Kang

Tapimoket  8/10

Rebondir sur un thème

On ne le sait pas, mais il n’y a pas que la boxe que les Kangourous aiment pratiquer comme sport. Non ! Ne vérifiez pas sur Wikipédia, je vous assure que c’est vrai ! … Un de leurs autres sports favoris consiste en une espèce de match, où deux équipes de ces marsupiaux s’affrontent pour traverser un terrain de 6 cases sur 6 qu’ils ont soigneusement tracé à l’aide de leur queue. Et comme ce sont des kangourous, les règles s’appuient sur leur capacité à bondir ou boxer…

Bon je sais, tout cela peut paraître étrange, mais voilà comment se présente Kang, un jeu abstrait édité chez Blue Orange. En fait, le jeu est loin d’être nouveau, puisqu’il s’agit ni plus ni moins d’une revisite thématique de « Gyges » un des jeux abstraits qui était sorti chez Gigamic dans les années 80 et qui revient avec cette nouvelle forme.

Avec un tel thème, on abandonne le côté pur abstrait du jeu, et le plateau de bois fait place à un plateau cartonné plus standard. Mais cela n’empêche pas le jeu d’avoir une belle présentation en conservant des pions en bois et que le tout soit rangé dans un thermoformage.

Bien appuyé sur ses pattes

Niveau mécanique, il y aura que de très légers changements mais l’essentiel du jeu demeure basé sur son ancienne version. Prévu pour 2 joueurs uniquement, on place le plateau entre les adversaires et chacun prend 6 jetons kangourous, 2 petits, 2 moyens et 2 grands, que l’on place de son côté hors du plateau. Le but sera de marquer alors en premier 3 points en faisant traverser 3 jetons, c’est à dire en les amenant à l’autre bout du terrain.

Comme on peut le remarquer, les kangourous n’ont pas deux couleurs  et tous les pions appartiennent en fait aux deux équipes. Toutefois, on ne pourra pas jouer n’importe quel jeton, puisque chaque joueur devra forcement jouer un jeton le plus proche de lui. A son premier tour, par exemple, on ne pourra jouer que l’un des 6 kangourous placés devant soi pour le faire entrer sur le plateau. Au tour suivant, il ne pourra plus être rejoué puisqu’il en restera encore 5 à faire entrer et que vous serez obligé de choisir parmi eux, vu que ce sont les plus proche. Par la suite, si tous les jetons sont sur le plateau, vous devez alors en jouer un qui se trouve sur la ligne la proche de vous et, ainsi de suite…

Chaque jeton se déplace orthogonalement d’autant de cases que sa taille. En plus clair, un petit jeton ne franchit qu’une seule case, et un grand franchit 3 cases. Je devine, alors, dans vos esprits qu’il suffit alors de faire partir les grands tout de suite pour atteindre rapidement l’opposé, mais rappelez-vous ! Plus il un jeton avance, plus il se rapproche de l’adversaire, et donc plus l’adversaire peut avoir de chance de le jouer à son tour puisqu’il sera peut être le plus près de lui. c’est assez subtil.

Ça va vous faire bondir.

En fait, le meilleur moyen de marquer un but rapidement, c’est de réussir à faire traverser votre kangourou le plus proche pour tenter de le mener au bout en une seule fois. Pour cela, lorsqu’un kangourou arrive sur un autre kangourou sur le terrain, au terme de son déplacement, il peut profiter de rebondir d’autant de déplacements que l’autorise le kangourou sur lequel il a rebondit.

Par exemple, si votre kangourou de taille 2 se déplace de deux cases et arrive sur un kangourou de taille 3, il peut alors se déplacer de nouveau 3 fois ! Et ainsi de suite, s’il atteint encore un autre Kangourou. Bien entendu, on n’est pas obligé d’aller de l’avant et on peut prendre toute sorte de directions pour y arriver ! Il faut donc bien observer les coups possibles et préparer des passages.

Pan ! Dans les dents !

Une autre solution pour placer un kangourou là où l’on souhaite, consiste à en boxer un autre. En effet, si vous arrivez sur un kangourou au terme de votre déplacement, vous n’êtes pas obligé de rebondir, mais vous pouvez boxer ! C’est à dire que vous prenez la place avec votre kangourou et vous éjectez celui du dessous sur une autre case libre. Ce qui peut s’avérer très pratique pour couper une opportunité à l’adversaire ou vous en ouvrir une.

C’est dans la poche.

Lorsqu’une pièce atteint le bord extérieur opposé au votre (comme s’il y avait une dernière ligne imaginaire), c’est le but ! Et vous marquez un point en prenant un jeton luzerne… Et oui, j’ai appris que le kangourou semble manger de la luzerne. Si vous remportez 3 luzernes le premier, vous gagnez la partie et c’est dans la poche !

Kang est un jeu abstrait qui fonctionne très bien. Cette revisite thématique colle parfaitement avec la mécanique du jeu qui permet de rebondir ou éjecter un jeton. La subtilité de Kang est la contrainte à devoir toujours jouer le jeton le plus proche de vous. Pour gagner, il faudra à la fois s’ouvrir un chemin vers le terrain adverse, par rebond, mais sans donner une opportunité à l’adversaire. Pour cela, il faudra donc bien observer et construire ses passages et tenir compte des jetons les plus proches de l’adversaire pour éviter une riposte.

Kang est un jeu abstrait qui  va ravir les amateurs du genre pour son gamplay, mais s’ouvrira, par son nouveau thème plus ludique à un public plus large. Certes, les amateurs de « beau jeu en bois » en seront à leur frais, car il ne pourra plus être exposé comme un « bel objet » comme pourrait l’être Gyges, ou d’autres jeux du genre comme Quarto, Pylos…  Attention ! Je ne dis pas que Kang n’est pas beau, car les illustrations sont très sympathiques et le matériel plus que correct. Kang est malin et fera fumer les neurones. Pour ma part, j’aime beaucoup les jeux abstraits et Kang entre parfaitement dans ce plaisir.

Alors vous y jouez Kang ?