Vanuatu (édition 2016) (+ vidéo)
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SwatSh: 8,5/10
Après avoir réédité Massilia (dont nous n’avons eu l’occasion que de jouer à la version prototype), Quined Games continue sur sa lancée et réédite Vanuatu, un autre jeu d’Alain Epron et, n’ayons pas peur des mots, son chef d’oeuvre.
Drôle d’histoire que celle d’Alain Epron.
Un auteur/éditeur de ses propres jeux qui a eu des difficultés à gérer sa maison d’édition Krok Nik Douil et qui a lancé son dernier jeu, Massilia, via le financement participatif. Ce financement a atteint son objectif mais le jeu n’est jamais sorti, laissant les pledgeurs perdre de leur mise. Depuis lors, Alain Epron est sorti des réseaux ludiques et plus personne (ou quasi) n’a entendu parlé de lui… Jusqu’au jour où Quined Games a annoncé la sortie de Massilia. Quined games a alors décidé de donner une boite à tous les pledgeurs du financement participatif. J’ai alors entendu, et je veux bien le croire, qu’en échange de ce geste, Alain Epron a renoncé à ses royalties sur le jeu. C’est un beau geste à souligner, et de la part d’Alain Epron et de la part de Quined Games. Alain Epron a, grâce à cette entourloupe, réussi à sortir la tête haute de cette histoire et à respecter, finalement, ses engagements. Et j’imagine que Quined Games y a trouvé son compte également. Il est temps peut-être maintenant que le loup sorte du bois et qu’il nous fasse des jeux aussi excellents que Vanuatu !
Nouvelle édtion
Et oui, Vanuatu est toujours excellent. Il n’a pas vieilli, ou, je dirais plutôt, il a bien vieilli. Les reproches que je faisais à l’époque sur le matériel ont disparu (ou presque). Quined Games a en effet fait un effort d’édition en améliorant les illustrations, la qualité du matériel et même certaines denrées comme le poisson ou les trésors sont maintenant figuratives et représentent vraiment du poisson ou des trésors plutôt que des rondelles roses ou brunes.
Mes ressentis
Je ne vais pas revenir sur la mécanique géniale de choix d’action du jeu que j’ai expliquée dans notre article sur la première édition de Vanuatu, mais plutôt sur mes ressentis après cette dernière partie. Vanuatu est toujours aussi bon. Même s’il ne propose aucun aspect crescendo, il n’est absolument pas répétitif le long de ses 8 tours de jeu et on ne s’ennuie jamais. Que du contraire. La tension dans Vanuatu est toujours très élevée tant les blocages sont nombreux. Quasi toutes les actions sont des courses entre les joueurs car il vaut toujours mieux être le premier à les réaliser. L’ordre du jeu est d’ailleurs primordial et si vous êtes troisième ou plus loin dans le tour, vous ne pourrez exécuter que très peu d’actions et mieux vaudra vous battre pour être le premier joueur au tour suivant plutôt que d’exécuter une quelconque autre action. Cela va rendre vos tours un peu étranges. Certains tours, vous serez très libres de vos actions car vous serez 1er ou second joueur, et d’autres nous ne pourrez réaliser qu’une ou 2 actions maximum.
La montée des eaux
Cette seconde édition de Vanuatu comprend également l’extension, la montée des eaux. Cette extension change radicalement le jeu. Tous les 2 tours, il va y avoir une montée des eaux qui va inonder les îles de l’archipel. Chaque tuile île va recevoir un jeton montée des eaux par tuile mer qui la borde auquel on retire le nombre de digue construit. L’action construction de cabane se voit enrichie de la possibilité de construire une digue pour 1 Vatu. Si, par exemple, une tuile île est entourée de 4 tuiles mer et que cette île a 1 digue, elle recevra 3 jetons inondation lors de chaque montée des eaux. Lorsqu’une île a 5 jetons inondation, elle est totalement submergée et disparait de la carte. Tout est retiré de la tuile : cabanes, touristes, dessins,… et la tuile est remplacée par une tuile mer. C’est dévastateur ! Mais ça change bien la façon de jouer à Vanuatu où, dans la version de base, on a clairement intérêt à construire des huttes. Avec l’extension, vos constructions de huttes seront plus parcimonieuses et vous devrez vous concentrer pour les protéger contre les inondations. De plus, à la fin du jeu, les joueurs vont perdre des PVs pour chaque jeton inondation situé dans les îles où il a au moins une hutte. J’aime autant vous dire que vous n’allez plus construire à tire larigot et qu’il faudra bien gérer vos constructions. De plus, si 3 îles ont été submergées, tous les joueurs perdent le jeu. Ce système est génial car c’est la première fois que je vois qu’il marche. D’habitude, avec ce système, un peu comme dans Archipelago, le dernier joueur va souvent saboter le jeu en préférant que tout le monde perde plutôt que lui tout seul 😉 Dans Vanuatu c’est différent car le suspense pour la victoire est entier et on ne sait jamais vraiment savoir qui va l’emporter. Les joueurs qui s’estiment être dans la course vont donc contribuer au bien commun et veiller à maintenir Vanuatu au-dessus de l’eau !
Conclusion
On rêve d’un Vanuatu avec encore du plus beau matériel (des dessins de tortue en bois et des ressources en bois figuratives auraient été génial), mais ne boudons pas notre plaisir tant cette nouvelle édition est une réussite. On pestera légèrement sur les règles Françaises pas toujours claires et un petit tour sur les forums et sur la règle anglaise seront nécessaires pour éclaircir les zones d’ombre. La petite extension de montée des eaux est excellente tant elle change la façon d’y jouer. Vanuatu reste un super jeu et a bien vieilli donc. Reste plus qu’à y jouer sur place et nous serons des joueurs comblés 😀
Ah, Vanuatu! Sa première édition nous avait bien séduits!
Celle-ci tout autant. Même mécanique avec un design amélioré. Les hexagones sont en effet plus beaux, les coffres et poissons sont plus dignes de leurs noms. Pas de changement par contre pour les touristes et les dessins de tortue. Les emplacement sont par contre un peu moins visibles.
Cette deuxième édition inclut également une extension. Celle-ci alourdit pas mal le jeu et pourrait limiter les choix. Il s’agit de simuler la montée des eaux suite à la pollution grandissante. Tous les 2 tours, l’eau montera jusqu’à submerger les îles. Pour éviter cela, il faut construire des digues. On ne sait en construire qu’une fois par tour, avec l’action « construire ». Le problème ici est que, seul, il sera très, très difficile de sauver une île. Il est donc quasi certain que l’île de départ ne survive pas.
Dans le cas où trois îles sont submergées, tous les joueurs ont perdu. Dans notre partie, on peut remercier Pascal d’avoir évité cela, même s’il savait avoir perdu la partie. Et je peux comprendre son raisonnement: passer plus 2 heures pour terminer par: « on a tous perdu », est assez frustrant.
Cette extension change bien évidemment la manière de jouer. On investi sur une île car on a besoin de ça pour faire d’autres choses, même si cet investissement risque d’être limité dans le temps. Cela ajoute une tension non négligeable mais alourdit aussi le jeu et oriente pas mal le choix des personnages.
Pour le renouveau du matériel, Vanuatu nouvelle édition est à recommander. L’extension permet de varier la réflexion du choix des personnages et des actions.
Tapimoket: 8/10
Bon… Inutile de vous faire un dessin, le jeu est vraiment plus joli que sa version de 2011. Une superbe boite avec un effet relief pour son titre, de très belles illustrations et des ressources en bois, il fallait bien cela pour lui donner un effet « Luxe ».
Pourtant, le luxe, vous ne l’aurez pas dans le thème ! Vous serez pauvre, et ce sera dur ! En effet, Vanuatu est un jeu pour joueur expert dans lequel vous allez devoir développer votre petit commerce tant bien que mal dans un flux très tendu. On a bien un voilier, mais ce sera plutôt la galère.
Pour arriver à accumuler des points de prospérité, vous allez devoir jongler entre le commerce de marchandises avec des bateaux, le tourisme, et faire des dessins dans le sable. Non, les dessins ne sont pas une blague, c’est même une des spécialités de Vanuatu ! (Merci Wikipédia). Mais clairement, c’est le tourisme et la construction de cabane qui rapporteront le plus de points.
Mais avant de rentrer dans quelques détails, parlons de la mécanique de Vanuatu. Le jeu s’appuie sur deux éléments importants :
Le principal sera la programmation des actions. En effet, après une phase de mise en place en début de manche (Remise en place de ressources, arrivée de touristes et ajout de nouvelles tuiles pour agrandir la zone de jeu), chaque joueur va choisir des actions parmi 9 possibles. Pour cela, nous aurons 5 jetons à poser sur des cases d’action. On en posera deux tout de suite, en un tour de table, puis deux autres, et enfin un dernier tour de table pour y mettre le cinquième. Il faudra ensuite, chacun son tour, en réaliser une parmi celles qu’on a choisit. Mais pour cela, il sera nécessaire d’être le majoritaire, en jetons posées sur l’action, ou, en cas d’égalité, être le premier dans l’ordre du tour. Si vous ne remplissez pas cette condition sur au moins une de vos actions, vous allez devoir retirer vos jetons de l’une d’elles sans l’exécuter, et ensuite pester un bon coup sur les adversaires qui vont auront bloqué ! Bien entendu, une fois vos jetons retirés an ayant fait (ou pas) l’action et que d’autres joueurs se trouvent dessus, il y aura une nouvelle majorité sur celle-ci. J’avoue que c’est peut être un peu confus à comprendre, mais en résumé, Vanuatu est un jeu d’actions par majorité et blocage. On comprendra que tout le sel, pas celui de la mer mais celui du jeu, tient dans la programmation de vos actions.
Le second élément important du jeu, est la possibilité de choisir un personnage qui vous donnera un bonus allant du simple gain de points supplémentaires ou d’argent, jusque la possibilité de bouleverser des majorités sur des actions…. Perturbant !… Ce choix de personnage se faisant avant de programmer vos actions, il faudra y penser au moment de poser ses jetons.
Vous l’aurez compris, Vanuatu, malgré son thème paradisiaque, est un jeu très subtil avec beaucoup de contraintes et de luttes de majorité pour réaliser ses actions. C’est d’autant plus perturbant que certaines actions ne pourront être réalisées que si vous avez réussi à en faire une autre juste avant. Il faut juste espérer que personne ne vous bloque… Le paradis peut vite se transformer alors en véritable casse tête, et chaque pose de jeton demandera réflexion et anticipation. A 2 ou 3 joueurs, le jeu sera moins contraignant et donc plus optimisé.
Du coup, avec son système de majorité / contrainte, je m’interroge sur une diffusion par les distributeurs francophones qui risquent d’être frileux avec ce système. Et c’est dommage, car même ce style de jeu trouve son public.
Personnellement, j’y joue avec plaisir car il est très subtil et le thème est vraiment présent, mêlant le voilier, la pêche, la recherche de trésors, la construction de cabanes, la visite des touristes et le petit commerce d’exportation.
Le jeu demande pas mal de réflexions pour bien programmer ses actions et s’adresse aux joueurs experts ou ayant une certaine habitude dans les jeux. Bien entendu, il faudra accepter de se voir rafler des actions ou d’être contraint, voir même de perdre toute une stratégie durant une manche. C’est la seule raison pour laquelle je ne lui accorde pas une note suprême, mais je la rehausse grâce à un matériel soigné, bien illustré, avec de petits poissons et des coffres au trésor en bois.
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