Spiel 2020: Vin d’jeu d’compte rendu


Comme chaque année nous voici de retour après 2 jours de folie passés à la mecque de tout fan de jeu de société qui se respecte, j’ai nommé le Spiel himself! 2 jours de pur bonheur ludique, comme d’habitude ai-je envie de dire. Mais 2 jours de surprises aussi, car il y a eu pas mal de changements cette année par rapport aux éditions précédentes. Nous qui allons au Spiel depuis de (très très) nombreuses années, nous pouvons témoigner que cette édition sortait de l’ordinaire à tous points de vue. Manifestement les organisateurs avaient décidé de chambouler tout le programme, faisant sortir les joueuses et joueurs de leur train-train habituel. Au final beaucoup ont regretté le format des années précédentes, nul doute que les organisateurs reviendront bien vite au format « classique » ayant fait la légende du Spiel.

Pas mal de changements disais-je, voyons ça d’un peu plus près.

Localisation

D’abord et avant tout, et c’est peut-être le changement le plus marquant et le plus surprenant, le Spiel ne se déroulait pas à Essen cette année. Si si vous lisez bien. Malgré son caractère, disons, peu touristique, Essen était connu de toutes et tous dans le monde ludique. Pas une joueuse n’aurait imaginé le Spiel se dérouler ailleurs qu’à Essen un jour, tant Essen et Spiel étaient synonymes l’un de l’autre. Et pourtant c’est bien ce qui s’est passé en 2020. Pour des raisons inconnues, le Spiel a été délocalisé à Laekghien, en Belgique. Bizarre.

Organisation

Outre ce choix surprenant de localisation, les organisateurs avaient « poussé le bouchon » encore plus loin en réservant 2 centres de conférence différents pour le jeudi et le vendredi (je ne sais pas ce qu’il en était pour le weekend, vu que nous sommes rentrés vendredi soir comme d’habitude). Ce choix étrange, qui s’ajoutait à la localisation inattendue, a certainement dû dérouter plus d’un joueur.

Par dessus le marché ces centres de conférence étaient (beaucoup) petits que le Messe. Heureusement quelque part car, et c’est un des enseignements marquants de cette édition, la fréquentation était en très nette diminution. C’est bien simple, nous n’avons fait aucune de nos rencontres habituelles avec nos camarades bloggueurs, les autrices et auteurs de jeux, les éditrices et éditeurs, les fidèles lectrices et lecteurs… Disons carrément que nous n’avons croisé personne du tout, les salons étant complètement vides à part nous deux.

Last but not least, les organisateurs imposaient aux participants de conduire des enfants à divers endroits pendant la journée (principalement le matin et en fin d’après-midi). Vraiment très spécial comme règle mais c’était une obligation pour pouvoir entrer donc nous avons dû nous y plier.

Always look at the bright side

Soyons de bon compte, il y a quand même eu des changements positifs dans tout ce bouleversement.

Tout d’abord ils ont pris 4 niveaux d’XP en une fois au niveau de la restauration. Le premier jour ils avaient commandité un vrai pizzaiolo Italien qui a livré de succulentes pizzas. Et le 2ème jour ils avaient carrément recruté un cuisinier « maison » qui préparait des plats savoureux en direct. Le tout agrémenté les 2 jours de desserts à tomber par terre. Un saut qualitatif incroyable! J’ai écrit dans un article dans le passé qu’on s’en fichait de la nourriture au Spiel car ça faisait perdre du temps pour jouer. Mais force est de reconnaître que quand c’est bon, c’est bon!

Ensuite l’aspect plus aéré des salons, et la diminu… la faible prés… l’absence totale de monde a fait que nous avions toujours une table disponible pour jouer. Nous n’avons pas eu besoin de faire 4 fois le tour du Messe pour trouver une table libre. Appréciable!

Enfin la diminu… la faible prés… l’absence totale d’éditeurs et de magasins a fait que les tentations et les achats compulsifs ont été réduits à leur plus simple expression! D’un côté la fibre impulso-ludico-récompentionnesque est (très) légèrement frustrée. De l’autre le portefeuille lui dit un grand « merci »!

Et au niveau des jeux?

Evidemment, vu le caractère beaucoup plus ramassé du Spiel, nous n’avons pas pu voir, sentir, toucher, goûter, renifler, humer, tester autant de jeux que d’habitude. En plus nous avons remarqué la présence de nombreux jeux « anciens » (parfois « vieux » d’1 an ou 2, parfois plus). En vrac et sans ordre particulier voici quelques spécimens dont nous avons pu ouvrir le capot:

Majolica, chez Blue Magpies: un jeu de construction de poteries colorées, mélangeant choix de tuiles, collection, recyclage, planificatoin, objectifs… avec 1 ou 2 mécanismes originaux, très bon.

7 Wonders Duel, extension Agora, chez Repos Prod: la grosse sortie des Belges au Sombrero. Antoine Bauza et Bruno Cathala complètent leur hit avec une extension qui fera penser à Turmoil pour Terraforming Mars, puisqu’on va recruter des sénateurs pour soit s’attirer les faveurs de différentes chambres au Parlement, soit comploter (et en tirer des bénéfices évidemment).

50 Missions, chez Oya: un mélange entre le Uno et The Crew. Vous allez devoir réaliser des missions (« à la The Crew ») en plaçant des cartes selon les mécanismes du Uno. Le tout en collaboratif. Plus simple que The Crew (est-ce possible railleront certains mauvais esprits), pas besoin de maîtriser les jeux de pli pour y jouer et en tirer du plaisir. Très familial mais très réussi dans ce créneau.

The Castles of Tuscany chez Alea: première partie en ce qui me concerne. Même esprit que les châteaux de Bourgogne, mais sans dés et plus épuré. Une seule partie donc soyons prudents mais à priori je le pense mieux réussi que son aîné (enfin une iconographie lisible chez Feld oserais-je railler), plus aligné avec sa cible et les sensations ludiques que ce type de jeux offre. A confirmer.

Egizia, chez Hans Im Glück (et oui j’ai la version Teutonne): des années après toujours aussi bon, ces auteurs (Coimbra, Lorenzo il Magnifico, Terramara…) sont vraiment des grands!

Palais Royal, chez Filosofia: des années après, toujours aussi bon, Xavier Georges (Troyes, Carson City, Ginkgopolis, Black Angel…) est vraiment un grand!

Mini Express, chez Moiadeas Game Design: un jeu de trains avec un mécanisme assez original et astucieux qui vous présente un dilemme à chaque tour. A voir au niveau de la rejouabilité. Probablement mieux à 3 joueurs et plus.

Mysterium Park, chez Libellud: le petit frère du grand. Plus épuré, plus léger, plus rapide à sortir, mêmes sensations, même philosophie, mêmes illustrations magnifiques (Libellud…) dans un nouvel écrin (parc d’attractions). Si vous adorez le grand frère vous allez adorer le petit. Et le contraire sera vrai aussi.

Rome & Roll, chez PSC Games: un gros jeu caché derrière le « filon » roll & write. Vous croyez acheter un brave petit jeu avec 100 feuillets pour remplir votre OXO habituel? Passez votre chemin, nous avons ici un jeu de gestion avec des ressources, de la construction de bâtiments, de la guerre, du développement de routes commerciales avec Rome… bref du lourd derrière son visage angélique de roll & write.

Verdict du jury?

Au final cette édition 2020 du Spiel restera dans les annales pour son côté inhabituel et surprenant. Nous y avons pris beaucoup de plaisir, c’est sûr! Mais ce qui est tout aussi certain, c’est que nous préférons la formule « habituelle ». Et mon petit doigt me dit que c’est le cas de pas mal, non beaucoup, non l’immense majorité, non la totalité des joueuses et joueurs! Et comme les organisateurs sont des gens sensés, je pense qu’ils écouteront leur public et reviendrons dès l’année prochaine aux bonnes habitudes avec un Spiel au Messe de Essen, pour notre plus grand bonheur! D’ici là nous nous ferons un plaisir de partager avec vous notre avis sur un maximum de sorties de ce Spiel 2020 tellement différent!

PS ce Spiel 2020 a été réalisé en toute distanciation sociale et en plein respect des consignes des autorités compétentes.


Et pour vous, il était comment votre Spiel 2020?


Vindjeu
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