Riverboat
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SwatSh: 9/10
Déjà dans mes chroniques sur les magnifiques Azul & Le Bien et le Malt je le disais : Michael Kielsing est en toute grande forme ludique pour le moment ! Riverboat clôt en effet sa trilogie d’excellents jeux sortis en 2017 ! Il aime l’éclectisme Michaêl puisqu’une nouvelle fois, il a choisi un éditeur différent. C’est Mayfair (Isle of Skye, The Colonists,…) qui se charge de l’édition Anglaise cette fois-ci.
Originalité
C’est le seul défaut de Riverboat. Il n’est pas original. Il reprend pas mal de mécaniques déjà rencontrées auparavant et n’apporte pas d’effet « waouw » tant on est en milieu connu.
Il se joue en 4 tours et chaque tour, un peu comme dans Puerto Rico ou Race for the Galaxy, commence par la distribution des cartes « phases ». Chacun, à son tour, prend une des 5 cartes phases jusque quand toutes les cartes phases sont distribuées. Ensuite on va exécuter chacune des 5 phases en apportant 2 bonus à celui qui a choisi la carte phase :
1) Il reçoit un bonus divers (une ressource, un PV,…)
2) Un peu comme dans Steam, c’est lui qui a l’avantage de débuter la phase suivi des autres en sens horaire.
Les phases
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Placement de semeurs
La première phase consiste à placer 8 semeurs de son stock sur son plateau personnel. Le plateau personnel est divisé en 5 types de terrains. Un peu à l’image de Kingdom Builder, on va retourner 8 cartes terrain, une à une, qui vont indiquer les 8 terrains où on va pouvoir placer ses semeurs. Deux objectifs contradictoires rentrent en compte ici : on a intérêt à regrouper ses semeurs tout en veillant à remplir complètement certains types de terrain.
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Ensemencer
Chacun à son tour prend une tuile semence disponible et la place sous ses semeurs. Les tuiles semence sont de 3 formes possibles : 1 hex, 2 hex et 3 hex. Quand on place une tuile « 3 hex », on doit avoir 3 semeurs adjacents pour pouvoir le faire et ça nous rapporte 2 PVs. Une tuile 2 hex rapporte 1 PV et un hex n’en rapporte pas. Voilà pourquoi il est plus intéressant de regrouper ses semeurs.
De plus, chaque tuile semence contient un des 5 légumes du jeu (radis, potiron, maïs, blé ou patate). Ici, on a intérêt à placer ses semeurs sur les mêmes types de légumes. Mais évidemment, certains objectifs vont encourager la variété 🙂 -
Charger ses légumes sur un bateau à vapeur du Mississipi
C’est ici qu’on va retirer ses semeurs des champs. On ne pourra le faire que 2 fois par tour. On retire tous les semeurs d’un seul type de légume, et on prend un bateau dont la valeur de chargement correspond au nombre de semeurs retirés. On a donc bien intérêt à placer ses semeurs sur un même type de champs car plus le bateau est grand, plus on obtiendra des bonus et plus de PVs on gagnera à la fin.
De plus, le nombre de semeurs est limité par joueur et on peut assez facilement se retrouver à court pour la phase 1) et pas savoir placer ses 8 semeurs ce qui peut être fort préjudiciable. Pour l’éviter, autant retirer un maximum de semeurs de ses champs. -
Prendre une carte objectif
Chacun, à son tour, prend une carte objectif qui va pouvoir rapporter des PVs à la fin du jeu d’une multitude de manières différentes. Elles vont bien entendu orienter la stratégie de vos parties tout en proposant des contradictions succulentes : j’ai besoin de regrouper mes champs mais cet objectif m’encourage à les répartir, je voudrais compléter mon champs de maïs mais cet objectif m’encourage à en avoir un de patate,…
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Placement des serviteurs
Ici aussi la magie de Kiesling opère. Un peu comme dans Le Bien et le Malt (les 2 jeux sont d’ailleurs assez proches) avec ses jetons activation mauves, dans Riverboat, il va falloir placer vos serviteurs si vous voulez scorer. Ce n’est pas tout de recevoir des cartes objectifs ou d’autres façons de scorer grâce aux bateaux à vapeur, il va falloir y placer un serviteur vert si on veut les scorer. Mais on ne peut placer que 2 serviteurs par tour. Il va falloir faire des choix car on a plutôt intérêt à les placer le plus tard possible pour maximiser son score en prenant le temps de bien les compléter. Mais comme on ne peut en placer que 2 par tour, on ne sait pas tous les garder pour la fin.
De plus, il va falloir bien gérer ses serviteurs car ils se gagnent difficilement et il est fréquent de voir un joueur à court de serviteur alors qu’il pourrait scorer… Succulent je vous disais 🙂
Le maître du port
Dans Le Bien et le Malt on avait le maître brasseur, dans Riverboat on a le maître du port qui officie environ de la même manière. On va pouvoir le déplacer le long des quais, case par case. A la fin du jeu, on ne pourra scorer que les bateaux qui se situent derrière lui. De plus, une certaine compétition entre joueurs aura lieu ici car le joueur ayant son maître du port le plus avancé scorera tous les PVs de ses bateaux alors que les autres ne scoreront que la moitié…
Les esclaves
Les règles de Riverboat se terminent par un petit paragraphe expliquant le thème du Mississippi du début du 19ème siècle et la concordance avec le jeu tout en insistant sur le fait que tous les éléments du thème n’ont pas été repris dans les mécaniques. Notamment pour les esclaves qu’on ne retrouve pas dans le jeu alors qu’ils font partie intégrante de l’histoire de cette région. Ils insistent que ce n’est pas une négation de cet aspect honteux de l’humanité et conseillent même certains livres traitant de cet aspect.
J’ai adoré ce côté bien-pensant 😉
L’équilibre dans ses contradictions
Ce qui est merveilleux dans Riverboat et dans beaucoup de jeux de Michael Kiesling, c’est son équilibre. OK, l’originalité est peu présente (même si les idées du maître du port et des serviteurs sont géniales), mais le tout est d’un équilibre sidérant de perfection 🙂 Les multiples objectifs contradictoires en sont un bel exemple et il y en a de nombreux autres. Le plus bel, à mon sens est relatif aux PVs gagnés en cours de jeu. Dans la plupart des jeux, il est souvent peu intéressant de scorer en début de partie. On va, classiquement, d’abord investir dans une machine à ressources pour enfin se préoccuper des PVs. Dans Riverboat, vous avez un effet boule de neige assez sympa. Quand vous envoyez des représentants à New Orleans pour gagner des PVs en fin de partie, vous allez devoir vous passer de leurs services en tant que semeurs. Hors les semeurs sont précieux (voir phase 3). Mais, chaque semeur envoyé à New Orleans fait gagner des PVs récurrents à chaque tour à son propriétaire, on a donc intérêt à les envoyer le plus tôt possible… Et c’est comme ça pour tout. Il n’y a aucune évidence dans Riverboat. Tout est contrebalancé à la perfection et c’est vous qui déciderez de l’orientation de votre partie.
De nos jours, il y a tellement de jeux où on est subjugué par leur inventivité mais déçu par la mise en pratique. Dans Riverboat, Michael Kiesling fait le contraire. Il ne nous bluffe pas par son inventivité mais nous surbluffe par l’équilibre de ses mécaniques. Et finalement, c’est le principal. On prend un plaisir immense à jouer à Riverboat même si ce plaisir ne provient pas de la découverte. Je rêve d’une collaboration Feld / Kiesling. Ca donnerait le jeu du siècle ! 😀
Ren: 8,5/10
Classique? Et alors!
Un très bon exemple. Riverboat est un très bon exemple de l’évolution du jeu de société ces 10 ou 20 dernières années. Est-ce le jeu parfait? Certainement pas. Est-ce un jeu super original? Non plus. Est-ce un jeu qui vous donne des sentiments incroyables? Toujours pas. Mais est-ce un jeu qui est bien fait, bien exécuté, bien équilibré, qui apporte sa part de bonheur ludique? Très clairement! Là où il est emblématique de l’époque actuelle, c’est qu’il va probablement rester semi-anonyme (comme beaucoup d’autres, soyons clairs), alors que si il était sorti il y a 20 ans ce serait probablement un hit. Mais l’abondance ludique et la créativité immense sont passés par là entre-temps, et il parait donc juste « bon » aujourd’hui, au milieu d’un très grand nombre de jeux (au moins) « bons »…
Game on
Dans Riverboat nous sommes transplantés au 19ème siècle, le long du Mississipi, où nous allons essayer de faire prospérer l’exploitation familiale.
Le jeu se déroule en 4 tours, chacun composé de 5 phases. Au début d’un tour les joueuses choisissent chacune à tour de rôle une des 5 phases. Ensuite on joue les 5 phases dans l’ordre, sachant que la joueuse qui a choisi la phase jouée a 2 avantages : un bonus, et le fait de jouer en premier (l’ordre peut avoir une influence importante). Les 5 phases sont les suivantes :
- Placer 8 semeurs sur son exploitation.
- Ensemencer des champs, aka placer des tuiles champs en dessous des semeurs placés en 1.
- Récolter ses plantations, et envoyer les récoltes sur un bateau, aka retirer tous les semeurs posés sur un type de plantation, envoyer les récoltes sur le bateau ad hoc (e.g. si j’avais 5 semeurs sur des blés, je peux envoyer sur un bateau de niveau 5), et toucher les bonus correspondant au bateau choisi (et mettre la bateau le long des quais).
- Choisir une carte objectif, qui donnera des points de victoire en fin de partie
- Placer des serviteurs, aka placer des serviteurs (meeple vert) à divers endroits pour scorer des points. Sachant que les serviteurs ne sont pas faciles à gagner. Et sachant qu’on ne peut en jouer que 2 par tour maximum. Donc un peu tout de suite ou beaucoup plus tard? 😉
A ça il faut ajouter la notion de maître du port, i.e. un bonhomme qu’on fera avancer le long des quais pendant la partie. Seuls les bateaux placés derrière le maître du port scoreront des points à la fin de la partie. Mais celui qui aura son maître le plus avancé scorera l’entièreté des points de ses bateaux. Alors que ceux qui sont derrière ne scoreront que la moitié…
Rolling on the river
Au final on a un jeu super équilibré, rempli de dilemmes (je score un peu tout de suite avec mes serviteurs verts ou beaucoup plus tard? J’envoie des semeurs à La Nouvelle Orléans – permet de marquer des points de victoire tout au long de la partie et à la fin – mais je risque alors d’être à court pour la phase 1…), avec plein de manières différentes de marquer des points, à l’iconographie nickel et qui tourne comme une horloge. Donc en fonction de vos goûts personnels, de votre appétence pour le thème, de votre sensibilité au design vous serez plus ou moins attirés, mais une chose est sûr c’est un bon jeu.
Tapimoket: 7/10
Avec un jeu de Kiesling entre les mains, je m’attendais à mieux. Il n’est pas mauvais en soit d’un point de vue mécanique, mais je ne suis pas emballé ni par son thème, ni par son matériel que j’ai trouvé austère à souhait. Je suis sûrement rude dans mon avis, mais le plaisir visuel et l’univers d’un jeu doivent, de nos jours, trouver une place dans les jeux modernes au delà de la simple mécanique.
Le plus grand intérêt stratégique du jeu viendra de l’équilibre à choisir entre les ouvriers à mettre dans ses cultures et ceux envoyés à Orléans. Le premier cas donnera la possibilité de charger les bateaux à aubes pour obtenir plus de bonus (Puits, Granges, Avancée du capitaine de port) et l’autre possibilité donnera l’assurance de recevoir des points à chaque tour, mais entraînera la réduction définitive d’ouvriers de son pool personnel. C’est assez astucieux à gérer… Mais…
Mais le placement des ouvriers sur le plateau est trop aléatoire puisque soumis à un tirage de cartes qu’on ne maîtrise quasiment pas, si ce n’est qu’en payant une pièce pour changer un emplacement. L’argent étant très rare, on le fera que très occasionnellement. A ce niveau, il faut juste compter sur la chance.
Pour le reste, on peut noter le système original de placement de tuiles « cultures » sur le plateau qui va jouer sur la puissance des autres actions. Cependant, les champs seront à choisir parmi un pool tiré, aussi au hasard, au début du round et difficile à planifier sans connaitre l’issu de la première phase. Du coup, on peut rapidement se retrouver malmener à cause d’un tirage de cartes.
De plus, j’ai trouvé que le matériel n’est pas rêveur. Sa mise en place est longue, notamment avec les tuiles bateaux, les marqueurs de score, réduits à un tout petit jeton, ne sont pas visibles et se trouvent sur un plateau instable où l’on viendra justement déposer et puiser des tuiles au risque de les faire bouger. D’ailleurs, je trouve qu’il aurait fallu un plateau solide et unique plutôt que ces deux grandes tuiles très laides. Et, je ne parle pas des puits où les meeples verts ne tiennent pas debout, ainsi que les évidements qui ont été fait sur le plateau Orléans, quasi inutiles et qui rendent le jeu encore plus laid…
Heureusement, c’est un jeu sympa de placements/actions qui se combinent pas trop mal entre les phases, mais avec un matériel vraiment moche, et une phase de placement d’ouvriers trop aléatoire à mon goût. Pour être honnête, dans le style de placement de cultures, je lui préfère amplement « Le bien et le malt » du même auteur.
Vin d’jeu d’vidéo
La dégustation en 12 minutes par Ren
Vin d’jeu d’music
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Une excellente reprise des Creedance