Historia
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SwatSh : 8,5 /10
Avec l’extension Port de l’excellent Descendance (Vin d’jeu d’l’année 2012) et le très bon jeu d’ambiance Animal Suspect, Historia était la grande nouveauté d’Essen de Gigamic et de son auteur, Marco Pranzo qui n’est pas un inconnu puisqu’il a déjà réalisé l’excellent Upon a Salty Ocean.
Plateau & matériel
La première chose qui frappe dans Historia est son plateau hors du commun : une carte du monde minuscule et un tableau excel qui prend toute la place du plateau. Même si la beauté n’est pas au rendez-vous, l’originalité, elle, l’est, ce qui attire indéniablement le regard de geek qui sommeille en nous 😀
A noter que la qualité des cartes laisse à désirer et si vous voulez y jouer souvent, je vous conseille de plastifier au moins toutes les cartes action & personnages (+/- 90 cartes). Il y a également une petite erreur d’impression au dos de certaines cartes personnages, pas trop gênante pour le jeu mais un peu perturbante lors de la mise en place.
Les 2 échelles
Historia est un jeu de civilisation assez proche de Nations par le fait qu’il propose une évolution sur 2 échelles : celle de la puissance militaire et celle de la technologie. Et, tout comme dans Nations, mieux vaut avoir une très bonne puissance militaire si on veut pouvoir l’emporter.
Si vous regardez le plateau, vous voyez une sorte de tableau excel sur lequel évolue un pion de chaque joueur. Au début du jeu, ils sont tous empilés sur la case du bas à gauche. Au plus votre pion se déplace vers la droite, au plus son niveau technologique augmente. Au plus votre pion se déplace vers le haut, au plus vous progressez sur l’échelle militaire.
Les avantages de l’échelle technologique sont que vous allez pouvoir gagner des actions plus puissantes, certains petits bonus et surtout le possibilité de jouer 2 actions au lieu d’une à son tour (cette techno est indispensable) et encore plus loin 3 actions.
Les avantages de l’échelle militaire sont que vous allez pouvoir gagner certains petits bonus mais surtout que vous allez pouvoir mieux vous étendre sur la carte du bas à droite du plateau qui est une source considérable de PVs qui peut faire la différence.
Jeu sans hasard
Mais la comparaison avec Nations s’arrête là car Historia est beaucoup moins sujet au hasard, je dirais même qu’il en est quasi 100% exempt. Ca donne un jeu plus froid (le plateau n’aide pas 😉 ), moins varié mais également plus contrôlable et beaucoup plus réfléchis. Hé oui, il y en a de la réflexion dans Historia, tellement que la durée du jeu s’en ressent (2h20 de jeu). Mais, chose étonnante, on ne voit pas le temps passer ! Non, car le système de base est un choix simultané d’action durant lequel a lieu toute la réflexion de chaque tour. Et comme tout le monde réfléchit en même temps, cela passe beaucoup mieux car il n’y a pas de temps d’attente (ou très peu). Franchement, même si le système de choix simultané d’action n’est pas nouveau, la transposition dans un jeu plus stratégique a été très bien orchestrée et tourne à merveille. De plus, ce système permet d’y jouer jusqu’à 6 joueurs sans perte de vitesse : bravo !
Système de choix simultané
Et ce système de choix simultané d’action offre des originalités vraiment intéressantes :
– Ce que je n’aime souvent pas dans ce type de choix simultané (qu’on peut retrouver dans Norenberc par exemple) c’est qu’il y a du double guessing (on doit deviner ce que l’autre va jouer pour agir en conséquence mais l’autre sachant qu’on va faire une action pour le contrer dans l’action qu’il va faire va choisir une autre action qui va contrer celle qu’on allait faire pour contrer la première, alors je vais choisir une autre action mais lui alors peut réaliser l’action qu’il comptait réaliser et donc quelle action va-t-il choisir non de diaaaaable ????). Dans Historia, il n’y a aucun double guessing. Mais ce n’est pas pour autant que l’action des autres joueurs n’est pas importante et on va essayer de la deviner mais sans que cela ait une trop grande influence sur l’action qu’on choisira (on pourra toujours l’exécuter quoique l’autre joueur fasse). Bon, si on choisit une action de combat, ce n’est pas toujours le cas en fonction de l’ordre du tour mais les joueurs sont alors bien conscients qu’ils prennent un risque et ils sont libres de le prendre ou non.
De plus, grâce au système de cartes actions, on peut tenter de deviner ce que le joueur va faire tout en étant sûr de ce qu’il ne peut plus faire :
– Chacun a 10 cartes action et en joue 1 à chaque tour. Un peu comme dans le très bon Havana ou OddVille, les cartes action jouées précédemment ne sont pas récupérées et sont donc indisponibles pour le joueur qui ne pourra pas exécuter ces actions-là tant qu’il ne les aura pas récupérés en main grâce à une action ou à un effet de fin de tour. Et cette mécanique impose une très bonne gestion de ses cartes action. Si on veut, en fonction de sa stratégie, exécuter certaines actions plus souvent que d’autres, on va devoir extrêmement bien gérer ses propres cartes actions pour pouvoir récupérer celles qu’on veut plus souvent que les autres. Il existe quelques systèmes qui vont vous aider tels qu’une carte action permettant de récupérer une carte jouée, mais aussi certains effets de fin de tour, de technologie ou autres qui permettent de récupérer la dernière carte jouée ou la plus ancienne. Tous ces effets sont prévisibles et il vous faudra bien les prendre en compte dans vos choix d’action.
Gestion de ressource
Outre cette gestion de cartes action, vous allez également devoir bien gérer vos ressources. La grande particularité d’Historia est qu’il n’y a (vraiment 😉 ) qu’une seule ressource qui va vous servir pour une multitude de chose et qu’il va vous falloir gérer à la perfection car les actions permettant d’en gagner vous font perdre du temps alors que grâce à des actions automatiques vous en gagnerez également. Rien de plus frustrant que de gagner 0 ressource automatiquement parce que vous en avez gagné par une action alors que vous auriez pu vous en passer car, comme déjà écrit, tout est prévisible et donc jamais surprenant !
L’aléatoire
L’aspect « chance » qui donne de la variété au jeu est réparti sur 3 éléments :
– Chaque joueur représente une civilisation et reçoit 5 cartes personnages uniques de sa civilisation en début de partie. Au cours de la partie, il pourra en piocher quelques-unes. En général, ces personnages permettent de réaliser certaines actions de manière plus efficace.
– Une fois tous les 2 tours, on rafraichit les cartes merveilles disponibles à l’achat. Ces cartes donnent des petits bonus intéressants en cours de partie.
– 3 fois durant le jeu (une fois par ère, Historia ne déroge pas à la sacro-sainte tradition des 3 ères comme dans 7 Wonders 😉 ), les joueurs recevront une carte leader leur donnant certains objectifs à atteindre en terme de technologie, militaire, merveille,… Si les joueurs les atteignent à la fin de l’ère en cours, ils gageront des points bonus.
Mais ces 3 éléments sont loin d’être déterminants et leurs pouvoirs sont limités si bien qu’ils apportent de la variété sans jamais pouvoir affirmer qu’ils permettent la victoire. Chapeau !
Historia est un jeu de civilisation qui séduit. L’absence d’aléatoire en fait un jeu légèrement froid mais extrêmement bien abouti et réfléchi. Il est long mais on ne voit pas le temps passer. Il est dommage de voir qu’une nouvelle fois, l’aspect militaire est plus important que les autres et qu’il va bien souvent conditionner la victoire obligeant par là-même les joueurs à se développer à outrance dans cet aspect. A noter que la variante « Civbots » permet d’amoindrir cette suprématie. Malgré ça, les choix sont succulents et la vue long terme nécessaire et curiale. Les cartes apportent de la variété au jeu mais sont tellement bien équilibrées que le jeu risque d’avoir une durée de vie plus limitée que celle des autres jeux de civilisation. Historia n’est pas simple sans être pour autant compliqué et une fois les règles assimilées, le jeu en lui-même est assez facile grâce notamment à une multitude d’icônes dans tous les sens compliquant légèrement les choses mais rappelant surtout les différents éléments de règle. La gestion de l’unique ressource ainsi que de ses cartes action est succulente et en font un très bon jeu de civilisation indispensable pour tout amateur du genre.
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Dan : 8,5/10
Disons-le tout de suite : ne vous arrêtez pas à l’apparence du plateau ! On dirait un jeu des années 80 avec une centaine d’instructions de prime à bord complexes à comprendre.
Au final, le jeu est bien huilé et agréable à jouer. Quelques points communs avec Nations dans les concepts même si le jeu est en soi tout à fait différent.
Pas de hasard, une bonne interaction, une durée de jeu adéquate et une stratégie à tenir.
Bref, beaucoup de positif, même si le jeu n’est pas parfait : la puissance militaire est sans doute un peu prépondérante et les stratégies de jeu ne sont peut-être pas très variées.
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