Ankh: Les Dieux d’Egypte
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SwatSh: 7/10
Ankh les dieux d’Egypte est le dernier volet de la trilogie d’Eric Lang composée des excellents Blood Rage (Vin d’jeu d’coup d’coeur 2016) et Rising Sun. Après ces 2 excellents titres, on était impatient de découvrir ce dernier opus d’une trilogie de grande qualité. Alors? Est-ce que Ankh les dieux d’Egypte la clôture magistralement?
Piège de l’attente
Oui et non. Je dirais surtout que le jeu subit l’effet d’une trop grande attente. En effet, après les deux premiers opus, le niveau d’attente était élevé, trop élevé même ce qui fait qu’on ne peut qu’être déçu. Alors le jeu est bien évidemment, mais un cran en-dessous de ses 2 prédécesseurs.
4 actions
Ankh les dieux d’Egypte est un jeu simple, très simple. Chaque joueuse joue à son tour et, à son tour, réalise 2 actions différentes parmi 4:
- Se déplacer (chacune de ses figurines peut se déplacer jusque 3 cases)
- Invoquer une nouvelle figurine (gratuitement) et la placer près d’une de ses figurines ou un de ses monuments
- Recruter des fidèles (seule ressource du jeu) à raison d’un fidèle par monument neutre ou à soi adjacent à une de ses figurines)
- Ajouter un pouvoir de Ankh à son tableau en payant le nombre de fidèles nécessaire
Début et fin
Votre façon de jouer à Ankh va évoluer en cours de partie. Au début, vous allez absolument vouloir grimper dans votre tableau technologique. Pour cela, vous allez vite optimiser votre façon de récupérer des fidèles pour les dépenser au plus vite et acquérir de nouveaux pouvoirs de Ankh. Cette montée en puissance est très importante car non seulement elle vous permettra d’acquérir des capacités intéressantes mais elle vous permettra aussi de gagner des figurines gardien qui ont des pouvoirs souvent puissants. L’acquisition de ces gardiens dépend de votre avancée technologique, et comme il n’y en a pas pour tout le monde, on va être témoin d’une course entre joueurs pour leur acquisition. Et cette course va dépendre de l’ordre du tour tiré aléatoirement en début de partie (avantage au premier). Tout cela est finalement assez dommage puisque les actions à réaliser sont évidentes et tout le monde va faire la même chose.
L’arbre technologique des pouvoirs de Ankh est néanmoins bien fait et offre quelques choix intéressants aux joueuses. Même s’il est un peu dommage que tout le monde ait le même, il y a moyen de bien varier entre les parties pour essayer de nouvelles combinaisons.
Mais une fois la majorité des pouvoirs de Ankh débloqués, vous allez basculer vers une optimisation de points de victoire en vous préparant aux combats ce qui équivaut à principalement se déplacer et invoquer des figurines.
Et c’est cette relative « évidence » dans les choix et la répétitivité qu’elle engendre qui m’a le plus gêné dans Ankh. Au début vous allez essentiellement réaliser les actions 3 et 4 et à la fin les actions 1 et 2.
Evénements et combats
Heureusement Ankh les dieux d’Egypte va un peu plus loin et propose des mécaniques d’événements et de combats intéressantes. Quand on réalise une action, on va déplacer le marqueur action sur sa piste et quand ce marqueur atteindra le bout de sa piste, un événement aura lieu. Cet événement va avantager la joueuse qui a déplacé le marqueur action en lui permettant de prendre le contrôle d’un monument, et créer une nouvelle zone ou de trancher une égalité en combat. Cet avantage est souvent bien intéressant de telle sorte qu’il va influencer vos choix d’action et lorsqu’une opportunité de déclencher un événement va s’offrir à vous, vous allez probablement la saisir quitte à ne pas réaliser les actions que vous aviez planifiées précédemment.
On retrouve la patte d’Eric Lang dans les combats qui s’inspirent clairement de Blood Rage. La résolution des combats est très simple. Les joueurs impliqués jouent une de leurs cartes combat (on a tous les mêmes) face cachée et on ajoute les points de la carte au nombre de figurines pour connaitre la force totale. Le plus fort élimine toutes les figurines adverses et gagne le combat. En cas d’égalité, tout le monde perd le combat. Mais le fun dans ces combats sont les effets des cartes qui vont vous permettre de gagner des points si vous perdez le combat, de gagner des ressources ou même de déclencher une phase d’enchère à poing fermé où les perdants perdent toutes leurs figurines (oui je sais, c’est terrible 😉 ).
Fusion
Le dernier élément que j’ai apprécié dans Ankh les dieux d’Egypte est sa mécanique de fusion. Un événement va obliger les 2 joueuses à la traine de fusionner et de jouer ensemble. Même si c’est un peu artificiel comme mécanique et qu’elle va rarement inverser la tendance, elle a le mérite de changer la physionomie de la partie en proposant une dynamique nouvelle où 2 joueuses joueront ensemble contre les autres.
Ankh’or?
Cette trilogie aurait pu se clôturer su une note plus joyeuse. Ankh les dieux de l’Egypte manque d’intérêt dans ses choix trop stéréotypés et évidents. Cela va même rendre le jeu répétitif. C’est dommage car tout n’est pas noir dans Ankh pour autant. Sa mécanique d’événement, ses cartes combats étonnantes et ses axes stratégiques grâce aux choix des technologies et au pouvoir du dieu que vous contrôlez sont bien foutus. De plus, les différents effets des cartes combats rendent cette phase particulièrement sympa à jouer. Enfin, la fusion de deux joueurs, même si elle est artificielle, apporte une petite touche qui rend le jeu assez original.
Pour celles et ceux parmi vous qui hésitent à acheter le all-in pledge en occasion à des prix exorbitants, je ne puis que leur conseiller d’acquérir d’abord la version retail du jeu pour voir si le jeu leur convient, ou mieux, de jouer à Blood Rage ou Rising Sun 🙂
Ren: 6/10
Voilà un jeu qui symbolise bien certaines « dérives » du jeu de société aujourd’hui, ou plutôt d’un certain eco-système créé autour de notre loisir favori. Le jeu en lui-même est assez simple (et très bien résumé par mon camarade ci-dessus). Il n’est pas dénué d’intérêt, et certainement pas désagréable. Mais il est loin d’être légendaire. On va gentiment faire progresser son arbre technologique, gentiment préparer ses combats, et gentiment optimiser ses points de victoire jusqu’à la fin de la partie. Avec le petit zeste théorique des cartes à jouer lors des combats. Mais tout ça va être assez prévisible, car le nombre limité d’actions différentes, le fait que l’arrivée en bout d’une piste action procure un avantage certain (pris de contrôle d’un monument – du coup vous allez éviter au maximum de « fournir » l’occasion sur un plateau pour la joueuse suivante), et le « corsetage » de votre stratégie en fonction de vos choix sur l’arbre technologique va rendre les choix de plus en plus limités. Et ça va rendre le jeu assez répétitif sur la 2ème moitié du jeu. A ça il faut ajouter le déséquilibre généré par l’ordre du tour: il y a une course au recrutement de gardiens, soit des unités supplémentaires ayant des pouvoirs spéciaux. Mais il n’y en aura pas pour tout le monde… du coup si les premières joueuses dans l’ordre du tour se concentrent sur cet aspect elles sont certaines de gagner les gardiens disponibles avant les joueuses en fin de tour. Moche.
Tout ça fait que le jeu n’est clairement pas exceptionnel, mais à nouveau c’est le cas de plein de jeux, ce qui n’empêche pas d’avoir du plaisir. Mais ce qui m’a vraiment embêté, et je reviens à mes dérives du début, c’est la surproduction manifeste du jeu. Le matériel est top, zoli tout plein, mais il est surtout extrêmement abondant avec des brouettes de figurines en bon plastic maousse costaud, des plateaux en quintuple couche avec insert, des monuments qui se la pètent… pour un jeu somme toute simple (mais assez long néanmoins). A la fin d’une partie j’ai vraiment eu une impression de « tout ça pour ça? » Comme si la matériel était là pour vous impressionner et vous faire oublier les faiblesses (ou plutôt, répétons-nous, la simplicité) du jeu. « Le jeu n’est pas complexe, un peu répétitif, avec du chaos, mais faites-moi confiansssssssssssssss, regardez-moi ce matos de ouf de sa race de la mort qui tue (et en passant allongez les billets) ».
J’ai souvent dit que je ne me prononçais jamais sur le prix d’un jeu, car la cherté perçue est éminemment subjective (un jeu de 10 euros auquel vous jouez une fois est cher. Un jeu de 100 euros auquel vous jouez 50 fois n’est pas cher du tout). Et je ne le ferai pas non plus dans ce cas-ci. Par contre je peux me prononcer sur « l’exagération de matériel qui semble compenser un jeu certes pas buggué du tout, et pas désagréable, mais qui n’est pas du tout exceptionnel, et qui ne vaut donc certainement pas cette débauche de matériel ». Et de ce point de vue, Ankh score manifestement trop haut à mon goût.
Vin d’jeu d’vidéo
L’explication et la dégustation du jeu par SwatSh
Vin d’jeu d’vin
Vin d’jeu d’music
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