Sagani
Auteur(s): Uwe Rosenberg
Illustrateur(s): Lukas Siegmon
Editeur(s): Funforge
Mécanisme(s): Pose de tuiles
Soumettre votre avis | |
Claire et la famille Meeple : 8/10
La sortie d’un nouveau jeu d’Uwe Rosenberg est toujours très attendue, surtout chez la famille Meeple.
La très belle illustration de la boîte réalisée par Lukas Siegmon, attire et surtout questionne immédiatement avec son œil en plein milieu. À son ouverture, une première surprise nous attend : mais où sont les polyominos ? Pour Sagani, il faudra s’en passer, ce titre reposant sur le mécanisme de la pose de tuile. L’ambiance générale liée au matériel est sobre, conformément aux jeux dits « à l’allemande ». Pas d’excentricité : 72 tuiles carrées, 96 pions en bois et un plateau de score, c’est tout. Pour enrober le tout, un thème plaqué au possible auquel on ne croit pas une seule seconde. Une histoire d’esprits de la nature qui veulent vivre en harmonie avec la nature … Sincèrement nous aurions préféré un jeu complétement abstrait plutôt qu’un thème peu crédible. Si l’immersion est capitale pour vous, passez votre chemin car elle est vraiment absente.
Par contre, pour les amateurs de jeux calculatoires, ce jeu est vraiment intéressant. Les règles sont très simples avec des mécanismes connus permettant ainsi une prise en main immédiate. Les joueurs débutants ne sont pas submergés par des règles denses, et les joueurs aguerris vont pouvoir réfléchir de longues minutes afin d’optimiser leurs coups. Pour gagner, il faut atteindre le nombre de points requis en fonction du nombre de joueurs. Pour cela l’édition est bien pensée puisque les conditions de fin de parties sont inscrites sur le plateau de score.
Lors de son tour, il faut prendre une tuile dans la rivière qui en contient 5 au démarrage. Il faut la placer dans sa zone de jeu afin qu’elle soit adjacente orthogonalement à une autre tuile. Une fois positionnée, le joueur pose dessus le nombre de pion correspondant au nombre de symboles colorés présents sur cette tuile : 1, 2, 3 ou 4. Pour gagner des points, il va falloir créer toutes les connexions de couleur demandées par chaque tuile.
Dans Sagani, les connexions ne doivent pas forcement adjacentes, elles peuvent se situer à plusieurs tuiles de distance mais toujours dans la direction demandée. Cet aspect augmente les combinaisons et nécessite énormément de réflexion afin de réussir à optimiser son placement. Bien placée, elle peut participer à plusieurs connexions. Une fois réalisée, on déplace un pion de la tuile sur le symbole connecté. Quand l’intégralité des jetons présents sur la tuile recouvre un symbole de couleur, on la retourne, on récupère ses jetons et on marque les points indiqués. Évidemment, plus la tuile demande des connexions, plus elle rapportera de point. Il est possible de scorer 1, 3, 6 ou 10 points par tuile !
Voici pour le principe de base de Sagani. Mais ce jeu se révèle beaucoup plus subtil. Les participants ne possèdent que 24 pions et il est obligatoire de prendre une tuile à chaque fois ce qui signifie qu’il faut poser des jetons à chaque tour. La réserve s’épuise vite. Que se passe-t-il quand un joueur n’a plus de pion ? Il prend alors autant de jeton rouge que nécessaire (ou jeton Cacophonie). Ils agissent comme les autres jetons mais ils font perdre 2 points par jeton. Il va donc falloir trouver un équilibre entre la prise de tuile et la prise de jetons rouges qui vous feront reculer sur la piste de score. Cet aspect du jeu nous a beaucoup plu car il faut absolument réussir à retourner ses tuiles le plus rapidement possible. En effet seule cette action permet de récupérer ses jetons et éviter ainsi la prise des pions Rouge. Mais attention, ce système est extrêmement punitif car vous pouvez rapidement passer avec des points négatifs.
La rivière de cartes n’est pas complétée à chaque fois, il y a donc de moins en moins de choix dans les tuiles et vous pouvez rapidement vous retrouver avec des tuiles qui vont contrarier vos plans ! Lorsqu’il n’en reste plus qu’une, un choix s’offre alors au joueur actif : soit il prend la tuile et la place dans sa zone de jeu, soit il la place dans la zone Interlude et prend à la place la 1ère tuile de la pioche. Ce choix est risqué car on ne connaît les connexions réclamées par la tuile de la pioche. Quand les 4 emplacements de la zone Interlude sont pleins, les joueurs peuvent choisir une tuile et la placer dans leur zone de jeu. C’est le dernier sur la piste des scores qui choisit en premier, lui offrant ainsi un avantage. Cette phase d’Interlude n’est pas présente dans toutes les parties, nous en avons fait plusieurs où elle ne s’est jamais déclenchée. Elle ne change pas fondamentalement le jeu mais elle peut permettre de débloquer.
Vous l’aurez compris Sagani est un jeu où la réflexion est importante pour l’emporter. Malgré tout il y a une part de hasard avec le tirage des tuiles. Si vous avez besoin de connexions bleues mais que seules les vertes et les oranges sortent, vous allez vite vous retrouver à court de pions !
Nous recommandons plutôt Sagani à partir de 10 ans, 8 ans nous semble un peu jeune pour plusieurs raisons. Le côté punitif peut être difficile à accepter, quand vous commencez à reculer sur la piste de score au lieu d’avancer, cela devient très compliqué de rattraper le retard. De plus la gestion des connexions est parfois compliquée à voir, il nous est souvent arrivé d’en rater une ou deux et de s’en apercevoir plusieurs tours après.
Que l’on joue à 2, 3 ou 4, les parties sont aussi intéressantes. L’interaction est indirecte et peu présente. Le mode solo est très difficile à réussir car il est encore plus soumis au facteur chance, ce n’est pas la configuration que nous avons préférée.
Nous avons enchaîné les parties avec plaisir car nous apprécions beaucoup les jeux de réflexion et très calculatoires. Nous avons trouvé la durée parfaite, idéale pour se creuser les méninges mais s’arrêtant avant le mal de tête. Une belle découverte pour la famille Meeple.
Submit your review | |