Alma Mater VF
Auteur(s): Antonio Tinto, Flaminia Brasini, Stefano Luperto, Virginio Gigli
Illustrateur(s): Chris Quilliams
Editeur(s): EggertSpiele
Distributeur(s): Asmodee
Mécanisme(s): Asymétrie, Draft, Placement d'ouvriers
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SwatSh: 9,5/10
Alma Mater est un des meilleurs jeux experts de cette année ludique (une année ludique commence par Essen c’est bien connu 😉 ) avec quelques autres bien entendu. Ca fait d’autant plus plaisir de voir que le jeu sorte en Français. Ca fait plaisir et c’est également un signe de la bonne santé de notre production ludique Francophone.
Flaminia Brasini, Virginio Gigli, Stefano Luperto, Antonio Tinto, la quadruplée d’auteurs d’Alma Mater n’en sont pas à leur première collaboration puisqu’ils ont réalisé, ensemble, les excellents Terramara, un de nos coups de coeur de cette année et Egizia! Autant vous dire qu’on était impatient de découvrir la suite 🙂 Surtout qu’ils n’ont pas réalisé que ça. Séparément, ils ont créé des jeux qui ont marqué l’histoire du jeu ces dernières années comme Lorenzo le Magnifique, Vin d’jeu d’coup d’coeur 2017 ou Coimbra, notre Vin d’jeu d’l’année 2019.
Alma Mater reprend le thème de Newton puisqu’on va engager des étudiants et professeurs afin de servir au mieux nos intérêts. Il s’agit d’un jeu de placement d’ouvriers assez classique où l’on peut se placer sur les cases d’action libres ou sur celles déjà occupées par un adversaire à condition d’y placer un ouvrier de plus que le joueur précédent. Certaines cases action peuvent cependant être occupées par plus d’un ouvrier, et ce, sans pénalité.
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Les livres
Dans le milieu estudiantin, la ressource la plus prisée est évidemment les livres (qui a dit la bière? 😉 ). La gestion des livres est d’ailleurs très intéressante dans Alma Mater. Chaque joueuse possède sa propre couleur de livre et ce sont ces livres qui serviront de monnaie d’échange pour obtenir les différentes tuiles et cartes du jeu apportant capacités et points de victoire. Vous devrez bien souvent payer une certaine combinaison de couleurs de livre. Et pour obtenir la couleur des livres adverses, vous allez devoir les leur acheter. Cela donne une belle dynamique au jeu où les joueuses vont s’acheter les unes les autres des livres. Si une joueuse prend le dessus et gagne plus d’argent que les autres, ce sera pour leur acheter des livres, l’argent reviendra dès lors aux plus pauvres. Même si le système n’engendre pas de choix cornéliens, il tourne bien et est assez original. Il va même y avoir une certaine compétition sur les livres les plus prisés.
En effet, parallèlement à ce système économique, a lieu une compétition. Les joueurs vont tenter de grimper sur l’échelle des défis en subissant des pénalités (perte de ressources, d’ouvriers, de possibilités,…) à chaque échelon. En contre partie, cette échelle leur fera gagner certains bonus, des PVs et surtout, surtout, permettra à leurs livres d’être plus recherchés. En effet, les livres des joueurs en tête seront plus souvent nécessaires que les autres pour être utilisés comme ressource. Cet enchevêtrement de mécaniques est superbe.
Profs & étudiants
Et ces livres serviront à acquérir des tuiles étudiants et des cartes profs. Les 2 vont fonctionner plus ou moins de la même façons. Elles vont apporter des bonus en revenu, en réduction de coût, en gain de ressources,… tout en proposant des façons de scorer supplémentaires. Même si les profs présentent une certaine variété (on jouera avec 8 des 16 profs possibles à chaque partie), il n’en va pas de même avec les étudiants. On jouera toujours avec les mêmes 16 étudiants. Et ça, j’ai vraiment trouvé dommage car ça peut induire certains automatismes qui nuiront au plaisir des futures parties. De plus, il y a un certain déséquilibre, sans doute voulu, entre les étudiants et les profs. De telle sorte qu’il est quasi obligatoire d’engager des étudiants, le gain de profs étant plus superflu.
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Les 3 maîtres
Attention néanmoins, ce déséquilibre est contrebalancé par les 3 maîtres qui vont apporter certains bonus aux joueurs qui auront atteint l’objectif pour les obtenir. Il y a pas mal d’objectifs différents apportant ici, une belle rejouabilité. Certains objectifs vont vous encourager à aller dans l’une ou l’autre stratégie. Un peu comme dans Paladins, ces objectifs vont vous donner une direction à suivre.
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Mère nourricière
Alma Mater, mère nourricière en latin 😉 , qui désigne l’université où on a étudié, est un jeu assez froid et mathématique. Le thème ne transpire pas dans le jeu et les étudiants auraient très bien pu être des voitures ou des bâtiments. Il reste donc un jeu très mathématique où on va acquérir et transformer des ressources pour obtenir des bonus de réduction de coût, de gain de ressources et de PVs par de multiples moyens. On se doit de suivre les objectifs de partie et le jeu laisse trop peu de place à la liberté et à la variété. Ceci dit, il est superbement fait et donne clairement l’envie d’y revenir pour tenter d’autres combinaisons et d’autres stratégies. Il possède une belle courbe d’apprentissage et il vous faudra de nombreuses partie pour en maîtriser tous les aspects. Même si on peut se chagriner de certains de ses défauts, Alma Mater est clairement un très bon jeu qui a sa place dans toute ludothèque experte qui se respecte.
Nouvelles parties
Plus j’y joue, plus j’adore Alma Mater! Bon, le jeu n’est pas exempt de défaut. Il en a 3 principaux. Le premier est que l’argent est indispensable dans le jeu et vous allez devoir trouver un moyen d’en gagner régulièrement. Heureusement, il y a plusieurs chemins: certains étudiants, certains professeurs et certains érudits peuvent vous en apporter. Vos actions de début de partie vont donc être dirigées vers cette quête de revenu.
De plus, le jeu est très froid et, un peu comme dans les Paladins, vont allez constamment combiner les différents bonus pour arriver à vos fins plutôt que donner des cours et accueillir des étudiants.
Enfin, le jeu ne pardonne pas et si vous ne trouvez pas le moyen de rapidement gagner de l’argent, vous allez galérer tout au long de la partie. Le jeu est très tendu et rien n’est facile dans Alma Mater, encore moins si vous êtes fauché.
Mais pour le reste, le jeu est une petite pépite. Alma Mater propose énormément de mécaniques que j’apprécie: chaque joueur commence avec un érudit lui apportant un pouvoir particulier et il va même pouvoir gagner le pouvoir de 3 érudits supplémentaires s’il atteint les 3 objectifs fixés lors de la mise en place. La modularité est exemplaire dans Alma Mater ou tout, sauf les étudiants, est modulaire: les érudits disponibles pour la partie varient à chacune d’entre elles, les objectifs sont différents, les professeurs apportant des bonus sont différents,… Aucune partie ne sera la même et vous devrez à chaque fois vous adapter, faire des choix différents et suivre des stratégies inédites.
Chaps: 7/10
Ma note n’est pas terrible et pourtant le jeu n’est pas mauvais, les mécaniques fonctionnent bien, on fait chauffer les neurones en essayant d’optimiser et de créer des combos qui fonctionnent.
Donc il y a pas mal de choses que je trouve bien, se construire avec les étudiants et les professeurs un ensemble de bonus/revenus/actions qui servent nos objectifs, la concurrence et interaction propre à tout jeu de pose d’ouvriers amélioré encore avec la mécanique d’achat des livres aux autres joueurs. Le système de mise en vente ou d’utilisation en ressource de nos livres et la possibilité de faire le plein d’une couleur en une action d’achat chez un autre joueur, si on a l’argent nécessaire, en gagnant quelques points de victoires est aussi très bien. Le matériel est d’excellente qualité, un point très positif, cet effort fait sur le matériel. Enfin on score partout donc on peut choisir librement son orientation stratégique mais a anticiper parfaitement lors de la mise place et du draft des conditions de départ. Draft qui impacte nos ressources de départ, l’ordre du tour et le pouvoir de notre personnage. Cette asymétrie est aussi quelque chose de positif, mais si vous calculez mal cette mise en place de votre jeu, ça va être rude…
Donc tout cela est bien et quand j’ai fini ma partie je ne me suis pas ennuyé à la table.
Mais évidemment des choses m’ont moins plu. Comme toujours je vous parle de mon ressenti, de mon avis personnel que vous partagerez ou pas.
J’ai trouvé le jeu très froid pour moi, déconnecté du sentiment d’avoir des étudiants, des professeurs avec un vrai manque d’ambiance. Je compare avec Bonfire que j’ai beaucoup aimé. Pourquoi ? Parce-que le thème de Bonfire est totalement improbable… Et pourtant avec ce jeu je passe un moment « ailleurs » vraiment dans l’ambiance du jeu, c’est un ressenti indispensable pour moi dans un jeu et je ne l’ai pas du tout dans Alma Mater.
Ensuite c’est très laborieux. Tous les joueurs autour de la table ont souffert, on n’a l’impression de ne rien faire, d’avancer petit pas par petit pas… Jusqu’à ce que l’on arrive à débloquer une rentrée de ressources (livres) et/ou d’argent conséquente et même là il y a des moments laborieux. Cette lourdeur que j’ai ressenti en jeu associé à ce manque d’ambiance ont fait que le jeu m’a déçu alors que les mécaniques sont sympathiques.
Même si vous ne parvenez pas à débloquer des revenus conséquents, en faisant combotter correctement vos professeurs et étudiants vous ferez quelque chose et ne serez pas lâché en points de victoire, mais que la partie sera « lourde », j’ai eu ce sentiment. Ensuite au bilan il faut des livres, pour cela de l’argent et de l’argent pour les professeurs. ArgentLivres-Professeurs/étudiants, Argent-Livres-Professeurs/étudiants. Il y a pour mes goûts un manque de richesse. Oui dans les jeux on fait souvent la même chose, mais là j’ai trouvé qu’en un coup d’oeil on faisait le tour des enchainements d’actions nécessaires. Et les étudiants sont toujours les mêmes donc à mon avis une deuxième ou troisième partie va permettre une bonne progression donc devrait être agréable pour ceux qui apprécient le jeu mais ensuite le fait que les étudiants soient toujours les mêmes et face à la concurrence ludique j’ai peur de me lasser rapidement.
Heureusement les cartes technologies changent mais cela reste juste des coûts pour monter qui forcément seront toujours du même genre.
Donc par rapport à mes goûts malgré tous les points positifs du jeu que j’ai souligné il est trop froid et progresser est beaucoup trop laborieux avec à mon avis une rejouabilité qui n’est pas terrible, mais pour ce dernier point je précise que je n’ai qu’une seule partie. Donc ce jeu n’est pas pour moi, ce qui ne signifie pas, je le répète, qu’il ne soit pas destiné à de nombreux autres joueurs.
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