Hanamikoji
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SwatSh: 6,5/10
Hanamikoji est un petit jeu pour 2 joueurs sorti en 2013 et réédité cette année par Kosmos.
La Geisha perdue
Avec Harvest Island, c’est le second jeu sorti cette année à Essen qui me fait penser à un des chefs d’œuvre de Knizia : Les Cités Perdues. Dans Hanamikoji aussi, les joueurs vont placer des cartes de valeur autour des cartes Geisha de la ligne centrale pour les influencer et gagner leur préférence. Chaque Geisha a une couleur et on doit placer les cartes valeurs de la couleur correspondante en face. A la fin de chaque manche, on regarde qui a le plus d’influence pour chaque Geisha. Dès qu’un joueur remporte l’influence de suffisamment de Geishas, il remporte la partie.
Le partage
La mécanique du partage des cartes me fait penser à celle de Shitenno. Chaque joueur reçoit, à chaque manche, 6 cartes de la pioche, au hasard. Puis, chacun à son tour va choisir un de ses 4 jetons action, exécuter l’action choisie puis piocher une carte. Les actions possibles sont hyper originales et peuvent désarçonner les eurogamers comme nous 😉 :
- Défausser 2 cartes
Bon, ok… à quoi ça sert ?
En fait, ça ne sert à rien sauf à réduire les choix pour les actions futures. Autant donc éviter mais si on n’est pas satisfait de notre main de cartes, autant réaliser cette action dans l’espoir de piocher la carte qui nous satisfera par après. - Placer une carte face cachée sur le côté afin de la jouer à la fin de la manche
Ok, là c’est simple, autant garder une grosse carte d’une des Geisha qui nous intéresse. - Placer 3 cartes sur la table face visible, laisser l’adversaire en prendre et en jouer une et jouer soi-même les 2 autres
- Placer 2 tas de 2 cartes sur la table face visible, laisser l’adversaire en prendre et en jouer un et jouer soi-même l’autre tas
Le choix est simple ici également puisque l’idéal est de faire 2 tas de 2 cartes identiques car si un des tas est plus avantageux que l’autre, vous pouvez être sûr que votre adversaire le choisira. Evidemment, la difficulté arrive si on ne sait pas faire 2 tas équilibrés…
Hanamikoji est une jolie variante aux Cités Perdues. Il propose une mécanique d’action et de partage très originale et qui peut perturber les joueurs. Les choix sont néanmoins assez simples et dépendant du hasard de la pioche. Comme il se joue en 15 minutes, il se sort facilement pour combler agréablement un moment creux.
Ren: 7,5 /10
Dans tous les domaines le monde se tourne vers l’Asie, et le jeu de société ne fait pas exception. Les éditrices japonaises sont présentes depuis pas mal de temps à Essen, mais elles sont de plus en plus nombreuses, et maintenant accompagnées par leurs consoeurs sud-coréennes, hong-kongaises… à quand un jeu indonésien? Vietnamien? Nord-coréen (bon ok là on va sans doute attendre encore un peu malheureusement…)
En attendant nous avons un nouvel exemple de cette vague avec ce Hanamikoji, sorti en 2016 chez Emperor S4 Games (une éditrice à suivre, c’est moi qui vous le dit…) et localisé en Europe chez Kosmos cette année. 2 restauratrices s’y affrontent dans une rue animée de Tokyo pour s’attirer les faveurs de geishas (et ainsi attirer plus de clients dans leur restaurant). Il y a 7 geishas (représentées par des cartes, au cas où je ne vous l’aurais pas dit nous sommes en présence d’un jeu de cartes), placées entre les 2 joueuses. Les geishas ont chacune une valeur: trois ont une valeur de 2, deux ont une valeur de 3, une de 4 et une de 5. Leur valeur donne également le nombre de cartes objets qui permettront de les attirer qui sont présentes dans le jeu. Donc on sait qu’il y aura 4 cartes objet (toujours le même, en l’occurrence une théière) pour essayer d’attirer la Geisha de valeur 4. Le but étant qu’à la fin de la manche il y ait plus d’objets de votre côté que de celui de l’opposante, auquel cas la geisha viendra dans votre restaurant (en langage ludique concret: on mettra son marqueur de votre côté de la carte geisha).
Au début de la partie chaque joueuse reçoit 6 cartes, et on en écarte définitivement une (du paquet, pas une par joueuse, face cachée) qui ne sera donc pas présente dans la partie. Chaque joueuse a également 4 actions, identiques des deux côtés. Le jeu se jouera donc exactement en 4 tours, composés comme suit: la joueuse pioche une carte du paquet. Ensuite elle choisit une de ses 4 actions encore disponibles (sachant qu’on ne peut jouer chaque action qu’une fois, donc on sait qu’on devra jouer les 4). Les actions disponibles sont:
- poser une carte de sa main de son côté
- écarter définitivement 2 cartes du jeu
- proposer 3 cartes à votre opposante, elle devra en choisir une et la poser de son côté, vous poserez les deux autres de votre côté
- proposer 2 fois 2 cartes à votre opposante, elle devra en choisir deux et les poser de son côté, vous poserez les deux autres de votre côté
A la fin de la manche on regarde si quelqu’un a convaincu 4 geishas de venir dans son restaurant. Si oui la joueuse a gagné. Si non on regarde si quelqu’un a convaincu des geishas pour une valeur d’au moins 11. Si oui la joueuse a gagné. Si non on recommence une manche, sachant que les geishas restent où elles étaient à la fin de la manche précédente. Donc si une geisha est dans un restaurant et qu’il y a égalité dans la 2ème manche pour cette geisha, elle va rester où elle se trouve, et donc rapporter des points à la même joueuse que dans la manche précédente.
On est clairement en présence d’un jeu minimaliste, avec des règles hyper simples et une durée de jeu très courte. Le jeu tient toutes ses promesses de ce point de vue. Il est très beau (illustrations magnifiques) et la compréhension est instantanée. Mais c’est là aussi qu’il montre ses faiblesses. La compréhension instantanée entraîne en effet une rejouabilité à priori très limitée. Les 4 actions sont simples à comprendre, mais surtout simples à appréhender d’un point de vue stratégique. Après une ou deux parties vous comprenez très vite quelle(s) action(s) il faut jouer plus ou moins dans quel ordre, de manière quasi évidente à chaque partie. Cette évidence est quelque peu compensée par la durée du jeu (littéralement quelques minutes), ce qui permet quand même d’envisager de le sortir de temps en temps et non pas une fois tous les 6 mois. Mais ne comptez pas jouer tous les soirs pendant un mois, vous risqueriez de vous lasser. En termes vignesques (?) on dira que c’est un bon petit vin de pays, qui fait son office quand dégusté dans les circonstances adéquates (un soir d’été, sur une terrasse, 25°, vous êtes avec des amies et vous rigolez comme des bossues), mais sans aucune longueur en bouche et qui ne tiendra pas la route dans un repas de mariage ou devant un robuste plateau de fromages affinés bien comme il faut!
Tapimoket: 8/10
J’ai toujours une espèce d’admiration pour les jeux des éditeurs asiatiques. Même si ce n’est pas toujours vrai, ils ont le don de sortir des jeux à la fois minimaliste et tellement malin. C’est justement le cas d’Hanamikoji . Qui plus est, ils ont choisi un thème qui est propre à leur culture, puisqu’il s’agit, ici, d’obtenir les faveurs de Geishas. Les Geishas sont, pour rappel, des dames de compagnie à la fois envoûtante par leur tenue vestimentaire, leur qualité d’hôte et leurs différents dons comme la conversation, et surtout les arts qu’elles pratiquent, principalement la musique et la danse…
Dans Hanamikoji, deux joueurs s’affrontent alors pour obtenir leur charme. Le principe est extrêmement simple, puisqu’il s’agit de placer une vingtaine de cartes en face de chacune d’elles à l’aide de 4 actions possibles par round. Les actions consistent à cacher une carte, en défausser deux ou proposer des répartitions de 3 ou 4 cartes entre les deux joueurs. C’est simple, mais calculatoire, car il faudra calculer les cartes qu’il y a en jeu, celles qui sont encore en pioche et celles qui vous avez en main. Déduction, mais aussi bluff seront les deux éléments du jeu. Un autre aspect intéressant du jeu est que si on doit s’échanger des cartes à placer, c’est que c’est toujours l’adversaire qui choisit en premier… Croyez moi, il faudra bien réfléchir !
Une fois les cartes placées, on décompte les majorités et si un joueur a 4 Geishas ou 11 points de charme, c’est la victoire.
Hanamikoji mêle, à la fois, la simplicité, la réflexion et le bluff d’une manière presque aussi bien dosé qu’un thé préparé par une Geisha…
Ajoutez à cela, de belles illustrations mixant à la fois la tradition et Manga sur des cartes de bonne qualité, vous obtenez alors un très bon petit jeu pour deux joueurs rapide et joli.
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Jeu magnifique et très malin. Dans la lignée des grands classiques que sont Schotten totten, Keltis ou encore Tabula Rasa.