El Grande Big Box
Auteur(s): Richard Ulrich, Wolfgang Kramer
Illustrateur(s): Doris Matthäus
Editeur(s): Filosofia
Distributeur(s): Asmodee
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SwatSh: 8/10
La récente sortie de la Big Box d’El Grande était l’occasion pour nous de nous pencher sur ce fleuron ludique moderne.
Enfin moderne, pas tout à fait 😉 El Grande est sorti il y a tout juste 20 ans, en 1995 ! A l’époque, il a fait fureur. Non seulement grâce à ses prestigieux prix du Spiel des Jahres 1996 et du Deutscher Spiele Preis 1996, non seulement grâce à la renommée d’un de ses 2 auteurs (Wolfgang Kramer) mais surtout grâce à sa mécanique novatrice de jeu de majorité et tout cela avec des règles très simples qui tiennent sur une double page recto-verso.
Cette boite « big box » comprend le jeu de base ainsi que les 5 extensions sorties. La boite présente un très beau thermoformage permettant de ranger et trier chaque pièce du jeu et de ses extensions. Le matériel est amélioré puisqu’on a ici droit à de très jolis petits meeples à la place des horribles petits cubes en bois 🙂
Et, même si, depuis lors, de nombreux jeux de majorité sont sortis, sa mécanique centrale reste, encore maintenant, très originale et unique. Le plateau représente l’Espagne au 15ème siècle découpée en différentes provinces, chacune apportant des points différents pour les 3 premiers joueurs majoritaires dans la province. El Grande se joue en 9 tours séparés tous les 3 tours par une phase de scoring où les joueurs majoritaires dans chaque région vont gagner des PVs.
Un tour de jeu est divisé en 2 phases. Lors de la première, chacun à son tour va jouer une de ses cartes (on a tous le même paquet de 13 cartes dont la valeur va de 1 à … 13 !!! Bravo, y’en a 2 qui suivent 🙂 ). Celui qui aura joué la carte de plus haute valeur sera le premier joueur. Mais ce n’est pas tout. Les joueurs vont devoir gérer 2 stocks de meeples. Le stock général et leur stock personnel. Lorsqu’ils veulent placer leurs meeples sur une province Espagnole, ils ne pourront les prendre que de leur réserve personnelle. Il va donc falloir en avoir en suffisance dans son stock perso. La carte qu’on joue ici présente 2 informations : sa valeur déterminante pour l’ordre de jeu et le nombre de meeples qu’on peut transférer du stock général à son stock perso. Au plus la valeur de la carte est petite, au plus le nombre de meeples à transférer est élevé. Cette gestion du stock n’est pas très tendue. C’est assez facile d’avoir suffisamment de meeples à sa disposition. Néanmoins, comme être premier offre un avantage certain, le dilemme est bien là entre avoir suffisamment de meeples dans son stock et vouloir être premier dans l’ordre du tour. Voilà déjà un premier choix pas toujours évident.
La seconde phase est la phase d’action à proprement parlé. Et là, c’est tout bonnement fabuleux. On va dévoiler 5 cartes action qui seront différentes à chaque tour (sauf une). Chacun à son tour choisira une des cartes action et l’exécutera. Et c’est ça qui est fabuleux. Pas question ici de choisir une action parmi 5 toujours les mêmes. Non, à chaque tour, les actions seront toujours différentes. Etre en premier offre le sérieux avantage de pouvoir choisir sa carte action en premier. Mais être dernier n’est pas pour autant désavantageux car ça peut permettre de remporter certaines majorités… C’est là aussi qu’El Grande est sublime. La majorité des jeux de majorité ( 😀 ) donnent un avantage certain au dernier joueur. Dans El Grande, cet avantage est contrebalancé par le choix de la carte action. Et cet équilibre est magnifique car certaines parties pourront être remportées par le joueur ayant joué un maximum de fois en premier et d’autres plutôt par le dernier. Bravo.
Les cartes action quant à elles permettent de placer un certain nombre de meeples de votre stock sur le plateau et offrent, en plus, un autre bonus. Ces bonus peuvent être hyper puissants : retirer de nombreux meeples d’une province, en déplacer,… De façon générales, ces cartes sont hyper puissantes et la physionomie du plateau va considérablement changer après le jeu d’une carte. Ça donne un côté fun mais également chaotique. Un joueur peut prendre plusieurs majorités grâce au jeu de la carte tandis qu’un autre peut se refaire par après grâce à une autre. Le choix de la carte et de comment l’exécuter est d’ailleurs primordial pour la victoire.
Cette Big Box va vous donner l’occasion de jouer à de nombreuses parties différentes grâce aux 5 extensions incluses dans la boite. Malgré son côté chaotique, El Grande séduit grâce à ses originalités qui n’ont pas pris une ride, ses choix toujours difficiles, le parfait équilibre des avantages de chaque place dans l’ordre du tour et le fun des parties. El Grande est et reste ze référence en terme de jeu de majorité. Si vous ne devriez n’en avoir qu’un, ce serait celui-là, le grand El Grande !
Ren: 8/10
El Grande, un des jeux légendaires dans le monde du jeu de société, un de ceux qui ont fait basculer le dit monde du côté… lumineux de la force (raté! 😉 ). Un de ceux qui nous ont permis d’arrêter de jouer au Monopoly et à la bataille. Sauf que, pas de chance, il ne m’a rien permis du tout, vu que je n’y ai jamais joué! Diantre, ciel, malédiction, qu’allais-je devenir? Allais-je rôtir en enfer pour le restant de mes jours? Heureusement pour moi, SwatSh est venu à la rescousse en proposant de jouer à El Grande. Et plus exactement à El Grande Big Box (tout ça pour montrer que c’est lui qui avait la plus grosse boîte, encore une partie de « c’est moi qui pisse le plus loin« , un jeu que Swa adore).
Mon âme était sauvée donc, quid de ma satisfaction ludique? Et bien elle s’en sort pas mal non plus, comme vous allez en juger. El Grande est à la base un jeu tout ce qu’il y a de plus classique de majorité. Classique en tout cas aujourd’hui, il était peut-être / sans doute plus novateur à l’époque de sa sortie il y a 20 ans. Et jeu de majorité donc, dans lequel on va essayer de contrôler les provinces de l’Espagne avec ses caballeros. Le jeu se déroule en 9 tours, avec 3 décomptes (tous identiques) après les tours 3, 6 et 9. Au début de chaque tour chaque joueur choisit (secrètement) une de ses cartes pouvoir. Tous les joueurs ont les mêmes, elles sont numérotées de 1 à 13. Les cartes vont déterminer deux choses: le nombre de caballeros qu’on pourra déplacer lors de sa phase de jeu (cfr plus bas – sur chaque carte il y a un nombre de caballeros indiqué, avec un lien plus ou moins inversément proportionnel au niveau de la carte. Sur la carte 1 il y a 6 caballeros, sur les 2 et 3 il y en a 5… sur les 10 et 11 il y en a 1 et sur les 12 et 13 il n’y en a pas). Et l’ordre dans lequel les joueurs vont jouer leur phase de jeu (le joueur ayant choisi la carte la plus forte joue en premier, puis le deuxième plus fort…). Il est évident qu’une fois que la carte est jouée elle est défaussée et vous ne pourrez plus la jouer de la partie. Donc il faut bien gérer sa main pour garder des cartes fortes et des faibles (qui donnent beaucoup de caballeros donc…).
La phase de jeu ensuite, se déroule comme suit:
1. le joueur dont c’est la phase ramène autant de caballeros de la province qu’indiqué sur sa carte pouvoir vers sa cour (traduction terre-à-terre pour les plus demeur… les moins perspicaces d’entre nos lecteurs: il prend dans la réserve autant de meeples que le chiffre indiqué sur la carte pouvoir choisie juste avant, cfr ci-dessus, et il les met devant lui, prêts à être utilisés).
2. il choisit une carte action. Il y a 5 piles numérotées de… (si si allez-y, faites-vous plaisir) 1 à 5. Chaque carte action permet 2 choses: déplacer autant de caballeros qu’indiqué par le niveau de la carte (niveau 1 = 1 caballero…) depuis sa cour vers les provinces (traduction terre-à-terre pour les plus demeur… les moins perspicaces d’entre nos lecteurs: il prend devant lui autant de meeples que le chiffre indiqué sur la carte action choisie juste avant, et il les met sur la plateau, en respectant des règles que je vais mentionner d’ici quelques instants, le suspense est à son comble). Et exécuter l’action spéciale mentionnée sur la carte (j’y reviens).
3. et 4. (ou 4. et 3., comme il veut) il place ses caballeros sur le plateau et il réalise l’action spéciale. Deux possibilités pour le placement: soit sur une province adjacente à la province dans lequel se trouve le roi. Soit dans le castillo. Et une interdiction: jamais on ne peut placer un caballero sur la province où se trouve le roi (ni déplacer, ou manger, ou casser, ou retourner un caballero qui s’y trouve déjà… bref on ne touche pas). Pour l’action spéciale, il y en a plein de différentes (il y a 45 cartes actions en tout). Mais on peut les résumer comme suit: il y a des cartes qui permettent de placer des caballeros, d’autres de les déplacer (les siens ou ceux des adversaires), d’autres de renvoyer des caballeros adverses à la maison, d’autres encore d’effectuer des décomptes intermédiaires pour une ou plusieurs régions, et une dernière, très importante, qui permet de déplacer le roi.
5. on défausse les cartes actions jouées, on met celles non jouées en dessous de leur pile respective et on en met 5 nouvelles.
On fait ça 9 fois, on fait 3 décomptes en passant et hop, l’affaire est dans le sac! Comment se passent les décomptes? En 4 phases:
1. chaque joueur choisit secrètement une région (qui va servir en 3)
2. on décompte le castillo (comme si c’était une région). I.e. on regarde qui a la plus de caballeros et ce dernier marque autant de points qu’indiqué par le marqueur de points pour le castillo. Puis le deuxième joueur qui en a le plus et ainsi de suite (sachant que la plupart des régions ont des marqueurs qui offrent des points pour les 3 premiers, avec des répartitions du genre 5/3/1 – 6/3/1 – 4/2/1)
3. chaque joueur met tous ses caballeros qui se trouvaient dans le castillo dans la région qu’il a secrètement choisie
4. on décompte toutes les régions comme en 2
A la fin celui qui a le plus de points est la malabar en chef, le maousse costaud (ou costo pour les plus cultivés parmi vous), le magna maximus principus, le mufti royal, le, le, le… si si vous l’avez sur le bout de la langue… El Grande bien sûr!
Verdict: pas mal du tout. Le jeu fonctionne toujours tout à fait correctement, et est plaisant à jouer. Il est très simple, dans le sens « pas de règles alambiquées, pas de cas spéciaux tordus, pas d’exceptions exceptionnelles ». Donc fluide. Mais je ne vais pas mentir, ce n’est pas non plus à mon sens un chef d’oeuvre historique comme j’ai déjà pû le lire ça et là sur des sites probablement nettement moins bien informés que Vin d’Jeu. Il y a en effet quelques aspects qui me plaisent moins: tout d’abord c’est un « pur » jeu de majorité, ce qui n’est pas vraiment ma tasse de thé (mais ça c’est personnel, je vous l’accorde). Ensuite le matériel est relativement... quelque peu… un petit peu… subjectivement… objectivement… moche. Pas rédhibitoire me direz-vous. Ben non. Mais moche quand même. Et enfin on ne peut pas dire qu’on soit dévoré par une passion incandescendante pendant la partie (ça arrive rarement, je vous l’accorde derechef, décidément je vous accorde beaucoup de choses aujourd’hui, mais voilà ce n’est en tout cas pas arrivé avec El Grande). Donc au final un bon petit jeu que je suis content d’avoir découvert.
Tapimoket: 7/10
Le jeu est bon en soit… Rien à dire. Mais j’ai trouvé que la réédition manquait un peu de « lifting » malgré un effort sur la tour et des meeples au lieu de simples cubes.
C’est un jeu à posséder si vous aimez les jeux de majorité et si vous rêviez de l’avoir dans votre ludothèque.
Un jeu el Grande, une boite el grande, une réédition pas vraiment el grande par rapport à la version précédente d’un point vue matériel.
Un des meilleurs Muscat au monde, celui de Rivesaltes!
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Un chef d'oeuvre enfin entièrement en Vf !
Dommage que la tour à dés soit plus cheap que l'ancienne.
De plus, les cubes me manquent, mais là, c'est très subjectif.