Dragonsgate College
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SwatSh: 8/10
C’est toujours un plaisir que de découvrir la dernière production des éditions NSKN games qui nous avaient déjà séduits avec Exodus, Progress et Praetor. De plus, ses auteurs Belges ne sont pas des inconnus puisqu’ils ont déjà réalisé Yedo, un jeu assez bien apprécié sur le net.
Dans Dragonsgate College, les joueuses vont former des apprenties aux différents arts (la magie, la force et la dissimulation) nécessaires pour pouvoir entrer dans un donjon, y affronter une multitude de bestioles et en sortir couvert d’or 😉
Choix d’action
Le système de choix d’action est assez excellent. C’est un système de draft de dés original. Au début de chacun des 5 tours, on jette tous les dés (il y en a de plus en plus au fur et à mesure de l’avancement du jeu). Puis, un peu comme dans l’excellent Blueprint (notre Vin d’jeu d’l’année familial 2014) qui est l’un des sinon LE précurseur de la mécanique de draft de dés, chacun à son tour prend un des dés disponibles et réalise une des actions permises par la valeur du dé. 4 éléments viennent s’ajouter à cette mécanique de prime abord très classique :
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Les lutins
Comme dans tout jeu de Stefan Feld, vous allez pouvoir changer la valeur des dés grâce, ici, à vos lutins que vous pourrez récupérer de différentes façons.
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La couleur des joueurs
Les dés ont des couleurs : soit blanc (ou noir) qui est la couleur neutre, soit la couleur d’un joueur.
Lorsqu’on prend un dé blanc ou un dé à sa propre couleur, on exécute simplement une des actions permises par la valeur du dé avant de passer la main à la joueuse suivante.
Lorsqu’on prend un dé d’une couleur adverse, on exécute une des actions autorisées par sa valeur puis, avant que la joueuse suivante ne joue son tour, la propriétaire du dé exécute également une action autorisée par la valeur du dé. On a donc intérêt à ce que les autres joueuses choisissent ses propres dés pour pouvoir réaliser plus d’actions. Il y a d’ailleurs une sorte d’échelle de décision qui va nous aider à choisir dans l’ordre : d’abord un dé blanc car on sera le seul à pouvoir exécuter l’action, ensuite un dé à sa couleur pour ne pas en faire bénéficier une adversaire, enfin le dé d’une adversaire si on n’a pas d’autre choix. Cet ordre préétabli est évidemment chamboulé par la valeur des dés. Si on cherche certaines valeurs de dés car on n’a pas suffisamment de lutins pour pouvoir modifier les valeurs, on peut être tenté de choisir un dé adverse… Voilà des choix tactiques qui peuvent être difficiles.
A cette difficulté tactique vient s’ajouter l’action de la mort qui tue 😉 : -
Changer un dé blanc contre un dé de sa couleur
Une des actions réalisables avec un dé de valeur « 1 » permet d’échanger un dé blanc contre un dé de sa couleur. Ca permet d’augmenter le nombre de dés à sa couleur et donc d’obliger les autres à utiliser ses propres dés. C’est une action très intéressante qui va nécessiter pas mal de réflexion pour éviter d’en faire profiter une autre joueuse.
L’astuce c’est qu’elle nécessite d’utiliser un dé blanc déjà utilisé. Les joueuses vont donc être prudentes avant d’utiliser les dés blancs pour ne pas en faire profiter les autres. Voilà qui chamboule également l’ordre préétabli. Bien vu ! -
Les actions ne sont pas bloquées
La dernière chose qui surprend avec cette mécanique, c’est qu’alors que tout a l’apparence d’un jeu de placement d’ouvrières, ce n’est pas un jeu de placement d’ouvrières ! 🙂
Les actions disponibles dépendent de la valeur du dé disais-je et uniquement de la valeur du dé. Si une joueuse choisit une action, les autres pourront choisir la même action sans restriction à condition d’avoir des dés qui le permettent.
Certaines actions nécessitent néanmoins la prise d’un jeton : engager un apprenti ou un professeur : on prend le jeton apprenti ou professeur engagé, former un apprenti, on prend le jeton « diplôme » de sa formation. Même si les actions sont toujours disponibles, certains jetons disparaissent et une petite course entre les joueuses peut avoir lieu pour les obtenir.
Les actions
Les actions disponibles permettent de gagner de l’argent ou des PVs de différentes manières. Je ne m’attarderai que sur certaines actions que j’ai trouvées intéressantes :
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Accueillir une apprentie ou engager un professeur pour ensuite les former
Les apprenties et les professeurs ont 3 types d’attributs : la magie, la dissimulation et la force. Les joueuses disposent de 3 échelles pour ces 3 valeurs qui vont augmenter en cours de partie grâces aux professeurs et à d’autres bonus. Ces échelles vont indiquer l’état de connaissance des apprenties quand elles sont formées.
Quand on exécute l’action de former une apprentie, elle va recevoir un bonus sous forme de ressources ou de pvs de plus en plus important en fonction du niveau de compétence acquis sur les 3 échelles.
Dragonsgate College est pour cela assez bien foutu car il vous encourage à vous spécialiser. Plus vous allez former des apprentis en magie par exemple, plus facile vous aurez pour former les suivants en magie aussi. Par contre, vous aurez également intérêt à les former dans les 3 domaines. Voilà qui est contradictoire comme j’adore. Ca apporte des choix pas toujours faciles.
Cerise sur le gâteau, quand vous formez quelqu’un, en fonction du domaine de formation, vous allez recevoir un bonus :- La magie vous permet de piocher une carte bonus qui vous donnera des avantages divers
- La dissimulation vous fera avancer sur une échelle qui vous rapportera des PVs
- La force vous apportera des trophées et des pièces. Les trophées rapporteront des PVs en fonction du nombre et du type de trophées gagnés.
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Construire un bâtiment
Non seulement la formation des apprenties, qui est le cœur du jeu, apporte un côté stratégique à Dragonsgate College en orientant les choix vers une spécialisation ou une diversification, mais, en plus, les bâtiments apportent également un côté stratégique intéressant.
Le jeu permet aux joueuses de construire des bâtiments. Elles ont le choix entre 25 bâtiments différents (bonjour les choix !). Même si les bâtiments apportent des bonus similaires, le fait d’en avoir autant de différents permet des combinaisons et des stratégies différentes dans leur acquisition et leur optimisation.
Avec les valeurs des dés, c’est un des éléments qui permettent le plus de variabilités à vos parties.
Le matos
Même si Dragonsgate College est très enthousiasmant, il souffre d’un design un peu faiblard. Les règles ne sont pas 100% claires et nécessitent d’aller faire un tour sur les forums pour bien les comprendre. L’iconographie peut être améliorée sur pas mal d’éléments du jeu : toutes les actions ne sont pas bien expliquées iconographiquement et il vous faudra bien mémorer certains mécanismes, les effets de certains bâtiments ne sont pas toujours clairs,… A souligner la carte d’aide de jeu qui elle est tout simplement parfaite. Le matériel n’est pas top non plus et, en dehors des différents éléments en carton, les joueuses disposent de simples cubes et disques en bois aux 4 couleurs de base ainsi que de dés très laids qui semblent sortis d’un vieux Monopoly 😉
Les illustrations ne sont pas fantastiques et le plateau est immense pour ce qu’il est. Il aurait pu être plus petit car, comme ça, il prend toute la table et on a difficile à trouver un endroit pour son plateau personnel. De plus, les cases sont exagérément grandes.
Les couleurs étant très proches, on ne voit pas clairement les actions disponibles pour chaque valeur de dé et ça nécessite une attention constante aux joueuses pour bien voir les différentes possibilités qui s’offrent à elles.
De plus, même si ce n’est pas fondamental, le jeu souffre de quelques petits problèmes d’équilibre : certaines cartes magie sont inutiles, la piste de dissimulation n’est pas assez intéressante pour provoquer une réelle tension entre joueuses, certaines parties peuvent être trop faciles (souvent dû à la valeur de dés jetés). L’action pour le changement dans l’ordre du tour n’est clairement pas intéressante…
Ces petits manquements dans le matériel et dans certains équilibrages gâchent un peu la fête qui aurait pu être à son comble grâce à un système de draft de dés très original est très bien ficelé, des actions originales, un thème de formation ma foi assez bien retranscrit, des choix difficiles (même si certains sont trop calculatoires) et des stratégies bien réelles différentes et contradictoires. Et maintenant qu’on a formé toutes ces apprenties, on attend impatiemment la suite dans le donjon : les a-t-on réellement bien formées ? 😉
Ren: 8,5/10
Gros dilemme aujourd’hui pour donner une cote à Dragonsgate College. Je ne vais pas expliquer le jeu en détail, vous venez d’en lire une description magnifique ci-dessus. J’ai la flemme aujourd’hui, ça arrive, c’est comme ça!
Je vais me contenter d’expliquer mon dilemme. D’un côté nous sommes en présence d’un (bon) jeu de gestion. Le jeu est tendu, il y a plein de choix à faire, et surtout il y a plusieurs idées originales (système de choix des dés avec possibilité de prendre un dé adverse, action pour transformer un dé neutre en un dé de sa couleur, formation des apprentis avec l’aide de professeurs…). Sur cette base-là le jeu est bon, voire très bon. Il y a effectivement l’une ou l’autre action un peu faible, mais ça ne déséquilibre pas le jeu. Et à contrario il n’y aucune action « hyper balèze que je te déchire ta race maintenant je t’envoie un petit Avada Kevadra et c’est réglé ». Ce qui fait que le jeu est serré jusqu’au bout, il y a moyen de rester en course même si on fait une petite erreur (bon pas 5 non plus). Donc bien.
Mais de l’autre côté le design n’est pas top, sur 2 plans: dans l’absolu le parti-pris graphique est raté (ce n’est que mon opinion évidemment). Ils ont essayé de faire quelque chose dans des tons doux et clairs, ça donne un truc un peu fadasse où les couleurs se ressemblent, ne tranchent pas, où on ne reconnaît pas clairement/facilement certains éléments… Bref bof bof. On a presque l’impression d’être en présence d’un proto, ou d’un exemplaire de démonstration.
L’autre souci est encore plus important pour un jeu de société moderne: l’iconographie n’est pas impeccable. Il faut se concentrer sur certains éléments pour savoir de quoi on parle, en particulier sur les bâtiments. Ca diminue réellement le plaisir du jeu, et ça freine l’enthousiasme qu’on peut ressentir devant les mécanismes originaux. C’est très rare que je ressente cela mais c’est bien le cas ici.
Vu l’originalité et la tension dans les choix je lui mets « quand même » 8,5 (bref c’est un bon jeu!) mais c’est vraiment dommage que le design vienne un, peu gâcher la fête. Je suggèrerais bien aux auteurs de faire une version 2.0, voire carrément une rethématisation (bien que ça paraisse plus difficile), comme Small World est la version 2.0 de Vinci. Je suis sûr que le jeu a plus de potentiel que ce qu’il « donne » pour le moment!
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