Lacrimosa
Auteur(s): Ferran Renalias, Gerard Ascensi
Illustrateur(s): Enrique Corominas, Jared Blando
Editeur(s): Devir
Mécanisme(s): Deckbuilding, Gestion de ressources, Points de mouvement
Soumettre votre avis | |
SwatSh: 9,5/10
Lacrimosa, les larmes en Espagnol, n’a rien à voir avec les larmes 😀 C’est, en effet, l’histoire de la musique qu’on va tenter d’écrire dans Lacrimosa, le nouveau jeu de Devir (Bitoku, La Cathédrale Rouge).
Sacrifices
Pour cela, le jeu se base sur une mécanique de deckbuilding amincie 🙂 En effet, les joueuses commencent la partie avec 9 cartes et la termineront avec … 9 cartes! A chaque carte achetée, elle devront se défaire d’une carte. Vous imaginez le sacrifice à faire à chaque nouvel achat? On devrait faire ça avec tout tient. Aller, un truc comme ça: à chaque nouveau jeu acheté, on doit se défaire d’un autre jeu 😀 Vous imaginez les sacrifices? Et bien, c’est la même chose dans Lacrimosa 🙂
Les joueuses commencent avec les mêmes 9 cartes correspondant aux 5 actions du jeu: 2 cartes par action et 1 carte pour l’action d’acquérir une nouvelle carte. Donc, à chaque nouvelle carte achetée, vous allez devoir vous défausser d’une action potentielle à réaliser rendant sa présence dans votre deck plus rare. Dur dur…
Et les sacrifices ne s’arrêtent pas là car, à l’image de Revive, chaque carte permet de soit réaliser une action si elle est placée au-dessus de votre plateau, soit de gagner des ressources si elle est placée en-dessous. Et, à chaque tour, vous devez placer une de vos cartes au-dessus de votre plateau et une autre en-dessous sacrifiant, par là même, l’action associée. Dur dur… mais bon bon pour le plaisir ludique 😀
Les ressources périmées
Une autre mécanique que j’ai adorée dans Lacrimosa est sa gestion de ressources. Outre les pièces, vous allez devoir bien gérer les 3 ressources du jeu qui sont limitées à 4 à chacun de vos tours (inutile d’en produire plus donc) et qui, surtout, sont remises à zéro à chaque début de tour. Vous ne pourrez donc pas conserver vos ressources de tour en tour et toutes ressources non utilisée est perdue. Cerise sur le gâteau, certains effets vous feront gagner des ressources non périssables que vous allez pouvoir garder de tour en tour 🙂
A la mémoire de Mozart
Les actions vont vous permettre d’acquérir de nouvelles cartes action, de voyager en Europe pour vanter les bienfaits de la musique de Wolfgang Amadeus Mozart (et par là même de gagner des bonus intéressants 😉 ), d’écrire les mémoires du maître, source de PVs et de bonus divers, et d’engager d’autres compositeurs pour écrire des morceaux en son honneur et surtout pour gagner des bonus immédiats, des capacités permanentes, des PVs supplémentaires à chaque fois qu’on réalise certaines actions ou même de réaliser des actions supplémentaires.
Tout ça est très plaisant même si légèrement déséquilibré. C’est le seul petit défaut du jeu à mon sens. Engager des compositeurs est indispensable si vous voulez l’emporter. C’est une action à ne pas négliger. Tout comme les autres d’ailleurs et vous devrez trouver le bon équilibre en chaque type d’action pour l’emporter sans trop vous investir dans l’une ou l’autre. N’allez néanmoins pas trop vous perdre dans les PVs apportés sur la carte, trop faibles pour faire la différence. Grapillez les qu’à titre de bonus opportuniste.
Léger et intense
Malgré quelques mini déséquilibres pas vraiment gênants (et certainement voulus) mais orientant les stratégies, Lacrimosa séduit. Il séduit essentiellement grâce à la légèreté de ses règles s’expliquant en 20 petites minutes et à la profondeur de ses parties ne se bouclant qu’après 2 heures d’intensité ludique. Tout ça dans un thème assez original et bien illustré ainsi qu’avec des mécaniques nouvelles de deckbuilding « aminci » et de sacrifices cornéliens de cartes action. Lacrimosa, un jeu qui va vous faire pleurer 🙂
Chaps: 8,5/10
Le thème assez improbable a été la première chose qui m’a attiré vers ce jeu et après ma première partie j’avoue être tout à fait convaincu par la qualité du titre.
Beaucoup de choses me plaisent dans lacrimosa : déjà le système de cartes avec un choix permanent entre action ou revenu pour la manche suivante, le système de deck building qui fonctionne très bien et si vous perdez un peu de temps pour améliorer votre deck pas de panique soudainement lors de l’utilisation des cartes acquises vous vous rattraperez rapidement. Autre chose plaisante dans ce deck building, toutes les cartes nous passent dans les mains à chaque manche, donc nos gains de cartes ont un impact dès la manche suivante, ceci grâce à un deck limité auto-épuré puisque l’on retire du jeu une carte en en prenant une nouvelle, ce qui oblige aussi bien sûr à surveiller les actions qui nous seront par la suite disponible en fonction des cartes supprimées et des cartes acquises. Cela fonctionne très bien.
D’autre part les cartes Opus à ne pas négliger apportent aussi un plus car c’est autre type de cartes utilisées tout à fait différemment et qui ne viennent donc pas dans notre main. En plus d’être parfaitement thématiques.
Enfin la rivière de carte est parfaitement bien gérée par le jeu car il y a une évolution des cartes dans leur prix et leur bonus avec l’avancée de la partie pour suivre un effet crescendo. Le nombre de cartes est aussi à mon avis bien proportionné, elles ne passent pas toutes mais vous n’attendrez pas en vain un type de carte Opus vous pouvez être sûr qu’elle passera mais vous n’êtes peut-être pas le seul à la vouloir, surveillez les autres.
Tout cela fait que l’on peut se faire de jolis combos et des tours de jeu jouissif.
Autre excellent point : l’interaction. Elle est très forte, on se gênera se piquera des tuiles, des cartes, volontairement ou non car on voit bien comment s’oriente la stratégie des autres joueurs. C’est évidemment quelque chose de très positif pour moi, même si corolaire moins plaisant quand votre tour arrive vos plan A et B auront peut-être été réduits à néant par vos adversaires, vous devrez alors en concocter un nouveau quand c’est à vous de jouer ralentissant le jeu. Mais comme je le disais on voit très bien comment s’oriente la partie des autres, à vous de ne pas vous retrouver trop souvent dans cette situation en tenant compte de l’ordre du tour.
Le reste du jeu est toujours très bien, le petit twist sympathique sur les ressources, piste ou jetons avec la bonne idée des pistes remises à zéro à la fin de la manche. Les tuiles pour les voyages de Mozart, bonus/action ou PV conditionnels fin de partie, avec les tuiles qui se retournent quand personne n’en veut pour devenir bien plus attractives. Rien de nouveau en terme de mécanique mais c’est parfaitement implémenté.
Et évidemment le requiem, avec l’ingénieuse idée d’avoir un nombre de jeton pour le combler limité, un seul jeton orgue, chant et percussion, choisissez bien ! Le jeton blanc pour faire basculer une majorité est aussi une fort bonne idée. Enfin le requiem est lié à d’autres choses, les tuiles bonus des compositeurs ho combien importantes, les tuiles PVs fin de partie de la carte (attention à ne pas prendre 2 tuiles nécessitant un orgue…), oui le requiem est tout de même un passage obligé, d’autant plus qu’il rapporte à la fin beaucoup de PVs. Je n’en suis pas gêné, c’est le thème et forcément le coeur du jeu, mais vous ferez tout de même de tout.
Enfin Lacrimosa s’explique vite car les règles au final sont assez simples mais cela n’empêchera pas de devoir anticiper, réfléchir, bien construire sa partie, un vrai bon Euro sans règles ubuesques.
Bref, pour moi une réussite ce Lacrimosa mais je suis sévère avec mon 8,5. La raison est que la tension vient surtout de la concurrence permanente entre les joueurs ce qui est très bien, mais j’aurais aimé plus de tension sur les ressources, par exemple pas de tuile offrant 5 jetons ressource. Dans notre partie avec en plus le système d’échange ducat-jeton ce ne fut jamais bien compliqué d’avoir ce que l’on doit avoir et du coup la remise à zéro des pistes met un peu moins de pression que je ne l’aurais souhaité. Il faut tout de même faire attention à sa gestion de ressources bien sûr mais je l’aurais aimé plus tendue. Alors oui ce jeu à aussi la qualité de pouvoir être joué par beaucoup de monde, l’Eurogamer expérimenté y prendra plaisir quand le joueur moins habitué aussi, mais mon goût personnel aurait aimé plus de tension sur les ressources pour mettre en exergue la qualité des mécaniques de leur gestion en jeu. Donc 8,5 et pas 9. Mais j’avoue avoir hésité, allez 8,75 ! Comment ça ce n’est pas une note ?
Vin d’jeu d’vidéo
L’explication des règles dégustées par Chaps
Submit your review | |