à l’Irak pour vendre ou acheter des marchandises et y établir des comptoirs. Outre le développement et le déplacement des caravanes, les joueurs vont également développer la ville de Resafa en construisant des ateliers et des jardins qui vont produire des ressources. Comme l’eau est rare et précieuse à Resafa, les joueurs vont également devoir développer des réseaux de canaux et de réservoir pour stocker l’eau indispensable à la vie. Comme on parle de la thématique du jeu, j’en profite pour dire tout de suite que ce n’est pas un des points forts du jeu. En effet, on a à faire un un thème assez plaqué et hormis la carte on n’a qu’à de rares moments l’impression d’évoluer au Moyen-Orient…

Dans Resafa, chaque joueur va jouer 3 actions par manche, donc 3 x 6 = 18 actions au total en tout et pour tout dans la partie. Les actions sont au nombre de 6. La petite originalité de Resafa, c’est que chaque carte action est séparée en 2 parties (haut et bas). Chaque partie indique une action principale. Il faut ainsi gérer ses actions et celles qu’il faudra sacrifier sachant qu’on possède 3 cartes actions en main et qu’à la fin de son tour on en pioche 1 jusqu’à avoir joué ses 6 cartes actions en 2 manches. Mais ce n’est pas tout concernant les cartes actions car elles comportent une partie colorée associée à l’action principale sélectionnée qui offre une action secondaire. Il y a 4 couleurs dans Resafa, jaune, blanc, bleu et rose qui correspondent à 4 pistes dans lesquelles les joueurs vont évoluer et pouvoir gagner des cartes spéciales.

Avant de détailler les spécificités de ces différentes pistes, revenons à l’action secondaire liée à la couleur présente au dessus de l’action principale. En fait, quelle que soit la couleur, cette action secondaire qui peut être jouée avant ou après l’action principale, propose soit de progresser d’une case sur la piste de couleur correspondante, soit de prendre une carte bonus de la couleur correspondante ou enfin de prendre une carte sac. Ca fait beaucoup de cartes tout ça !!! Les cartes bonus de couleur, sont des cartes à effet unique qui permettent de gagner des ressources (pierre, or, marbre, épices, amphores), de piocher des cartes sac, de progresser sur les pistes ou encore d’avoir des effets liés aux actions principales. Les cartes sac permettent de gagner des ressources ou 1 pt de victoire en les défaussant.
Pour revenir aux pistes de couleurs, lorsqu’on atteint les cases 3, 6 puis 9 de chaque piste on gagne une carte spéciale respectivement de niveau I, II et III. Évidemment plus le niveau est élevé et plus les effets sont puissants. Les effets de ces cartes dépendent de la couleur de la piste. Ainsi, les cartes jaunes vont venir remplacer les cartes actions de départ en offrant du gain de ressources et plus de possibilité au niveau du choix des actions principales et de couleur. La piste blanche offre des actions supplémentaires à effet unique, parfois assorties d’une réduction principalement pour les actions principales de construction de jardins et d’ateliers (actions détaillées plus loin dans l’article). Les cartes bleues de niveau I offrent soit des actions immédiates, soit des bonus permanents lorsque certaines actions principales sont réalisées. Les cartes des niveaux II et III permettent de réaliser des actions immédiates supplémentaires. Enfin, les cartes roses constituent des objectifs avec scoring en fin de partie.

A savoir que la progression sur les 3 premières pistes (jaune, blanche et bleue) est réglementée. En effet, chaque joueur peut progresser sur les 3 pistes pour atteindre le niveau I, mais le niveau II est atteignable seulement pour 2 pistes et enfin, une seule piste pourra être montée au niveau III. En revanche, aucune limite pour la piste rose.
C’est un des éléments que j’ai beaucoup apprécié dans Resafa. En effet, comme on se spécialise dans 1 piste principale, on oriente sa partie sur une stratégie bien spécifique et toutes les stratégies liées aux pistes de couleur m’ont semblé équilibrées et intéressantes. Je trouve que ça confère une grande profondeur et une très bonne rejouabilité à Resafa.

Et les actions me direz-vous ? Et bien, comme je l’ai dit précédemment il y en a 6. La première consiste à construire des ateliers qui vont produire des ressources. Il y a 2 niveaux d’ateliers. Bien entendu les ateliers de niveau II sont plus intéressants mais ne sont disponibles qu’au début de la 3e manche et à condition d’avoir déjà placé 2 jetons marchands sur son plateau. Les ateliers sont placés à côté du plateau personnel des joueuses/joueurs de sorte que chaque tuile est un de ses coins adjacent diagonalement à une autre tuile atelier.
La seconde consiste à produire des ressources grâce aux ateliers. A savoir que dans Resafa, on n’est moins à la diète de ressources que dans d’autres jeux de Maître Suchy…
La troisième action qui se nomme « provisions » consiste à réaliser une des actions secondaires avec la couleur de son choix. Ainsi, si cette action est choisit, le joueur effectuera 2 fois cette action avec la couleur imposée par la carte et avec une couleur de son choix…

La quatrième action correspond à la création de jardins. Ces tuiles de 2 tailles différentes vont se placer entre les tuiles ateliers. Cette action permet de gagner des ressources ou des points et quand un jardin est terminé de progresser sur une piste de son choix et de gagner des points. Plus on termine de jardins et plus les récompenses augmentes.

La 5ème action correspond à la construction de canaux pour stocker l’eau. Au début de la partie les joueurs disposent de 7 tuiles pouvant être placées sur le plateau pour former des réseaux de canaux. Elles ne sont pas toutes identiques et leurs coûts sont variables en fonction des gains potentiels qu’elles vont apporter. Un peu comme dans barrage, la pose de certaines tuiles va entraîner l’écoulement d’eau et permettre aux joueurs qui ont bien construit leurs réseaux de canaux de scorer lors des 3 décomptes intermédiaires après les manches 2, 4 et 6. Cette action est une source de points non négligeable. Elle est donc incontournable et il est vivement conseillé de ne pas la négliger… Le défaut principal du jeu est à mon sens lié à cette action. En effet, un joueur peut rapidement prendre le contrôle des canaux et alors cette action devient très puissante et extrêmement lucrative. Il faut que les joueurs se challengent sinon la partie pourra rapidement être déséquilibrée…

Enfin la 6ème action correspond à l’achat ou la vente de ressources grâce au déplacement de la caravane des joueurs. Cette caravane est matérialisée par un chameau sur le plateau de jeu. La quantité d’une marchandise que le chameau peut transporter dépend d’une piste situé sur le plateau personnel de chaque joueur. Les joueuses/joueurs vont pouvoir la faire progresser au fur-et-à-mesure de la partie pour réaliser des achats et des ventes plus intéressantes. Cette action est également très importante car elle va permettre de gagner pas mal de points en cours de partie. Elle va permettre également aux joueuses/joueurs d’établir des comptoirs dans les villes visitées et de récupérer des jetons marchands qu’ils vont ensuite placés sur leur plateau personnel pour scorer en fin de partie sur les jardins, les ateliers et les canaux.

Le scoring final est une belle salade avec pas moins de 7 décomptes qui viennent ajouter des points à ceux déjà glanés en cours de partie.
En conclusion, Resafa est très riche en termes de mécaniques et de possibilités d’actions. C’est sûr qu’il n’est pas forcément d’une grande originalité, mais ça fonctionne très bien avec une bonne profondeur de jeu et une grande rejouabilité. Les tours s’enchaînent rapidement et cette dynamique confère un temps de jeu tout à fait raisonnable pour ce type de jeu expert. De plus le jeu n’est pas trop punitif, il y a toujours quelque chose à faire. On n’est moins contraint en termes de ressources que dans d’autres titres de Vladimir Suchy. Je trouve qu’on est plus proche d’un Messina que d’un Woodcraft en termes de complexité. Il est donc plus accessible tout en restant un euro de très bonne facture. Je mets donc 9 à Resafa qui a su me convaincre notamment par sa très bonne profondeur de jeu même s’il n’est pas exempt de petits défauts !!



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Savez vous si il va être localisé en Français ?
Oui, il va être localisé par Intrafin. Je connais pas la date par contre.
Cannes 2025