L’Auberge Sanglante (proto)
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SwatSh: 8,5/10
Au détour d’une rando VTT avec Sébastien Dujardin de Pearl Games, j’ai eu la chance de pouvoir jouer à l’Auberge Sanglante sur son prototype et je tenais à vous en faire un petit compte rendu.
L’Auberge Sanglante est la prochaine sortie pour Essen du très bon éditeur qu’est Pearl Games qui nous a déjà sorti pas mal de pépites telles que le splendide Troyes bien entendu, mais également l’excellent Bruxelles 1893, le divertissant Ginkgopolis, le best seller DEUS et l’agréable Tournay.
Tout comme avec Bruxelles 1893, Pearl Games n’hésite pas à prendre des risques en travaillant avec un nouvel auteur inconnu au bataillon : Nicolas Robert. Et l’innovation ne s’arrête pas là car l’illustrateur, Weberson Santiago, est également peu connu (il a juste travaillé sur Coup) et a fourni un travail remarquable. Je vous laisse voir les quelques photos de ces illus qui sont juste magnifiques. Il est clair qu’elles ne sont pas dans le style de la majorité des jeux mais pourraient, à elles seules, se vendre dans une expo. Perso j’adore.
Le thème est repris du fait divers bien connu de l’Auberge Rouge où un couple tenanciers d’une auberge Ardèchoise trucidait ses clients pour leur dérober leur argent est, lui aussi, non seulement très original, mais également très bien repris dans les mécanismes du jeu. Vous allez devoir embaucher plusieurs spécialistes qui vous aideront à tuer les clients de l’auberge, à voler leur argent et à les ensevelir discrètement sans se faire avoir par la police.
L’Auberge Sanglante est un petit jeu de cartes, assez léger, mais aux choix intéressants et aux stratégies variées et multiples. Un tour de jeu est réparti en 2 phases :
1) La phase de mise en place
Le premier joueur (il change à chaque tour) installe des nouveaux clients dans leur chambre. Pour cela, il vide d’abord les chambres encore occupées (= il met les cartes clients dans la défausse) puis pioche, une par une, autant de cartes clients qu’il y a de chambres dans l’auberge (cela dépend du nombre de joueurs). Chaque carte qu’il pioche, il doit la placer dans une chambre. Les joueurs possèdent une ou plusieurs chambres et certaines sont neutres. C’est déjà une phase intéressante car le choix de la chambre pour chaque visiteur n’est pas anodin. En effet, à la fin du tour, chaque client encore dans sa chambre (=non embauché et encore vivant 😉 ) va la payer. Et l’argent est très difficile à gérer (surtout en début de jeu) et représente tout simplement les PVs en fin de partie ! Autrement dit, on va tenter de placer les clients qui ont le plus de chance de ne plus être dans leur chambre à la fin de la journée (embauchés ou tués) dans les chambres adverses et placer ceux qui ont plus de chance de rester et de payer dans ses propres chambres. C’est une phase propice au hasard de la pioche bien sûr, surtout qu’on pioche les cartes une par une et on prend une décision sans savoir ce qu’on va piocher après (bonjour le suspense 🙂 ), mais également très intéressante car on va devoir tenter de deviner quelles cartes intéressent le plus les adversaires, il va falloir bien lire dans leur jeu, un peu comme dans Shitenno.
2) La phase d’action
Chacun va réaliser 2 actions parmi un choix de 5 actions:
– Engager = prendre une carte dans sa main au prix du niveau de la carte en cartes!!! Une carte de niveau 1 coûte une carte, de niveau 2, 2 cartes,… Les cartes « payées » sont tout simplement défaussées.
Le fait de payer en défaussant des cartes est une des mécaniques les plus originales et intéressantes du jeu d’ailleurs. En soi non bien sûr mais chaque carte montre le symbole d’une des actions en haut de sa carte. Si elle est payée pour exécuter le type d’action pour laquelle elle est faite, elle retourne dans la main sans être défaussée. Il va donc falloir collectionner un maximum de cartes avec le symbole de chaque action pour pouvoir exécuter toutes les actions sans coût. Evidemment, n’est pas Pearl games qui veut ( 😉 ), ils ont pensé à tout: à la fin du tour, il faudra payer le salaire des gens qu’on a embauchés (= des cartes en main) et ça fait cher, très cher, trop cher si on veut posséder beaucoup de cartes!
– Construire = poser une des cartes de sa main sur la table devant soi et bénéficier immédiatement du pouvoir de la pièce construite. Et oui, un peu comme dans le très bon La Gloire de Rome fort apprécié par certains 😉 , les cartes peuvent avoir plusieurs fonctions, celle du personnage et de son action associée mais également celle de la pièce dessinée en bas à gauche de certaines cartes si elle est construite.
Evidemment, construire une carte de niveau 1 coûte 1 carte, de niveau 2, 2 cartes,…
– Assassiner un personnage et le placer face cachée (la face avec le cercueil) devant soi. C’est l’action qui doit être le mieux planifiée car, s’il reste des policiers dans les chambres en fin de journées, ils découvriront de cadavre et ça se passera très mal pour vous. Mieux vaut donc veiller à ce qu’il n’en reste pas, soit en les assassinant ( 🙂 ), soit en les embauchant 😀 . Il y a donc des risques avec cette action et mieux vaut planifier l’action suivante rapidement…:
– Enterrer un personnage: Placer le cadavre sous une de vos pièces que vous avez construites avec la seconde action et voler tout l’argent de ce personnage. Evidemment, enterrer un personnage de niveau 1 coûte 1 carte,… Une fois vos victimes enterrées, vous ne risquez plus rien des braves policiers venus vous visiter (En 1833, on n’a su prouver qu’un seul des 50 meurtres supposés du couple d’aubergistes).
Cette action va évidemment de paire avec l’action assassiner et nécessite également une bonne planification car il existe 2 échelles pour comptabiliser votre argent. L’une est limitée à 40 francs et l’autre ne l’est pas. Mais seule celle limitée peut être utilisée pour vos recettes et dépenses et tout ce qui excède est perdu, avouez que c’est bête 😉 . Mieux vaut enterrer un perso lorsque vous pouvez profiter pleinement de sa fortune 🙂 Pour vous en assurer, il existe une cinquième action:
– Acheter des lingots au prix de 10 francs chaque et diminuer d’autant sa fortune laissant de la place pour vos futurs gains mais nécessitant la dépense d’une action.
Avec 5 actions, l’auberge Sanglante est un jeu assez fluide et les tours s’enchainent sans voir le temps passer. A certains moments du jeu, les choix seront plus difficiles et vous vous surprendrez souvent à hésiter entre engager un client ou le tuer. Où est la morale de ce jeu? 😉 Les choix intéressants ne s’arrêtent pas là car il n’est pas évident de choisir les bonnes cartes pour l’action « engager ». En effet, qui allez-vous engager et pourquoi voulez-vous l’engager? Voulez-vous l’engager pour le pouvoir que la pièce propose, pour l’action que le personnage soutient ou préférez-vous le tuer pour voler son argent? Outre les choix difficiles, l’Auberge Sanglante demande une bonne planification de vos assassinats. Le jeu se rapproche un peu de La Gloire de Rome par le fun dégagé des parties au thème décalé grâce notamment aux nombreux pouvoirs différents des cartes. On va baser sa stratégie sur le pouvoir des cartes qu’on aura construites et on va avoir envie de construire de nouvelles stratégies basées sur le pouvoir d’autres cartes. Ca donne un côté très addictif au jeu car on a rapidement envie d’essayer autre chose. Avec l’Auberge Sanglante, Pearl Games se renouvelle bien en proposant un type de jeu non couvert dans sa gamme qui s’étoffe une nouvelle fois avec un jeu indispensable. On n’est pas sorti de l’auberge 🙂
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Je vous conseille un article très bien fait sur le fait divers de l’auberge rouge publié sur l’excellent site de Ludo Le Gars. Cliquez ici.
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