Ora et Labora (+ aide de jeu)
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SwatSh: 9 /10
Ora & Labora, terme latin pour Prière & Travail, est tout d’abord une devise bénédictine (merci Benoit pour ta recherche sur le web 😉 ) avant d’être le dernier jeu de Uwe Rosenberg (à moins que ce ne soit l’inverse 😉 ). Et il est présenté comme étant à mi-chemin entre 2 de ses meilleurs jeux: Agricola et Le Havre. La barre est mise bien haute!
Et Ora et Labora tient toutes ses promesses! Il est proche de ses 2 aînés sans l’être vraiment. Il est proche car il se joue avec des cartes sur lesquelles on va placer ses ouvriers, heu non pardon ses moines, afin d’exécuter l’action associée à la carte. Mais il s’en distingue car, contrairement à ses 2 ainés, ici il n’y a pas de contrainte de devoir payer de la nourriture à certains moments du jeu, non, ici, aucune contrainte.
Les règles
Les règles sont assez faciles, un tour de jeu se décompose comme suit:
1) On change de premier joueur. Si quelqu’un a ses 3 moines sur des cartes, il les reprend. Et on avance la roue d’un cran. Cette roue est très intrigante de prime abord mais n’est somme toute qu’un compte tours mêlé à un accumulateur de denrée (au lieu d’ajouter 1 denrée de chaque type sur les cartes (comme à Agricola), ici on tourne la roue qui augmente le nombre de denrée de chaque type).
2) Chacun exécute une action parmi 3:
– Poser un moine sur une carte sans moine et exécuter l’action de la carte
– Retirer 1 carte bois ou tourbe de son domaine et récolter du bois ou de la tourbe.
– Construire un des bâtiments disponibles sur la table: payer son coût en matériaux & placer la carte sur son domaine en respectant les règles de constructions (les bâtiments ne peuvent être construits que sur certains types de terrains (versant, montagne, plaine, côte,…). Ensuite, si son prieur n’est pas déjà sur un bâtiment (le prieur est un des 3 moines du joueur), il peut directement le placer sur le bâtiment qu’il vient de construire pour exécuter l’action associée.
4 fois durant la partie (lors de certains tours), a lieu une phase agglomération durant laquelle les joueurs peuvent construire 1 agglomération qui est un type de bâtiment permettant de gagner de nombreux points de victoire à condition d’être placé à côté d’autres bâtiments rapportant des points agglomération.
Les points de victoires se gagnent de 3 manières: chaque bâtiment apporte un certain nombre de PVs, les agglomérations ainsi que les bâtiments adjacents aux agglomérations rapportent aussi des PVs et enfin, certaines denrées produites par certains bâtiments apportent aussi des PVs.
Et voilà pour les règles en gros (pour plus de détail, je vous conseille notre aide de jeu en fin d’article).
Les mécaniques
Et comment tout ceci tourne-t-il? La mécanique centrale est l’utilisation des cartes combinées: je veux construire une bibliothèque par exemple qui coûte 3 pierres et 2 argiles que je n’ai pas. Je vais donc devoir utiliser tel bâtiment pour obtenir de l’argile et tel bâtiment pour obtenir de la pierre (2 tours avant). Mais lorsque j’aurai construit la bibliothèque, je pourrai directement transformer du papier en livre en y plaçant mon prieur. Mais je n’ai pas de papier qu’il vaut mieux avoir avant de construire pour gagner ainsi l’action du prieur. Pour avoir du papier, je dois d’abord récolter du bois et le transformer en papier dans la papeterie. Voilà donc le genre de raisonnement casse tête que vous aurez dans Ora & Labora. Des bâtiments qui produisent des denrées qui peuvent être transformées dans d’autres bâtiments en autres denrées qui elles-même peuvent être transformées. L’objectif de ces diverses transformations est double: gagner des PVs (certaines denrées en rapportent beaucoup) ou pouvoir avoir les bons matériaux pour construire d’autres bâtiments encore plus lucratifs.
La mécanique qui tue
Mais au-delà de l’utilisation de tous ces bâtiments grâce au placement de ses moines, on peut également payer ses adversaires pour qu’ils placent eux-même un de leurs moines sur un de leurs bâtiments libres que vous leurs désignerez. Autrement dit, les bâtiments disponibles pour vos actions sont non seulement les vôtres, mais également ceux de vos adversaires et vice versa. On n’est donc attentif non seulement aux possibilités offertes par ses propres bâtiments, mais également aux possibilités des bâtiments adverses. On ne joue jamais dans son coin que du contraire, les joueurs vont profiter des combinaisons possibles de bâtiments appartenant à différents joueurs. Cette mécanique, bien que pas très originale, est fantastique dans Ora & Labora et vous ouvre une multitude de choix difficiles à gérer. Tous les bâtiments sont intéressants pour les joueurs: les siens, les adverses et également les bâtiments non encore construits qui offriront d’autres combinaisons. Cette complexité de choix (Ora & Labora est à ce point de vue beaucoup plus complexe qu’Agricola) bien que succulente pour un joueur comme moi, ralentit le rythme de jeu. Nous ne sommes pas les joueurs les plus rapides de l’espace, mais tout de même, nous avons mis plus de 4 heures de jeu pour arriver au bout et les tours de jeu sont assez longs. De plus, rien ne dit que vous pourrez utiliser vos propres bâtiments. Si systématiquement les autres joueurs viennent profiter de certains de vos bâtiments, vous aurez rarement l’occasion de vous en servir puisqu’il faut que le bâtiment soit sans moine pour pouvoir en placer un. Cette mécanique se traduit par une course entre joueur pour qui pourra utiliser tel bâtiment avant les autres. Tout comme dans Agricola ou Le Havre, dans Ora & Labora a lieu aussi plusieurs courses de front: qui pourra utiliser tel bâtiment avant qui, qui récoltera ces nombreuses denrées accumulées depuis de nombreux tours avant les autres, qui construira le bâtiment rapportant énormément de PVs avant les autres,…?
Conclusions
Ora & Labora est un jeu à la stratégie moyen terme. A moins de connaître toutes les cartes par coeur et de savoir dès le début quel bâtiment il vaut mieux construire pour pouvoir plus tard construire tel ou tel autre bâtiment, la vision dans Ora et Labora ne va pas si loin. On va plutôt planifier ses actions de 4 à 6 tours à l’avance (sur les 25 tours du jeu) mais pas beaucoup plus. Ce qui n’empêche Ora et Labora de proposer plusieurs stratégies différentes, celles plutôt axées sur les bâtiments, ou sur les agglomérations, ou sur les denrées ou enfin sur les merveilles. Les choix dans Ora et Labora sont nombreux, très nombreux, peut-être trop diront certains. Pas pour moi en tous cas qui ai vécu un tout grand plaisir de jeu autour d’Ora et Labora.
Nouvelle partie
Pas grand chose à rajouter par rapport à tout ce que j’ai déjà écrit sur cette petite merveille qu’est Ora et Labora à part que cette nouvelle partie n’a fait que confirmer tout le bien que je pensais du jeu.
3 choses m’ont marquées dans cette partie:
1) La durée de vie du jeu est très grande car une partie ne ressemble pas à une autre tant les choix sont nombreux et les façons de gagner des points variées.
2) Il y a toujours moyen de retomber sur ses pattes. En effet, une partie du jeu est une course à la construction. Certains bâtiments sont plus intéressants que d’autres et les joueurs vont se battre pour être le premier à pouvoir acheter les plus intéressants. La lutte est tellement rude que ça se joue à peu et il est arrivé plus d’une fois que 2 joueurs aient réussi à récolter les denrées nécessaires à la construction d’un bâtiment au même tour. Et on peut bien pester quand un adversaire vous prend sous le nez le bâtiment que vous visiez déjà depuis de nombreux tours. Quand une telle mésaventure vous arrive, il y a toujours moyen de se refaire grâce aux denrées que vous avez en avance sur votre adversaire qui vous permettront de construire d’autres bâtiment encore plus intéressants avant les autres.
3) L’ordre du jeu peut être important. Notre partie fut très serrée et c’est le premier joueur qui l’a gagnée, devant le second qui était devant le troisième. Peut être est-ce un hasard mais peut être aussi que l’ordre du tour a son importance…
Quoiqu’il en soit, c’est toujours un grand plaisir ludique que de jouer à Ora et Labora.
Philrey212: 9/10
Belle surprise que ce Ora et Labora. Le seul bémol: la longueur de notre partie à 4 joueurs. Contre-bémol: on ne s’ennuie pas.
La plus grande intrigue lors de sa sortie était la roue. Qu’est-ce donc? Et bien, juste une mécanique qui sert à accumuler des ressources. Dans Agricola, elles le sont sur les cartes même. Ici, la roue tourne à chaque manche et augmente ainsi le nombre de marchandises/ressources à récolter.
L’aspect le plus intéressant à mes yeux est le fait de pouvoir contracter un bâtiment adverse sans utiliser un de vos trois prieurs mais bien en forçant (via paiement) un autre joueur à le faire. Cela permet souvent de limiter les choix d’un joueur ou de le retarder dans ses plans diaboliques (forcément puisque c’est un adverse 😉
Pour le reste, rien d’innovant. On doit développer son lopin de terre, l’étendre éventuellement, y construire des bâtiment et des agglomérations (en temps voulu). Le tout, pour gagner des points de victoire à la fin du jeux. Ora et Labora est assez complet pour permettre plusieurs stratégies. Laquelle est la plus gagnante sera à confirmer avec d’autres parties.
Benoit: 8,8/10
A nouveau un grand jeu de Rosenberg! J’avais adoré Agricola et encore un peu plus Le Havre qui est dans mon top 3 personnel. Je me situe un peu en dessous peut-être par le manque d’originalité (le mécanisme de la roue est sympa mais pas renversant non plus) et par la moindre tension perçue dans le jeu; Ora & Labora tourne très bien, sans anicroche, un peu pépère!
Raf: 9/10
Ora et Labora est un jeu a mes yeux purement mathématique et d’optimisation, ce qui peut être dérangeant car très vite la durée peut s’allonger suivant le temps de réflexion que prend chacun des adversaires. La ou cela devient intéressant c’est que l’optimisation ne peut se faire sur un tour et donc qu’il faut prévoir tout en regardant ce qu’ont vos adversaires pour pas vous faire piquer la carte convoitée. D’un autre coté plusieurs cartes sont généralement bonnes à prendre et donc on trouve toujours quelque chose de plus ou moins intéressant!
Thierry: 9,5 /10
Pour les amateurs de jeux de gestion, Ora & Labora est une pure merveille et pas le choix, faut planifier. Le but du jeu étant de construire des bâtiments performants ainsi que des agglomérations rentables (et le tout avec cohérence), vous êtes sans arrêt à la recherche de la meilleure action possible (acquérir des ressources en vue de construire des bâtiments qui eux-mêmes s’intégreront dans une agglomération….). A ce propos, j’peux vous dire que les possibilités d’actions sont très nombreuses car en plus de vos cartes bâtiments à activer, vous pouvez également choisir d’aller rendre visite à un autre joueur (et donc d’utiliser un de ses bâtiments – vous verrez il apprécieraJ). Bref, un vrai casse-tête.
Ce qui est particulièrement réussi dans Ora & Labora, c’est la diversité des stratégies gagnantes (vous pouvez gagner sans avoir les meilleures agglomérations ou les meilleurs bâtiments ou sans disposer des plus grandes richesses/ressources) et la possibilité constante de changer le cours du jeu (le meilleur au début ne sera pas inéluctablement le premier à la fin). Le jeu est évidemment très interactif et l’on scrute avec attention (voire anxiété) le choix des autres joueurs, ce qui est indéniablement un grand plus de ce jeu.
A l’instar de ces deux superbes jeux précédents, Rosenberg a de nouveau réussi un coup de maître avec Ora & Labora : le goûter, c’est l’adopter !!! Je vous invite donc à le découvrir sans attendre, et moi j’en redemande !!
PS: Je vous conseille particulièrement l’Anares, un Rioja vieillissant très bien avec un bon goût fort et boisé. Nous avions tout le temps de l’apprécier le long de cette longue partie d’Ora et Labora!
Vin d’jeu d’aide: Ora et labora vin d jeu v2
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Mon préféré de cet auteur . Réglé au poil de c... Souvenir d une partie gagné 201 a 200 le troisième un peu derrière. Un top
Ce jeu est un pur joyau : immersif, rejouable, en solo ou à plusieurs, le plaisir de jouer persiste. On affûte sa stratégie dès le départ en envoyant ses petits moines à la recherche de tout ce qui est nécessaire ; on veille à collecter suffisamment de nourriture pour les phases agglomération... 5 ans après l'avoir acheté et des dizaines de parties, je ne m'en lasse pas.
Un must à déguster avec un fond de bénédictine...