Black Angel (Proto)
SwatSh:
Nous avons eu l’honneur d’accueillir Sébastien Dujardin dans l’antre de Vin d’jeu qui était venu pour nous faire découvrir le prototype de Black Angel.
J’insiste bien sur l’aspect prototype du jeu. Black Angel n’est pas encore terminé, ni au niveau des règles, et encore moins au niveau des illustrations et du matériel qui doivent encore être réalisés. Prenez donc cette chronique pour ce qu’elle est, basée sur une partie du prototype et de la version non définitive du jeu.
Black Angel est un jeu développé dans les studios de Pearl Games par la même triplette d’auteurs que celle du magnifique Troyes: Sébastien Dujardin, Alain Orban et Xavier Georges. Inutile de vous dire qu’on est fan ici à Vin d’jeu. Des jeux comme Troyes, L’Auberge Sanglante, DEUS, Bruxelles 1893, ginkgopolis, Carson City (Notre premier Vin d’jeu d’l’année!) et Palais Royal sont autant de jeux que nous adorons. Autant vous dire que les attentes étaient élevées!
Le thème et sa transposition mécanique
La première chose qui m’a frappée dans Black Angel est la belle façon dont son thème a été transposé dans ses mécaniques. Le monde en est à ses dernières heures et nous montons tous à bord du vaisseau Black Angel qui va nous conduire loin, très loin de notre terre natale.
Le Black Angel est représenté à 2 endroits dans le jeu:
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Sur le plateau Black Angel
Le plateau Black Angel représente l’intérieur du vaisseau où les joueurs vont pouvoir réaliser la majorité des actions du jeu
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Sous forme de figurine sur le plateau « Espace »
Au centre du plateau « espace » se trouve la figurine du Black Angel qui grâce à un ingénieux système de déplacement de tuile, va avancer dans l’espace en s’éloignant de plus en plus de la mère terre.
L’espace est en effet constitué d’une série de tuiles de 5 hexagones en « V » (voir photos). A certains moments du jeu, on va prendre la tuile espace du fond, la retourner et la placer devant. Cela simule bien l’avancée du vaisseau. Ca donne super bien.
Les vaisseaux
La transposition du thème va encore plus loin. Vous allez pouvoir construire des petits vaisseaux que vous allez faire décoller du Black Angel pour coloniser les planètes avoisinantes. En colonisant une planète, vous allez y placer une de vos cartes qui vont vous donner certains avantages et mêmes des actions supplémentaires que seul le colonisateur pourra réaliser.
Enfin, pas tout à fait puisque les petits malins qui poseront leur vaisseau sur les planètes adverses pourront également profiter de leur pouvoir. Magnifique!
Troyes, la belle inspiration
Hé oui, la triplettes de Troyes a décidé de se baser sur une de leurs plus belles réalisations: Troyes! Ils ont en effet emprunté le système des dés de Troyes en le faisant évoluer vers un système plus épuré.
Les joueurs débutent la partie avec 3 dés: un jaune, un blanc et un rouge … (les couleurs pourraient changer). Après les avoir lancés, ils peuvent, contre des ressources, se réserver un ou plusieurs dés (ce n’était pas possible dans Troyes). Les dés réservés ne peuvent pas être achetés par les adversaires.
A votre tour, vous prenez un de vos dés ou en achetez un à un adversaire et réalisez une action avec celui-ci. Les dés ont 4 valeurs possibles: de 0 à 3. Ce nombre indique simplement le nombre de fois où vous allez pouvoir réaliser l’action. Plus de division nécessaire ni de groupement de nombreux dés: un seul dé, d’une seule valeur pour une seule action. On va toujours pouvoir relancer ou retourner son dé contre des ressources, ouf 😉
La fluidité du voyage
Ce qui est également excellent dans Black Angel, c’est que le jeu n’est pas rythmé par des phases et des tours. Chaque joueur joue à son tour jusqu’à la fin du jeu, lorsque le vaisseau amiral aura atteint son but. A son tour, soit on joue un dé (à soi ou acheté à un adversaire) soit on relance ses dés. Dans ce cas, on va regarder combien de dés on va pouvoir lancer de chaque couleur et le vaisseau amiral avance d’un cran.
Ce que j’ai adoré dans ce système de relance de dés, c’est une mécanique qui me fait un peu penser à Deus et à son système de défausse de cartes (l’action prier). Lorsqu’on décide de relancer des dés, logiquement, on va attendre d’avoir utilisé tous ses dés pour relancer les dés dont on a droit. En effet, lorsqu’on relance ses dés, on perd les dés qu’il nous restait. Il y a néanmoins de beaux avantages à les relancer avant ça. En effet, on va gagner des bonus intéressants si on relance nos dés alors qu’il nous en reste un ou 2. Et ce système génial va rendre vos choix encore plus difficiles: j’ai envie de jouer ce dé pour faire ça mais si je relance mes dés maintenant j’aurai alors ceci que je n’aurai pas si j’utilise mon dé…. Choix fort cornéliens et jouissifs mais qui vont d’ailleurs faire quelques fois durer votre tour un peu trop longtemps.
Les actions du vaisseau
Les dés permettront principalement de réaliser des actions dans le vaisseau:
- Récolter la valeur du dé en ressources
- Gagner la valeur du dé en cartes
- Gagner des bonus en terme de capacités ou de PVs (au plus la valeur du dé est élevée, au plus de choix on aura)
- Déplacer un de ses vaisseaux d’un nombre de cases équivalent à la valeur du dé afin coloniser la planète d’arrivée
Les actions des planètes colonisées
Vous pouvez également placer votre dé sur une de vos planètes colonisées. Ces actions sont généralement plus fortes et vous allez certainement les rentabiliser. Surtout que lorsque le vaisseau amiral avance, un peu comme dans The Battle at Kemble’s Cascade, la rangée de tuiles de derrière disparaît et est placée devant le vaisseau. A ce moment, toutes les planètes colonisées de cette dernière rangée sont trop loin du vaisseau amiral pour pouvoir encore apporter leurs bénéfices aux joueurs qui perdent simplement le pouvoir de ces planètes.
C’est une des clés du succès de Black Angel: savoir coloniser les bonnes planètes, se construire une stratégie pour profiter au mieux du pouvoir de certaines colonies jusque lorsqu’elles disparaissent. Il faudra alors se construire une autre stratégie. La majorité de ces stratégies sont des machines à PVs en fonction de certains éléments que vous aller devoir optimiser. Miam miam 🙂
Les actions des cartes
Avant de commencer votre tour (et de jouer un dé), vous allez pouvoir jouer une carte de votre main. Cette carte pourra être jouée de 2 façons. Soit vous augmentez votre niveau technologique d’une des 3 couleurs, soit vous bénéficiez du niveau technologique actuel sans augmenter la jauge.
Et c’est là qu’on frôle le sublime dans les choix tactiques. La technologie jaune vous permet de construire des vaisseaux et de les déplacer, la technologie blanche vous permet de produire des ressources et de les entreposer et la technologie rouge vous permet de construire des robots (j’y reviens). C’est dans ces actions que vous allez optimiser votre tour et votre tactique. Il vous manque une ressource pour réaliser cette action? Vous aimeriez déplacer tel vaisseau pour réaliser telle autre action? Vous vous devez d’augmenter votre technologie pour pouvoir optimiser votre prochain coup?,… C’est ici que de multiples combinaisons s’offrent à vous, que les nombreux choix vont s’entrechoquer dans votre tête et que vous prendrez votre pied de joueur aguerri. On n’est pas à l’abri de l’analysis paralisis, il faudra y être vigilent et prévoir ses coups bien à l’avance.
La gestion
Et les amateurs de gestion ne seront pas en reste. Il y a une multitude d’éléments à gérer dans Black Angel. Outre les ressources bien sûr (il n’y en a que 2 dans le jeu, quand je vous disais qu’il était épuré 🙂 ), vous allez devoir gérer vos cartes, vos dés et … vos robots! Quoi? Je ne vous ai pas encore parlé des robots? Ne ralez pas, je ne vous ai pas encore parlé des aliens non plus 😀
Ce sont les robots qui vont effectuer toutes vos tâches: aller chercher de nouveaux dés, conduire les vaisseaux, coloniser les planètes,… Il vous faudra en avoir toujours assez pour pouvoir exécuter vos actions. Et ce ne sera pas facile, votre gestion sera serrée.
Les aliens eux, vont attaquer votre vaisseau amiral à mesure que vous coloniserez leurs planètes. Ils vont vous mettre des bâtons dans les roues en diminuant le pouvoir de certaines actions ou en désavantageant ou avantageant le joueur avec le plus de ceci ou le moins de cela. Voilà un élément en plus à tenir en compte.
Legacy
Sébastien nous a appris qu’il planifiait de sortir Black Angel en version classique, rejouable à merci, comme tous les jeux en somme. Mais, la grande originalité, c’est qu’il prévoit d’éditer, quelques mois après la sortie de Black Angel, une extension Legacy non destructive du jeu!!! Vous imaginez? De la bombe je vous dis! Bon, tout cela est en cours de développement, c’est à prendre avec des pincettes donc mais c’est clairement une volonté des auteurs. Pour le moment, je suis tellement sous le charme de Fabulosa Fructus et de son unique système de legacy non destructif que j’ai vraiment hâte de voir comment Pearl Games va nous concocter tout ça. Pire, si vous écoutez bien la vidéo ci-dessous, Sébastien parle également d’une version collaborative… On va en manger de l’ange noir l’année prochaine je vous dis! 🙂
Black Angel ou White Demon?
Les deux évidemment. Vous aurez senti dans cette chronique comme le jeu m’enthousiasme. OK il n’est pas encore totalement fini, et il reste quelques petits équilibrages à faire certainement mais dans son ensemble, le jeu est une petite merveille. Il a fait évoluer la mécanique des dés de Troyes vers quelque chose de très épuré, il a un thème fort et bien présent, l’iconographie du proto est déjà bien bluffante, le système d’avancement dans l’espace du vaisseau est tout bonnement génial, la colonisation des planètes apportant des pouvoirs spécifiques aux joueurs en un temps limité est originale et apporte des sensations nouvelles encore jamais vues. Le jeu est profond dans ces nombreux choix cornéliens, ses combinaisons tactiques et ses choix stratégiques.
Black Angel est certainement une des bombes pour joueurs chevronnés à paraitre en 2018 ou 2019. Le rendez-vous est pris 😉 Je vous conseille de ne pas rater le départ du Black Angel!
Ren:
Exercice difficile aujourd’hui, faire une chronique sur un proto! Alors bien sûr il ne s’agit pas de n’importe quel proto, puisque nous sommes ici en présence d’une des dernières créations de Sébastien Dujardin, auteur notamment de Deus et Troyes. Et il s’agit d’un proto déjà bien avancé, selon les dires mêmes de Seb toute la base est là, il reste juste à peaufiner et équilibrer par çi par là (mais c’est souvent une des phases les plus importantes dans la création d’un jeu).
Dans Black Angel nous allons explorer la galaxie en envoyant des vaisseaux découvrir des planètes (vaisseaux que nous avons préalablement achetés) et nous allons combattre des méchants aliens. Et nous allons surtout essayer de marquer un maximum de points de victoire via différents mécanismes (tuiles bonus, actions précises). Le jeu est donc un mélange de placement d’ouvrier et d’utilisation des dés pouvant être modifiés, piqués chez les autres… (reprise du mécanisme de Troyes, en un peu plus épuré).
Au final le jeu tourne déjà tout à fait décemment. Il y a bien sûr l’un ou l’autre serrage de boulon à apporter, mais c’est tout à fait normal pendant la phase de test d’un proto! Un point qui m’a particulièrement plu est le mécanisme de « déplacement » du vaisseau mère dans la galaxie. On envoie donc ses vaisseaux dans la galaxie et celle-ci se « déplace ». C’est-à-dire qu’on va y ajouter une « ligne en plus » devant et en retirer une autre derrière quand un événement précis arrive (on va faire ça une bonne dizaine de fois sur la partie). Bon j’explique très mal mais allez voir dans la vidéo, c’est très clair. L’impact est très important sur les vaisseaux, car lorsqu’on retire une ligne, tous les vaisseaux qui s’y trouvaient sont perdus! Dans certains cas on va être content, car on a par exemple une carte qui permet de marquer des points quand un de ses vaisseaux quitte la galaxie. Mais dans d’autres cas on ne le sera pas du tout car on utilisait un vaisseau pour réaliser une action super rentable, et dès qu’il disparaît ben c’est tintin… Du coup la gestion de l’avancée de la galaxie est assez goûtue (sachant en plus qu’envoyer des vaisseaux là-bas est indispensable pour gagner), car si on peut essayer d’accélérer ou ralentir le mouvement, les autres peuvent le faire aussi… Ca entraîne beaucoup d’interactivité indirecte, il faut tout le temps suivre ce que les autres font.
Bref un jeu prometteur.
Vin d’jeu d’vidéo
La dégustation en 9 minutes par Sébastien Dujardin
Vin d’jeu d’musique
Et une petite nouveauté chez Vin d’jeu, dorénavant, nous vous proposons une musique pour accompagner le jeu présenté. En l’occurrence, ce sera toujours la musique qui aura accompagné une de nos parties du jeu.