Je l’ai eu le Baobab!


Il y a quelques jours notre estimé et estimable confrère Gus a publié un intéressant article sur les pressions émises par certains éditeurs, y inclus leurs réactions parfois peu urbaines face à une « mauvaise » critique. En plus d’être très intéressant en lui-même (et bien écrit, comme toujours chez Gus), l’article a généré une flopée de commentaires, eux aussi pour la plupart intéressants ou édifiants.

Ca faisait très longtemps que j’avais envie d’écrire un article sur le sujet : comment est-ce que j’attribue une cote à un jeu, quels sont les critères utilisés, qu’est-ce qui influence ma perception… jusqu’ici le baobab qui se loge dans ma main droite m’avait toujours freiné. L’article de Gus m’a incité à passer à l’action : coupons le baobab ! (de toute manière il repoussera très vite) Bref partageons quelques considérations avec nos lectrices et lecteurs sur le sujet. Sans aucune prétention de détenir la vérité ni d’essayer de convaincre qui que ce soit. Juste pour le plaisir de partager et d’entretenir le débat. Du coup comme j’étais lancé j’en ai profité pour aborder 2 ou 3 autres sujets en passant !

Gus, c’est bien

Pour commencer, la chose que je voudrais dire clairement, c’est que je soutiens entièrement Gus dans sa démarche (et dans le fait de ne pas « céder » face aux pressions éventuelles). Il tient depuis de nombreuses années un site varié et très sympa, avec plein d’informations pertinentes, d’articles toujours bien écrits, avec un ton direct et, de ce que je peux en voir et ressentir (vu que je ne le connais pas personnellement), avec honnêteté. Il (ou un ou une de ses camarades) n’hésite pas à dire de manière très franche quand un jeu ne lui plait pas, mais c’est toujours argumenté, et c’est un atout de son site. Surtout qu’il continue comme ça !

Gratuit, c’est pas cher

Avant d’entrer dans le vif du sujet, une considération préliminaire d’ordre général maintenant (pour reprendre mon homonyme célèbre, j’sais même pas si ça existe mais ça m’excite) : il faut rappeler que tous les sites de critiques de jeux sont gratuits et bénévoles (je parle des sites perso, pas des 2 ou 3 mammouths du monde ludique, sans parler bien sûr des sites rattachés à un magasin voire carrément à un éditeur). C’est évidemment le cas de Vin d’Jeu. Nous sommes totalement bénévoles, personne ne nous paye pour écrire nos articles (dommage d’ailleurs 😉 ). Nous faisons de temps en temps une récolte de fonds pour pouvoir subvenir aux frais du site et/ou acheter du matériel. Mais cela ne représente évidemment « rien » par rapport au temps investi dans l’écriture des articles et la tenue du site. Ce bénévolat induit pour moi une évidence : nous écrivons « ce que nous voulons », tant qu’on respecte certains principes qui me paraissent naturels (politesse, respect du travail des autres, honnêteté intellectuelle… j’y reviendrai plus bas).

Noter ou ne pas noter, that is the question

Le point préliminaire à trancher dans ce débat est évidemment la question de savoir si il faut donner une cote à un jeu ou pas. On peut tourner la question dans tous les sens (et beaucoup l’ont fait avant nous), il est extrêmement difficile de trouver un système qui soit à la fois simple et lisible, et qui n’implique pas de donner, d’une manière ou une autre, une cote. Que ce soit des points, des étoiles, des termes, des expressions… peu importe la méthode, la conclusion est toujours la même : l’être humain aime ranger, catégoriser, classer (je vous conseille à ce sujet la lecture de Sapiens, qui retrace la manière dont l’être humain a « colonisé » la terre, et notamment l’importance capitale qu’a eue cette notion de classement, rangement… dans sa « réussite », entre grands guillemets…). Bref point de salut (en tout cas dans ce cas-ci) hors des cotes.

Une fois le point préliminaire tranché, venons-en au plat de résistance : le débat sur les notations, la manière de noter, les critères à utiliser, l’échelle à utiliser, la plage de points à utiliser… est éternel et aussi vieux que les sites de critique de jeux. Celle ou celui qui a la solution parfaite peut nous appeler, nous serions enchantés d’appliquer sa méthode ! 😉 Blague à part il n’y a pas de solution parfaite… tout simplement parce qu’elle n’existe pas. Chaque personne interrogée aura en effet sa propre vision des choses sur le sujet. Il faut être cash, il faut être bienveillant, il faut décrire le jeu, il faut décrire les sensations, il faut être long, il faut être court, il faut utiliser des critères les plus factuels possibles, il faut utiliser son ressenti, il faut comparer à d’autres, il faut tenir compte de l’imbrication du thème avec les mécanismes, on s’en fout du thème… et je pourrais continuer longtemps. Dit autrement, aucun système ne conviendra à tout le monde. Parce que chacune et chacun a des attentes différentes. Parce que chacune et chacun a un background différent. Des goûts différents. Une connaissance du monde du jeu différente. Une connaissance des jeux différente. Un temps disponible pour lire des articles différent. Un niveau de passion pour les jeux différent.

Du coup, quelle que soit la solution choisie, vous allez faire des déçues et des déçus. Je ne vois qu’une solution à ce dilemme : vous choisissez une option, vous vous y tenez (i.e. vous restez cohérents tout le temps, dans tout ce que vous faites et écrivez, en tout cas vous essayez), et vous êtes honnêtes dans votre démarche.

Ok mais concrètement sur Vin d’Jeu ?

Chez Vin d’Jeu, comme sans doute chez toutes nos consoeurs et tous nos confrères, nous avons plusieurs fois eu le débat sur la politique de notation à adopter. Et nous sommes évidemment arrivés à la conclusion mentionnée ci-dessus, aucune solution n’est parfaite. Mais nous sommes également arrivés à une sorte de « consensus » (entre guillemets car il n’y a aucun document officiel, aucune charte, aucun contrat à signer avec son sang avant de devenir chroniqueur pour Vin d’Jeu) à propos de plusieurs éléments que nous partageons de manière naturelle ou instinctive. Je laisse mes camarades réagir si ils le souhaitent ou si ils ne sont pas d’accord, mais en tout cas je suis d’accord avec moi-même sur les éléments suivants :

Le premier est la liberté : chacun écrit ce qu’il veut et cote comme il veut. Il n’y a pas de relecture ou validation par le comité central du parti. Chacun est libre, du moment qu’il reste poli, qu’il respecte le travail des autrices, illustrateurs et éditrices (voire traducteurs et distributrices), et qu’il soit honnête intellectuellement (si vous dites que vous détestez les coopératifs dans un article, pour dire le contraire dans le suivant, ça fait tâche). Et en bonus on essaye de faire le moins de fautes d’orthographe possible (je n’ai pas dit qu’on y arrivait, mais on fait de notre mieux).

Le deuxième élément est la bienveillance. Nous sommes tous des passionnés de jeux de société qui aimons jouer. Qui adorons jouer. Le monde du jeu c’est notre élément. Du coup (et là je parle vraiment pour moi ici), j’ai d’office un a priori positif à propos des jeux de société. Ce qui déteint immanquablement (et totalement inconsciemment) sur mes chroniques et sur mon ressenti de manière générale dès qu’on aborde le sujet.

« tiens j’ai une invitation pour l’avant-première du dernier Star Wars demain soir, projeté en 6D dans un simulateur qui te donne l’impression d’être dans le Falcon Millenium. Harrison Ford et Georges Lucas seront là » –> « ha ouais ok, pourquoi pas, je vais réfléchir »

« tiens j’ai la dernière sortie de Karakalpakistan Games, un éditeur Ouzbek, c’est un cross-over entre la bataille et les osselets, avec un matériel minimaliste, ça te dit de tester demain soir ? Attention c’est un peu long, le jeu est annoncé à 8h mais sur le forum ils disent que les premières parties prennent plutôt 13/14 heures (pour les parties à 2, sinon c’est plus long » –> « Wouaaaa ça a l’air génial, of course ça me dit, 19h chez toi ! »

Si quelqu’un travaille dans le monde du jeu de société, de près ou loin (et surtout si c’est une autrice ou un auteur), pour moi elle ou il est d’office intelligente, beau, élégante, visionnaire, drôle, sexy… bref vous voyez le topo. Je sais que ce n’est pas vrai mais mon cerveau ne veut rien entendre ! 😉

Le troisième élément est le respect du travail effectué. Un jeu représente souvent beaucoup de travail. Pour les autrices et auteurs, mais aussi pour tous les autres intervenants dans la chaîne. Et vu le nombre faramineux de sorties chaque année, un nouveau jeu (à part les quelques blockbusters des grands éditeurs) a souvent peu d’opportunités et peu de temps pour se mettre en valeur. Donc il faut pour moi toujours être respectueux du travail qui a été réalisé pour produire le jeu. Pas complaisant mais respectueux.

Le quatrième élément que je citerais est la notion de « jeu bugué ou pas bugué » ? Jusqu’il y a une dizaine d’années, il m’arrivait (notamment à Essen) de tester des jeux qui étaient réellement bugués. Je me souviens par exemple d’une partie d’un jeu avec des bateaux espagnols (ma mémoire a obligeamment oublié le nom du jeu, je l’en remercie) où je me suis retrouvé bloqué au deuxième tour. Pas ralenti. Pas dans une situation où je n’avais plus aucune chance de gagner mais où je pouvais continuer à jouer. Non, bloqué bloqué. Je ne pouvais plus réaliser aucune action. Dans ces cas-là il faut être « impitoyable » dans sa revue (si même revue il y a). Cela arrivait déjà (heureusement) rarement, cela n’arrive quasiment plus jamais. Et du coup si le jeu n’est pas bugué, il faut toujours être humble et réaliser que si il ne vous plaît pas à vous, il plaira peut-être à d’autres. Donc il faut être mesuré dans ses critiques. L’actualité  regorge de sorties pour lesquelles il y a des avis totalement opposés (récemment It’s a Wonderful World et Dreamscape pour n’en citer que 2). Si le jeu tourne convenablement d’un point de vue mécanique, n’est pas bugué et n’a pas d’élément rédhibitoire, pas de raison de l’assassiner si vous ne l’avez pas aimé. D’autres adoreront peut-être. Je vais prendre un exemple très précis pour essayer de montrer concrètement mon raisonnement : Nova Luna, de Uwe Rosenberg. J’ai écrit une chronique. Rien de mal fait, rien de bugué. Mais rien de nouveau, rien d’excitant, rien d’enthousiasmant. Un jeu paresseux. Surtout de la part du maître. Un confrère Suisse, que nous avons cité plus haut, a également fait une chronique. Assassine. Et il est droit dans ses bottes puisque comme toujours il explique pourquoi il n’aime pas (euphémisme) le jeu. Et à l’autre opposé du spectre… le jeu est nominé pour le Spiel !!! On sait tout ce qu’il y a autour du Spiel, les aspects politiques, sûrement les intérêts financiers… mais si le jeu est nominé c’est qu’il plait un minimum à pas mal de personnes. Du coup où est la vérité ? Qui a tort ? Qui a raison ? Personne bien sûr. Mais dans ces cas-là ma position (et, sans parler à leur place, celle des autres membres de Vin d’Jeu je pense) est d’être mesuré en essayant d’expliquer le plus clairement possible les éléments qui feront que vous aimerez ou n’aimerez pas le jeu.

Le cinquième et dernier élément est, bien évidemment, le respect de la lectrice et du lecteur! Ca peut paraitre tarte à la crème mais c’est pourtant crucial. Si vous vous voulez être respecté et apprécié dans ce que vous faites, il est indispensable de respecter toutes celles et tous ceux à qui vous vous adressez (dans ce cas ci vous chères lectrices et chers lecteurs). Ce concept englobe quelque part pas mal de choses qui ont été dites plus haut (et certaines plus bas) mais on pourrait le résumer comme ceci: il faut essayer de ne jamais tromper celle ou celui qui vous lit. Bienveillant? Oui certainement… mais pas complaisant. Respectueux du travail des créatrices et créateurs? Oui naturellement… mais pas obséquieux. Enthousiaste devant une perle? Oui bien sûr… mais pas aveugle face à un défaut, une faiblesse ou un élément du jeu qui sera rédhibitoire pour certains. La frontière entre enthousiasme et flagornerie est parfois difficile à identifier, tout comme celle entre critique objective et démolissage en bonne et due forme. Mais il faut toujours essayer de rester du bon côté de la dite frontière. En étant le plus honnête et cohérent possible par rapport à sa démarche. C’est la seule manière de respecter celles et ceux qui vous font l’honneur et le plaisir de vous lire, et de gagner leur confiance.

C’est quoi les (tes) critères ?

Ca c’est peut-être la question la plus difficile à laquelle répondre. Comme beaucoup je pense, je n’ai pas une liste précise de critères que je vais étalonner pour évaluer si j’aime un jeu ou pas. Mais il y a évidemment plusieurs éléments qui vont avoir une influence directe ou indirecte sur mon appréciation. Le premier est le « look & feel » général du jeu. Ca parait évident mais ça n’en reste pas moins vrai. La première impression est importante, et a une influence certaine sur l’intérêt pour le jeu. La mécanique joue un rôle, mais plutôt un rôle « répulsif ». Je ne suis ultra fan d’aucune mécanique particulière, mais je suis plutôt rétif à certaines. Donc je ne vais pas m’emballer « parce que c’est un deckbuilding » mais plutôt me méfier « parce que c’est un coopératif classique avec des enchères » (ça parait bizarre comme combinaison mais ça doit bien exister non ?) Pour le thème c’est un (tout petit) chouïa plus tranché. J’aime beaucoup 2 ou 3 thèmes (agriculture…) et me méfie de quelques autres (science-fiction…). Mais je reste quand même ouvert à tout. Donc un bon jeu restera un bon jeu quel que soit le thème. Mais probablement qu’il peut faire la différence entre « c’est un très bon jeu » et « ce jeu est génialissime », alors que votre voisine pensera exactement le contraire.

Un élément auquel j’accorde beaucoup d’importance est le « flux logique » du jeu (ze flow). Il faut qu’il y ait une cohérence dans le déroulement, et, dans le meilleur des cas, qu’il y ait une courbe d’apprentissage pour comprendre comment évolue le jeu, quelles actions il faut entreprendre à quelle phase…  Dans ce cas j’avoue que mon bonheur ludique monte de manière exponentielle… Quelques exemples récents sont Black Angel, On Mars ou Barrage, tous des jeux où vous devez vraiment comprendre le timing, les enchaînements, et accepter de parfois aller moins vite que les autres à certains moments de la partie (pour mieux les dépasser ensuite si vous avez bien joué).

En parlant de courbe d’apprentissage en général, j’adore et valorise clairement les jeux dans lesquels il y a une vraie courbe d’apprentissage. Attention ceci ne signifie pas automatiquement que le jeu soit complexe. On peut avoir des jeux avec des règles relativement légères et/ou simples mais qui nécessitent plusieurs parties avant d’être maîtrisés. C’est bel et bon !

Tous les jeux dans lesquels il faut « construire » quelque chose vont également titiller plus fortement ma fibre ludique. Et du coup certainement influencer ma perception de la qualité du jeu. Tout comme d’ailleurs les jeux où on a plein de choix à faire, et encore plus si les routes vers la victoire sont variées.

(j’ai failli l’oublier celui-ci, incroyable, heureusement que je devais relire une dernière fois mon article) Tous les jeux qui ont ce que j’appelle dans mon jargon personnel le « Uwe feeling » vont directement me faire lever un sourcil, voire les deux. La sensation délicieuse de vouloir faire 17 choses différentes, toutes manifestement aussi importantes les unes que les autres, et toutes manifestement aussi urgentes les unes que les autres, en n’ayant que 3 meeples à jouer par tour.

Enfin last but not least, et je répète ce que j’ai dit plus haut dans la partie sur la bienveillance, l’amour du jeu, sous toutes ses formes, a clairement un impact non négligeable sur les chroniques. Je trouve du plaisir dans énormément de mécaniques, de configurations, de nombre de joueurs… Un Mille Bornes ? Ok. Un Loups Garous ? Ok. Un Terraforming Mars ? Ok. Un Twilight Imperium IV ? Ok. Un Uno ? Ok. Du coup je trouve plus facilement des aspects positifs dans tous les jeux que j’essaye.

Le phénomène de pré-sélection

Un élément important sur lequel je voudrais attirer l’attention est le phénomène de pré-sélection. Il y a des centaines de sorties chaque année. Il est rigoureusement impossible de jouer à tout (encore moins de tout chroniquer…) Donc il faut faire des choix. Parfois au hasard. Mais souvent éclairés par des (dizaine d’) années d’expérience ludique, par les goûts, par l’instinct affiné au fil du temps, par les recoupements ou les tuyaux glanés ici et là chez des consoeurs et confrères compétents… La conséquence est que je joue (/que nous jouons) à plus de bons jeux que la moyenne globale des sorties. Et si vous ajoutez à cela que la qualité moyenne des jeux a augmenté par rapport au passé, et bien vous obtenez beaucoup de bonnes notes ! Et c’est encore renforcé par le fait que si je joue à un mauvais jeu, je n’ai pas spécialement envie de « perdre » mon temps à écrire un article dessus (pour rappel nous ne sommes pas payés 😉 ).

Pressions des éditeurs (y compris jeux reçus)

Venons-en à la question des pressions des éditeurs, qui pour rappel a déclenché un sursaut de motivation ayant réussi à abattre (temporairement) ma fainéantise proverbiale. Personnellement je n’ai jamais eu une quelconque pression « directe » d’un éditeur (je veux un bon article, merci de changer telle appréciation…). J’ai déjà reçu des retours après un article, mais jamais rien d’intimidant. Mais il faut nuancer cela avec 2 éléments. Tout d’abord comme dit plus haut je suis plutôt bienveillant. Donc je ne vais jamais « casser » un jeu. Pas par complaisance mais bien par philosophie. Et 2ème élément je reçois personnellement très peu de jeux, moins d’une dizaine par an (la plupart à Essen en fait, souvent des jeux de « petits » éditeurs moins connus). Du coup il y a évidemment moins de chances de recevoir un coup de pression. D’autant plus que quand je reçois un jeu je dis toujours clairement : le deal c’est le jeu reçu contre un article. Et dans l’article j’écris « ce que je veux » (y compris la note que je veux). Une seule fois j’ai reçu la demande préalable de ne pas publier d’article si l’appréciation était mauvaise (ce qui, dans mon souvenir, n’était pas le cas). Mais à nouveau je ne suis certainement pas représentatif vu le faible nombre de jeux que je reçois.

Vu les intérêts économiques grandissants, on peut comprendre que les éditeurs soient plus nerveux qu’avant au moment de la sortie de leurs jeux. Mais d’un autre côté ils doivent comprendre que les blogueurs sont des éléments indispensables de la « chaîne de valeur » (parlons un peu biznessss) du jeu. Encore plus pour les jeux experts. Les blogueurs font de la pub pour les jeux et le monde ludique en général. Du coup les éditeurs devraient pouvoir accepter des critiques négatives. Ce qui peut même être positif. (cfr le point suivant sur le partage) Si quelqu’un va sur un site qui donne des avis très tranchés, c’est la plupart de temps en connaissance de cause. La personne va passer son chemin pour un jeu qui est coté 2/10. Mais elle va peut-être / sans doute avoir une grande confiance dans un 9/10, et avoir tendance à acheter le jeu « les yeux fermés » car elle a confiance dans son blogueur. Cette « segmentation » a aussi une grande valeur pour les éditeurs, car chaque jeu aura une plus grande chance de se retrouver à sa « juste » place. Extension Mage Knights « Barbares de l’enfer »? (ça va sortir bientôt, scoop!) Espérons que Vin d’Jeu et Gus fassent un article! Uno Reine des Neiges ? Hop direct 50 palettes chez Carrouf, et il ne faut surtout pas que Vin d’Jeu et Gus fassent un article ! Donc un « mauvais » article ou une « mauvaise » note n’est pas toujours aussi problématique que ça en a l’air pour les éditeurs. Après il faut éventuellement gérer les égos des autrices et auteurs, mais je n’entrerai pas dans ce débat hautement sensible 😉

Partage

Dernier point, quelques considérations sur la notion de partage. Si je suis une buse absolue en cuisine et que je cherche une recette de confiture à la framboise –> Mamy.Rose-Marie.com m’éclairera. Si j’ai deux mains gauches et je suis infoutu de réparer un joint qui fuit –> jefaistoutmoimêmedanslamaison.com va ma sauver la vie ! Si je ne sais comment remplir ma déclaration d’impôts –> tout-savoir-sur-votre-déclaration.com viendra à ma rescousse. Même si nous n’en sommes plus (loin de là…) au rêve utopique des débuts, la notion de partage reste pour moi essentielle. Mais le partage implique aussi une responsabilité, voire même une notion d’effort de la part des lectrices et lecteurs : on ne fait pas confiance au premier site venu ! On regarde, on se renseigne, on vérifie, on se fait sa propre opinion. Et surtout on comprend à qui le site est destiné !!!! Confiture en 23 étapes et 2 jours? Ok niveau 6ème dan, pas pour moi. Confiture facile en 10 minutes ? Ok parfait pour un non initié, je prends. Et c’est exactement la même chose pour le jeu. Si vous êtes débutants et que vous arrivez (au hasard) sur Vin d’Jeu et que vous voyez la critique de Mage Knight « ho ils ont mis 9,5/10, super je commande de suite », ben pas sûr que ce soit une bonne idée… 😉 Donc l’esprit critique des lectrices et lecteurs est un élément crucial ! Et last but not least, une fois que vous connaissez la philosophie du site, vous pouvez affiner votre jugement « ok eux ils cotent plus haut en moyenne que les autres » « ok il déteste les jeux de placement d’ouvrier, donc normal qu’il n’aime pas tel jeu qui est peut-être super par ailleurs » «  ok elle adore les jeux de plus de 3 heures, donc elle va d’office s’emballer alors que le jeu n’est peut-être pas si bien que ça »… et au fil du temps vous aurez un « jugement » de plus en plus sûr par rapport à l’article que vous lirez. Et oui chères lectrices et chers lecteurs, la revue passionnée, honnête et la plus complète possible d’un chroniqueur chevronné ne vous dispense pas de garder votre esprit critique et de faire l’effort de vous faire votre propre opinion en fonction de tous ces éléments (et de plein d’autres certainement) 😉 Preuve ? Des lectrices ou lecteurs qui nous disent (c’est déjà revenu quelques fois) « on sait qu’un 7 chez vous équivaut à un jeu bof/dispensable ». Ce n’est pas comme ça que nous voyons les choses, mais pour moi c’est la démonstration de ce que je viens de dire plus haut ! Vous vous faites votre opinion sur notre système de cotation ! Je pourrais comparer ça aux anniversaires. Quand on passe une dizaine les gens vous disent « ça va pas trop dur de passer le cap des 50 ? ». Alors que c’est purement psychologique, lié au fait que nous utilisons un système décimal. Si nous utilisions un système octal (base 8, je me suis renseigné sur le net, j’ai appris quelque chose !), le cap difficile serait à 48 ou 56 ans… C’est la même chose pour les cotes. Chez certains profs vous pourrez être contents avec un 12/20, chez d’autres en-dessous de 16 ce sera une contre-performance… Tout est donc une question de mesure et de connaissance des échelles et critères utilisés. Et donc chères lectrices et chers lecteurs, l’exercice de votre esprit critique est indispensable quand vous lisez un article.

Conclusion

La conclusion que je tire de tout ça est que la variété des approches est super importante. Personne ne détient la vérité absolue, et personne ne pourra répondre aux attentes de tout le monde. Et donc tant qu’il y a du respect, de l’honnêteté et de la cohérence, toutes les approches sont respectables et même indispensables !

Bons jeux, faites-vous votre propre opinion, et n’hésitez surtout pas à réagir, vos retours sont plus que bienvenus !

Vindjeu
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